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Cezary Wodzinski, saint Idiot et Dostoïevski

Publié le 08 janvier 2014 par Tudry

J'ai découvert les étranges manières philosophiques et philologiques du polonais Cézary Wodzinski d'une bien singulière façon.

Invité lors d'une journée consacrée aux éditions L'Âge d'Homme je me suis retrouvé à présenter le domaine polonais de l'éditeur parce que j'avais consacré un "beau" texte  à la  rugueuse poésie du réel d'Anna Swirszczynska (http://www.unidivers.fr/anna-swirszczynska-poesie-rugueuse-du-reel/). En ce jour exaltant j'ai donc eu la chance de rencontrer Erik Veaux, trop modeste, traducteur et connaisseur de la littérature polonaise et, entre autre, heureux traducteur du génial Aleksander Wat (http://www.unidivers.fr/alexandre-wat-lucifer-chomage-futurisme/). La connivence se fit plus enthousiaste encore , plus tard, et Erik me confia ,à la suite d'une présentation "live" du superbe livre de Viktor Slipentchouk (http://www.unidivers.fr/zinziver-perestroika-victor-slipentchouk/), une confidence de "voyant" ... je devrais certainement être enthousiasmé par le texte de Cézary Wodzinski qu'il avait traduit et publié aux éditions de la différence Saint Idiot...

Le livre me fut adressé. La bascule ne tarda pas !! Texte d'une pénétrante acuité, loin des simagrées universitaires "à la française", dans une langue savoureuse naviguant entre les eaux de l'ironie et de la prophétie pénétrante. Ce n'est que mon enthousiasme (et les pauvres mots dont je l'ornais) pour ce texte majeur un peu occulté qui me valut de me voir proposer par Marko Despot des éditions L'Âge d'Homme d'écrire (si je le pouvais) un avant propos à une autre bombe gnosique signé Wodzinski !

Ce fut fait. A la fois avec l'exaltation du découvreur et l'aspect laborieux de celui qui ne se sent jamais à la (h)auteur !! Ce texte est une vraie et crépitante révélation sur la bicaméralité de nos corps et âmes en cette époque qui aurait pu être nôtre !

"Transe, Dostoïevski, Russie, la philosophie à la hache" paraîtra (il me semble) à peu près aux alentours des jeux olympiques qui se tiennent à Sotchi en Russie... Seuls les aveugles-nés ou dressés ne verront pas ce que ce texte recèle de véritables informations sur "l'âme" de la Russie véritable (et ce qu'elle nous dit de "nous" ) en cette heure toujours plus tragi-comiques...

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Un extrait de l'Avant propos :

La terre gelée se fracasse, se brise avant d'exhaler. Prise sous la glace la terre n'a pas de prix, elle n'en a que plus et dans l'esprit elle semble fleurir et embaumer plus qu'ailleurs. Dans les steppes glacées mieux qu'ailleurs, matériel et immatériel se serrent l'un à l'autre et dès lors, l'ailleurs, l'autre qui ignore la chaude alchimie de cet embrassement, de cet embrasement, l'autre ailleurs, l'inconnu qui ne connaît pas (au sens biblique, précisément) devient plus étrange-étranger, plus haïssable... Plus bon à se faire fendre le crâne par l'idée et par le fer !

A la verticale de son propos Wodzinski aurait pu aussi prendre appui sur cet étrange russien que fut Rozanov, le prophète du « mamelon chaud du monde », le slave égyptien, chantre de la sexualité spirituelle et contempteur des « hommes de la clarté lunaire », du «christianisme noir » que récusait Merejkovsky tout en s'inclinant pourtant (à bout touchant de l'axe orthodoxe) devant les grands starets, ces paradoxaux réconciliateurs de l'humidité terrestre et de la sèche ascèse céleste...


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