Magazine Société

Rostec : « Le T-50 est plus furtif que le F-22 ! »

Publié le 22 janvier 2014 par Toulouseweb

Ce lundi 20 janvier 2014, lors de ma revue de presse matinale, j’ai failli m’étouffer en découvrant les savoureuses déclarations de Ť Rostechnologies ť, consortium Russe rebaptisé Ť Rostec ť depuis décembre 2012 :
Rostec affirme que le Sukhoď T-50 PAK-FA, en développement depuis 2008 et dont la premičre livraison est prévue pour 2016, serait bien plus furtif que n’importe quel autre appareil Russe. Ca, on n’en doute pas ! Mais surtout, Rostec affirme sans rougir que la furtivité de l’appareil de Sukhoď serait bien meilleure que celle du F-22 Raptor Américain…
En effet, selon l’ingénieur en chef du programme, Alexander Davidenko, la SER (Surface Équivalente Radar) du T-50 serait comprise entre 0,1 et 0,3 m2, lŕ oů celle du pauvre Raptor ne serait comprise qu’entre 0,3 et 0,4 m2.
Premičrement, comme l’explique François Julian, notre confrčre d’Air&Cosmos, Ť ces affirmations sont ŕ manipuler avec précaution (…) cette donnée n’est pas absolue ť et on ne peut pas Ť ramener la furtivité d’un avion ŕ un simple nombre ť.
J’ajouterais que la mesurer de maničre précise n’est pas chose aisée, et la comparer avec un appareil comme le F-22, dont les spécificités sont des données classifiées, l’est encore moins.
Le principe męme de furtivité est la résultante de plusieurs facteurs, comme l’utilisation de matériaux absorbants, la signature thermique, ou encore, une géométrie trčs particuličre qui consiste ŕ supprimer toutes les formes en dičdre. C’est vraisemblablement sur ce dernier point que les Russes ont effectué leur comparaison, car j’imagine mal l’US Air Force livrer un de leurs F-22 ŕ un centre de recherches militaires Russe…
En se concentrant donc sur l’aspect géométrique, quelques rudiments en furtivité suffisent pour comprendre que, bien qu’elle semble effective, celle du T-50 pourrait bien ętre inférieure ŕ celle du F-22. Pour ne citer que quelques exemples :
Les tuyčres d’éjection des moteurs AL-41F1 (version légčrement modernisée des AL-31FP qui équipent les Su-30), sont proéminentes et de forme classique. Ainsi, sa discrétion secteur arričre sera vraisemblablement moins efficace que celle d’un F-22. Accordons toutefois le bénéfice du doute ŕ Sukhoď, puisque ces moteurs ne sont pas définitifs : ŕ l’orée 2016, c’est le Ť Izdeliye 30 ť qui devrait motoriser le T-50, et, on peut imaginer que leur forme sera différente, avec peut-ętre une tuyčre dessinée en dents de scie.
Notons également, le Ť fossé ť entre les deux réacteurs. Il ne correspond pas ŕ ce qu’on sait des exigences liées ŕ la furtivité.
Et puis, il y a aussi les travaux des docteurs Michael Pelosi et Carol Kopp de l’université Monash de Clayton (Australie). Ces universitaires Australiens ont, en 2011, effectué des recherches sur la furtivité du Chengdu J-20 Chinois, mais également du Sukhoď T-50.
Afin d’estimer la furtivité de ces appareils, ils ont créé et utilisé un algorithme de simulations physiques optiques, sur plusieurs niveaux de fréquences (de 150 MHz ŕ 28 GHz) et obtenu des représentations polychromes. Pour les lire, il faut savoir que plus les couleurs sont chaudes, plus la signature radar est élevée. Et pour le T-50, dčs 150 MHz – trčs haute fréquence utilisée par les radars ŕ trčs longue portée, comme ceux destinés ŕ repérer les missiles balistiques – on remarque que les couleurs chaudes ne manquent pas : un halo jaune-orange et rouge (voire pourpre par endroits) se dégage tout autour de l’appareil. Au final, c’est ŕ peine mieux que le J-20 qui n’est pas un modčle du genre…
Si, comme l’affirme Rostec, il est évident que le Sukhoď T-50 est Ť le plus furtif de tous les avions Russes ť, prétendre qu’il l’est plus que le F-22 Ť Raptor ť semble quelque peu précipité. Et finalement, la raison de cette affirmation que beaucoup jugent absurde, réside peut-ętre dans la nature męme de Rostec : une corporation nationale russe créée en 2007 afin de favoriser le développement, la fabrication et l’exportation de la production industrielle de haute technologie ŕ usage civil et militaire. On est en droit de se demander si l’exportation future du T-50 ne serait pas l’unique but d’une telle affirmation. Qui plus est, Mikhaďl Pogosian, directeur général de Sukhoď, estime pouvoir Ť vendre un minimum de 550 appareils ŕ l’export ť.
Aprčs avoir pris contact avec les professeurs Pelosi et Kopp, ces derniers m’ont déclaré ne pas avoir réalisé de représentations polychromes du F-22, comme ils l’ont fait pour le T-50 et le J-20. Par ailleurs, ils m’ont indiqué que męme s’ils avaient eu en leur possession d’un tel document, il ne l’aurait jamais transmis ŕ la presse, principalement ŕ cause d’une législation datée d’octobre 2012 qui interdit formellement ce genre de publication.
Du côté du constructeur Américain, il est peu probable que Lockheed Martin communique un jour sur la furtivité du Raptor, puisque cet appareil n’a jamais été destiné ŕ l’export. Ainsi, il est illusoire d’imaginer que le constructeur Américain publiera une réponse ŕ cet Ť affront ť Russe, assaisonné aux relents de guerre Froide cru 2014, de type : Ť C’est moi qui ai la plus petite SER ! ť.
Bastien Otelli – AeroMorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine