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Interview littéraire 2014 – François Mulcahy

Par Gruz

Place aujourd’hui à un jeune auteur qui a publié récemment un recueil de quatre nouvelles d’une grande qualité et d’une étonnante maturité.

Des histoires intemporelles, entre fantastique et SF, des récits très accessibles qui mettent en avant l’humain avant tout.

Un immense et double merci à Frédéric Fontes, taulier de l’excellent blog 4deCouv, qui m’a aiguillé vers cette lecture et qui a participé très activement à l’élaboration de ces questions.

Ma chronique de Four Steps

L’entretien :

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

Sensible. Curieux. Passionné.

Qui êtes-vous, François Mulcahy ?

Tout d’abord un grand merci pour ces questions.

J’ai 24 ans, je suis étudiant en sixième année de médecine, mais j’ai interrompu mes études pour un an afin de terminer un premier roman dont la conception était arrivée à maturité.

Mes premiers amours sont cinématographiques. Adolescent, j’ai réalisé plusieurs courts-métrages et l’un de mes scénarios a été porté à la télévision dans le cadre d’un concours lycéen (sous mon véritable nom).

Depuis 2011, je me suis tourné vers l’écriture de nouvelles, frustré par les limites techniques et matérielles du format vidéo amateur.

Mes nouvelles sont donc autant de courts-métrages que j’aurais aimé pouvoir réaliser. Chacun de mes textes partage une conception hautement visuelle.

Les thèmes de ces nouvelles sont assez étonnants venant de la part d’un jeune auteur (comme cette histoire mettant en avant l’âge d’or des 33 tours)…

La nostalgie a encore de beaux jours devant elle ! Plus sérieusement, je crois que nous vivons une époque bénie d’un point de vue culturel. Rien n’a jamais été aussi accessible. Tout est progressivement réévalué, réédité, mis en lumière. Chaque jour voit sortir son nouveau guide de lecture, ses nouveaux classements des meilleurs films, livres, albums…

Prenons l’exemple de la musique. Des albums majeurs aux chanteurs oubliés, tout est remastérisé et réédité dans des versions augmentées de pistes bonus, de lives oubliés. Sans occulter l’aspect financier derrière ce procédé, il n’a jamais été aussi simple de s’immerger dans n’importe quelle époque passée… Cet accès aux archives, aux coulisses des procédés créatifs, est une véritable mine d’or.

Mais je ne veux pas croire que la création se perd ou se détériore. Pour une fois, le temps est notre allié.

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Impossible, en lisant le recueil, de ne pas penser à certains monuments de la littérature fantastique et de SF comme Richard Matheson ou Isaac Asimov. Pas mal comme fondations, non ?

Je suis évidemment très flatté par de telles références. Ces écrivains ont toujours une si grande influence !

Néanmoins, et pour être tout à fait honnête, dans le genre SF, c’est Ray Bradbury qui m’a le plus marqué. La découverte de Fahrenheit 451 fut pour moi inoubliable. Le prototype du livre qui, malgré la réputation qui le précède, ne peut pas décevoir.

Et que dire de la poésie teintée d’humour noir de ses Chroniques martiennes ? Un modèle indépassable, tout simplement.

Hormis l’histoire en lien avec la musique, vos autres récits sont assez intemporels. Est-ce une réelle volonté de votre part ?

Tout à fait. J’ai volontairement rendu floue la temporalité du Cosmonaute afin d’accentuer la perte de repères du personnage principal. Cela pourrait être demain, ou dans dix ans. Il en va de même pour La forêt, un tel endroit pourrait exister en chacun de nous, à n’importe quel siècle.

Pour ce qui est de Lydia, je crains que le futur ne soit déjà à nos portes. Devra-t-on un jour se poser la question ? L’homme ou la femme à notre côté, humain ou robot ?

Vous citez Craig Johnson dans vos remerciements. Pourquoi et comment son écriture a-t-elle eu cette grande influence sur vous ?

Ma rencontre avec Craig Johnson, lors d’une séance de dédicaces en présence de sa traductrice Sophie Aslanides, a été le catalyseur de mon entrée en écriture. Il y a l’homme, large chapeau, large sourire et large main, CV incroyable. La classe américaine.

