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Gayet: pourquoi les médias font encore diversion

Publié le 16 janvier 2014 par Juan

Gayet: pourquoi les médias font encore diversion Mercredi 15 janvier, la France médiatique s'exerçait encore en simulations, conjectures et commentaires à propos de l'intervention présidentielle de la veille devant la presse, l'actualité politique était pourtant ailleurs.


Il y avait d'abord le futile, l'accessoire, l'information facile qui fait le buzz et le "biz". Julie Gayet, Valérie Trierweiler, évacuées rapidement du sujet de l'intervention présidentielle de mardi par François Hollande lui-même. Pourtant, il fallait prolonger l'histoire. Mercredi, rumeur sur le Net, la première serait enceinte, la seconde toujours déprimée. Rumeur démentie, ravages de la délation anonyme. Puis voici Gayet à la Villa Médicis, une proposition ancienne du patron de l'établissement public. L'actrice est éjectée de la liste des promus par la ministre de la Culture Aurélie Filipetti dès mercredi.
Il y avait même quelques journalistes politiques (méritaient-ils encore cette qualification ?) pour se demander qui était encore la première dame de France, concept inexistant en République. Pire, cette affaire permettait à Cécilia ex-Sarkozy de proposer de définir un statut dont tout le monde se fiche: "quand on a l'honneur d'être l'épouse du chef de l'État, c'est même un devoir d'aider".
Ou pourquoi Valérie Trierweiler n'accompagnerait pas Hollande au Vatican. A droite, quelques réacs répétaient que Valérie Trierweiler ne pouvait disposer de quelques subsides publics pour son activité de compagne officielle. On aurait oublié les subventions à la Fondation Crala Bruni, ou la carte bleue trop chauffée qu'il fallut retirer à Cécilia Sarkozy.

D'autres sujets, plus sérieux furent heureusement traités. 
Les propositions économiques de François Hollande n'ont pas fini de diviser la gauche. Hollande applique ses idées, sans doute social-démocrates. Certains poursuivent la course aux étiquettes, c'était futile. Les éditocrates applaudissent. Hollande était sincère.
"On le croyait réformiste, on se trompait. En fait, il est plus que cela: révolutionnaire. Au pied du mur, François Hollande a fendu l'armure. La politique de l'offre c'est lui!" Françoise Fressoz, Le Monde
Il a rétrécit sa base électorale, mais sa gauche ne saisit rien.
"Hier le socialisme à la française a disparu des écrans radars du Président de la République." Melclalex
Le Medef est soulagé, la suppression des cotisations familiales est une "victoire". Mais on a tous compris que le bénéfice du CICE (20 milliards) ne pourrait se cumuler avec ce dernier (35 milliards) L'UMP, dès mardi soir, avait lancé la charge, à tort. Toutes les entreprises ne bénéficient pas du CICE. L'allègement de charges ne sera pas de 20+35 milliards comme le clamait l'opposition de gauche; ni de 35-20 milliards comme le minorait l'UMP.

Ce qui sauvera, peut-être, Hollande, est la paresse caricaturale de ses critiques.
D'autres sujets, plus sérieux furent malheureusement mal traités.
Le système carcéral souffre. Ce n'est pas nouveau. Mardi, une centaine de surveillants de la prison de Rennes se sont mis en grève. Une prise d'otage d'une psychologue, la veille, a tout déclenché.  Les trois syndicats FO, SPS et CFTC réclament des "états généraux de la prison".  Pire, ils fustigent ... la réforme Sarkozy/Dati de la loi pénitentiaire de 2009. Et oui... certaines vérités blessent: C'est bien l'assouplissement des conditions de détention, qui aurait, selon ces syndicats, « donné les pouvoirs aux détenus dans les prisons », qui choque aujourd'hui.

Dimanche, la Garde des Sceaux avait livré quelques-unes de ses ambitions dans une interview peu remarquée au Parisien-Aujourd'hui en France.
Mardi, la ministre du Logement était l'invitée de la matinale de France Inter mardi 14 janvier 2014. Ce matin-là, quelques heures avant qu'Hollande ne s'exprime devant 600 journalistes, le journaliste Patrick Cohen croit la coincer sur l'aéroport de Notre-Dame des Landes prochainement en construction. Et paf, encore raré. C'est un sujet de désaccord entre socialistes et écologistes, certes, mais "ce n'est pas nouveau".
Duflot avait quelques motifs de satisfaction... et de déception. Les autorisations de construction de logements sociaux ont grimpé de 14% en 2013 par rapport à 2012, pour un total de 117.000. "L'objectif de 150.000 n'est pas atteint" a reconnu la ministre. L'objectif de 500.000 constructions de logement par an fixé par Hollande pendant sa campagne ne sera vraisemblablement jamais atteint. Il fallait écouter Cécile Duflot pour s'en convaincre: en trente ans, la France n'a connu que 3 années où les 350.000 constructions furent dépassées.
Plus technique, ou pas, sa loi sur le logement passait à l'Assemblée. La ministre eut une curieuse explication sur la modification de la garantie universelle. Cette "caution pour tous" devait permettre aux locataires précaires d'accéder à un logement. Voici qu'un amendement soutenu par le gouvernement laisse le soin aux propriétaires d'accepter ou non la dite caution universelle. Cette dernière sera alors intégralement financée par le gouvernement. Mais Duflot s'entête à dire qu'il s'agit d'un progrès. Oui, mais mince.  En revanche, l'encadrement des loyers dans les zones tendues est adopté quasiment "sans retouche".
Ces choses ne redressent pas une présidence. Elles nécessitent un travail plus complexe que des commentaires sur une affaire de coeur. Elles témoignent aussi d'un travail gouvernemental sur lequel il faudra se pencher.


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