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350ème semaine politique: comment Hollande a "réussi" sa conférence de presse

Publié le 18 janvier 2014 par Juan
350ème semaine politique: comment Hollande Ce fut une conférence de presse réussie. Non pas tant parce qu'elle a rallié les forces de gauche derrière l'homme  qu'elles avaient contribué à faire élire en mai 2012. Mais François Hollande est parvenu, avec calme et arguments, à clarifier encore davantage le sens politique de son quinquennat.
Hollande est convaincu de son socialisme de l'offre
Mardi 14 janvier 2014, sous les ors du Palais de l'Elysée, il a détaillé son "Pacte de Responsabilité". Voici 30 milliards de cotisations familiales dont il annonce la suppression d'ici 2017. Et deux nouveaux machins administratifs, un Conseil Stratégique de la Dépense et un "Observatoire des Contreparties" pour mettre en oeuvre la chose. Quelles contreparties ? Des embauches. Arnaud Montebourg insiste, il veut deux millions d'emplois créés dans les 5 ans. Vraiment ?
Hollande réussit sa conférence. Politiquement, il explose la droite classique. L'UDI se dit "prête" à soutenir le pacte s'il est "concret". Jean-Pierre Raffarin (UMP) dit "banco". François Fillon ajoute "Chiche!". Jean-François Copé crie "Restons sur nos gardes !". Les habituels éditocrates néo-conservateurs se frottent les yeux. Pour la gauche qui le critique, cette conférence est aussi techniquement réussie puisqu'elle achève une clarification.

Du socialisme de l'offre, on retiendra deux choses.

Primo, il occulte, par définition, tout soutien volontariste de la demande, via les habituels leviers de l'action publique - augmentation des dépenses de l'Etat, notamment d'investissement; revalorisation des minima sociaux et du SMIC, etc. Cette politique est pour l'instant totalement contre-productive et identique aux sarko-bêtises. En France, comme en Europe, le risque de déflation menace.
Secundo, ce socialisme de l'offre épargne les prestations sociales.  Hollande évoque la fraude sociale ou le sgaspillages, une gauche s'en inquiète. On oublierait presque les 11.000 évadés fiscaux rapatriés l'an passé. Surtout, devant 600 journalistes, Hollande s'interdit de toucher aux allocations familiales ou chômage. Promesse qu'il faudra suivre ... L'indemnisation du chômage est en passe d'être renégociées par les partenaires sociaux, 18 milliards de déficit dans les caisses en 2013. Vendredi, on apprend quelques (terrifiantes) idées de l'AFEP, cette association des grands patrons du pays. Ces derniers, dont la rémunération moyenne oscille entre 2,8 (au SBF120) et 4 millions d'euros (au CAC40), veulent réduire de 24 à 18 la durée d'indemnisation, durcir les sanctions en cas de refus d'une offre, et allonger la durée d'affiliation pour prétendre à une quelconque indemnisation. Ces millionnaires patronaux avaient-ils oublié que seuls 47% des chômeurs ne touchent quelque chose ?
Le socialisme de l'offre voudrait protéger l'Etat providence - à la différence de ses versions blairiste ou schröderiennes. La "Vrauche" ne verra pas cette subtilité. Mais il entend couper dans les dépenses publiques quand même - 50 milliards d'ici 2017, soit 4% de l'ensemble. Les "socialistes de l'offre" savent gérer. En 2013, les dépenses publiques ont été maîtrisées. Le déficit budgétaire a quand même dérapé de 2,7 milliards d'euros, à 75 milliards pour cause d'insuffisantes recettes fiscales, principalement des entreprises.
Hollande promet une réforme territoriale, par le biais d'incitations budgétaires à réduire le nombre de collectivités locales. Il veut aussi réviser la loi sur un sujet douloureux, l'euthanasie. L'interdiction d'y recourir faite à la famille d'un patient en état végétatif, contre l'avis des médecins et l'avis de son épouse, par un tribunal administratif, accélère la prise de conscience. Marisol Touraine, ministre de la santé, promet une clarification.
Manuel Valls va mal. La co-star de la semaine précédente lors de son affrontement médiatico-juridique, chute enfin dans les sondages de popularité. Tous ses baromètres sont mauvais. On s'inquiète dans les couloirs de son ministère. L'affaire Dieudonné, l'humoriste qui sévit encore sur le Net, ne lui a pas profité. On cherche encore qui s'est amusé à clamer que Valls faisait cela pour sa cote. L'an passé, Valls est parvenu à faire expulser encore davantage de Roms qu'Hortefeux et Guéant réunis.
Le Front National n'a pas changé.
Marine Le Pen peine à trouver assez de candidats pour les élections municipales. Le FN revoit à la baisse ses prétentions, 500 villes seulement contre 700 espérées, auront leur liste adoubée. On manque de candidats. Pourtant, ce n'est pas faute d'efforts. D'abord, le bureau politique du FN a dressé une "liste noire" de l'habituelle racaille fascisante voire néo-nazie pour éviter la présence d'encombrants soutiens dans ses listes municipales. Ensuite, MLP et ses sbires tentent de ranimer la frayeur migratoire toujours électoralement payante. A Bruxelles, où elle brille habituellement par son absence, Le Pen dénonce la "politique immigrationniste" et le "sans-abrisme" européen.
A Nîmes, le candidat local s'étrangle que le maire UMP ait cédé un terrain pour la construction d'une Mosquée.  A Perpignan, où Louis Alliot, le compagnon et assistant parlementaire de Marine Le Pen, est tête de liste, le site NationPresseInfo détaille les atouts électoraux de son candidat préféré - chômage élevé, et "rejet du travailleur étranger".
A Béziers, Nicolas Sarkozy poursuit son tour de France, au prétexte de suivre les concerts confidentiels de Carla Bruni. Il est récupéré par le candidat UMP local, Elie Aboud. Il prépare son retour pour cette fin d'année, nous promet le Parisien en deux pages et une couverture.
A Pau, l'ancien adversaire François Bayrou est finalement soutenu ... par l'UMP.  Surpris ? Le centre-droit, écrasé par l'offensive hollandaise, s'est réfugié dans les jupons d'une UMP radicalisée.
La presse reste trash
Valérie Trierweiler est à l'hôpital, toute la semaine. Hollande lui rend visite, vendredi. La première question posée lors de la conférence de presse fut sur "l'affaire". La relation avouée entre l'actuel président et l'actrice Julie Gayet. Tous les sondages répètent combien la chose indiffèrent les sondés. "Et si on parlait d'la vie privée de...5,2 millions chômeurs?" s'est demandé Claude Posternak sur Twitter.
Nombre de journaux, jusqu'à Mediapart même, cherchent et trouvent de discutables prétextes pour trifouiller le moindre rebondissement. Gayet enceinte (faux), Gayet à la Villa Médicis (annulée), Gayet à Tulle (introuvable), Gayet par ci, Gayet par là.
C'est une traque, une nouvelle version du Hollande-bashing.
Rien d'autre.
Le changement, c'est bientôt.


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