Et il y a sa prose unique. Les personnages qu’il crée ont une empathie extraordinaire. Cette tendresse, cette finesse de l’analyse psychologique, malgré la dureté des sujets évoqués, sont bien le signe d’un écrivain hors du commun.

Parlez-nous de Sophie Aslanides (traductrice, entre autres, de Craig Johnson). Je sais qu’elle est liée à votre envie d’explorer les univers de l’écriture…

Au lendemain de la séance de dédicaces où je la rencontrais pour la première fois, j’écrivais ma première nouvelle intitulée… La dédicace ! Quelque temps après, j’osais lui envoyer, pour avis.

Non seulement elle accepta de me lire, mais elle me corrigea et m’encouragea à poursuivre ! C’était le début d’une belle collaboration. Sophie Aslanides a depuis relu chacun de mes textes. J’ai beaucoup de chance d’être son ami.

Votre recueil de nouvelles aborde quatre univers bien différents. Pouvez-vous nous parler de celui qui va servir de base à votre premier roman ? Où en êtes-vous de son écriture ?

Sophie le corrige actuellement !

La conception du roman remonte à cinq ans. Une idée dans l’air du temps : écrire une histoire différente de super-héros.

Il y a un an, arrivé au terme de mes réflexions sur l’intrigue, je posais sur le papier la trame détaillée de la trentaine de chapitres qui composerait l’épopée de mon surhomme atypique. J’en écrivais également le premier tiers. Mais il a fallu de longs mois encore et l’interruption temporaire de mes études pour en achever l’écriture.

Je crois que ceux qui ont aimé mes quatre nouvelles ne seront pas dépaysés par l’ambiance et le ton du texte. Néanmoins, l’ampleur exigée par un roman, l’épaisseur attendue des personnages et le travail sur le rythme de l’intrigue, ont représenté un défi inédit.

J’aspire pour ce premier roman à une publication traditionnelle. Peut-être qu’à l’inverse de mon super-héros dépossédé de son pouvoir, la chance me sourira ?

Pas facile quand on est tout jeune auteur de faire son trou. C’est quelque chose qui vous travaille beaucoup ou alors vous laissez-vous surprendre par ce futur incertain ?

Je dois avouer que l’autoédition, si elle permet de publier et de se confronter en quelques clics à l’avis des lecteurs, réserve son lot de sueurs froides. Le plus dur est d’obtenir des retours. D’où le rôle encore accru des blogueurs en tant que passeurs. Tant d’auteurs proposent chaque jour leurs textes. Comme je le disais plus haut, devant l’avalanche grandissante de contenus, je crois que l’époque est plus que jamais aux guides, aux conseils, à la mise en lumière et en perspective.

Je pense que mon besoin d’écrire est avant tout un besoin de partage. Sans prétention aucune, j’ai envie de rendre un peu de ce que tant d’artistes nous offrent chaque jour. Je pense qu’à chaque contrariété, à chaque question, il y a un livre, un film ou un disque qui, s’il ne répond pas toujours au problème, permet de s’évader, de rêver. Si, par mes écrits, j’arrive à distraire ne serait-ce qu’un seul lecteur, alors j’estime que le temps passé à concevoir mes textes n’aura pas été vain.

Ce blog est fait de mots et de sons. Vous prouvez dans votre recueil que vous êtes un amoureux de musique. Quelle part prend-elle dans votre processus créatif ?

J’écris les trois quarts du temps en écoutant de la musique. Elle m’influence considérablement à chaque étape de l’élaboration d’un texte. Je choisis souvent des albums bien précis selon la tonalité que je souhaite donner au chapitre en cours d’écriture. Je note pour chaque chapitre les disques écoutés, afin de les réécouter lors des révisions pour retrouver au plus près l’état d’esprit du premier jet.

À ce propos, lors de la sortie individuelle en début d’année dernière de Pop en Stock, une des quatre nouvelles qui compose Four Steps, j’avais publié une playlist des morceaux cités. Elle est toujours disponible à l’adresse suivante  : 

http://grooveshark.com/#!/playlist/Pop+En+Stock/83674002

 Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…

Merci beaucoup ! Vous reprendrez bien un peu de mille-feuilles revisité ?

Recueil disponible en auto-édition sur Amazon, en version papier et version électronique pour un prix ridicule.


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