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Interview – 1 livre en 5 questions : Le contrat Magellan de Jean-François Thiery

Publié le 27 novembre 2013 par Gruz

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Ton expérience du monde des grandes entreprises a-t-elle été utile pour nous concocter cette intrigue ?

Le monde de l’entreprise – et plus particulièrement celui des services informatiques – est mon univers professionnel depuis une vingtaine d’années. Je le vois comme un microcosme doté d’une grande richesse humaine, notamment sur le plan psychologique. Ce faisant, il m’a semblé naturel d’en faire le cadre où allaient évoluer des personnages dont je souhaitais exprimer toute la complexité.

Dans Le contrat Magellan, l’univers industriel sert avant tout à donner une coloration aux personnages, une saveur de réalisme pour certaines scènes, mais il n’est pas au centre du livre. D’ailleurs, j’en profite, Yvan, pour te confirmer que je n’ai jamais croisé de collègues exerçant à temps partiel l’activité de tueuses à gages. Enfin… je crois :-).

D’une façon générale, j’évite d’importer dans mes écrits des personnages – et des anecdotes à caractère privé – issus du monde réel, et plus particulièrement des gens de mon entourage. Bien sûr, je m’en inspire d’une façon ou d’une autre, mais ils y figurent de façon fractionnée, travestie, parfois outrée voire caricaturée. A titre d’exemple, bien malin celui qui saurait attribuer un nom réel au personnage de l’informaticienne tueuse à gages, Suzana Magellan. Celui qui s’égarerait le moins retiendrait sans doute l’ensemble de mes collègues féminines :-). En effet, mes personnages sont des chimères, au sens premier du terme, c’est-à-dire des êtres imaginaires et composites.

Le contrat Magellan, au même titre que eXpert consulting, est une œuvre de fiction, et le plaisir du divertissement a été le principal moteur.

Ton personnage principal est ambigu, et pourtant on s’y attache. Cette ambiguïté a-t-elle été compliquée à gérer lors de l’écriture ?

Les personnages lisses et heureux ne m’intéressent pas. D’ailleurs je ne crois pas trop me tromper en affirmant qu’ils intéressent peu de gens, surtout dans le monde du thriller et du polar.

Par ailleurs, le « tout blanc » et le « tout noir » n’existent pas. Pas plus que le Bien ou le Mal absolu… L’idée est séduisante, comme beaucoup d’idées, mais elle reste une idée… La réalité, à mon sens, ressemble plutôt à une peinture de dégradés, une palette aussi infinie que les états psychologiques, une richesse certaine.

Suzana Magellan est ambiguë, c’est vrai… Mais comment pourrait-elle ne pas l’être ? Songeons tout de même que cette jeune femme est l’aboutissement d’une enfance / adolescence perturbée, puis d’une entrée dans la vie active terriblement anxiogène. Néanmoins sa force et son caractère bien trempé lui ont permis de survivre. Si le prix à payer, notamment son emploi de tueuse à gages, est discutable, l’efficacité de ses stratégies d’adaptation ne l’est pas…

Le personnage de Suzana n’est pas monolithique. Il est sensible, tourmenté, complexe… En fin de compte, à notre mesure, ne lui ressemblons-nous pas un peu ? J’aime à le croire… Dans ce contexte, l’écriture de ses aventures n’a pas été si difficile :-).

Le thème abordé est assez original, comment se sont passés les recherches ?

En marge de mon travail d’informaticien, j’ai eu l’occasion de suivre un cursus de psychologie à Paris 8. Dans ce cadre, j’ai fourni en 2009 un mémoire de recherche intitulé – n’aie pas peur des mots ! – « Etat de Stress Post-Traumatique chez les victimes de torture : Torture et stratégies d’adaptation ». Je doute que le document soit encore disponible à la Fac à l’heure où j’écris ces lignes, mais l’humanité ne va certainement pas souffrir de cette perte :-).

Ce passionnant travail de recherche m’a permis, entre autres, d’aborder les mécanismes induits par la peur. J’ai été particulièrement impressionné par les théories de Cannon et ses successeurs (Bracha, …) relatives au « Freeze, Flight and Fight », soit en bon français l’immobilisation, la fuite et le combat, les trois stratégies que tout être vivant (sauf exception) met successivement en œuvre face à un danger. Il m’a semblé intéressant de construire un thriller (domaine de la peur par excellence !) autour de ce thème principal, et de planifier l’intrigue selon cette structure.

Ce roman est clairement un divertissement, mais qui pose tout de même pas mal de bases de réflexion…

Le divertissement est essentiel, car c’est le but de mon écriture, une activité que j’envisage comme un loisir… Néanmoins à l’instar du quidam, je m’interroge avec mes personnages au sujet du monde qui m’entoure… Sans viser l’exhaustivité, je peux citer pêle-mêle, les rapports hommes / femmes, les luttes de pouvoir, l’impéritie des gouvernements, la toxicité religieuse…

Ceci étant, je n’ai pas la prétention d’apporter des réponses, ni même celle de poser les bonnes questions… Mais le fait de questionner demeure en soi un bon début… :-).

Doit-on s’attendre à une suite des aventures de ces personnages ?

J’aime alterner mes productions, changer d’environnement, quitter un univers pour mieux le retrouver plus tard…

En ce moment, je travaille à une suite au aventures du groupe Wolf, les héros policiers de Thérapie en sourdine et L’affaire Cirrus. Il y aura un mini-livre basé sur le même concept que eXpert Consulting, c’est-à-dire un ouvrage vendu à un prix modique que j’offrirai à l’occasion de séances de dédicaces. Il s’agira d’évoquer l’adolescence du héros, le commissaire Wolf, dans Berlin-Est, une ville que j’aime, et que j’ai connue quelques mois avant la chute du mur.

Puis je produirai un polar plus volumineux, évoquant Wolf face à une vague de suicides d’adolescents. Bref ! Tout un programme :-).

Enfin je ferai reprendre du service à la redoutable Suzana. J’espère que la Belle ne m’en voudra pas de cette petite infidélité. Bon… Je vais quand même surveiller mon poste de travail, on ne sait jamais… :-).

Merci beaucoup, Yvan, pour m’avoir permis de m’exprimer au sujet de ce volet des aventures de Suzana. Ce fut un plaisir !

Ma chronique du roman

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