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Pourquoi les vraies questions (économiques) de François Hollande sont sociales

Publié le 27 janvier 2014 par Juan
Pourquoi les vraies questions (économiques) de François Hollande sont sociales
Après les "patrons", voici la "communauté financière" appelée à réagir au pacte de responsabilité lancé par François Hollande, et plus largement, au redressement des comptes publics qu'il a engagé. 
Et les citoyens ?
1. Après le patronat, les agences sont presque contentes. Vendredi dernier, l'agence Moody's a choisi de maintenir la note de crédit de la France, à AA avec toutefois la même "perspective négative"... au cas où. On rapporte que Pierre Moscovici, à Davos, affichait un sourire en coin, de satisfaction.
2. Il n'y a toujours aucune corrélation entre l'état réel de nos finances publiques et  le coût de l'endettement facturé à la France sur les marchés internationaux. D'autres facteurs sont à l'oeuvre: la situation générale de la zone euro - qui s'est (insuffisamment) améliorée depuis deux ans, les perspectives que l'on attribue au pays concerné, et... la richesse sous-jacente du pays.
3. Les analystes financiers et les journalistes politico-économiques continuent d'abuser l'opinion avec un fichu et mauvais ratio, le rapport entre la dette publique et le PIB annuel. Imaginez seulement qu'un ménage ne puisse emprunter à hauteur de 60% de ses revenus annuels... Pour l'heure, la France affiche un dette publique à 93% ou 94% du PIB (les chiffres définitifs seront connus en mars).
4. Il n'y a pas eu de "dérapage budgétaire" en 2013. La formule suggère en effet que l'équipe Hollande a laissé filer les dépenses, ce qui est faux.: les dépenses de l'année ont été tenues à l'euro près. Le gouvernement a même dépensé 600 millions de moins que prévu au budget initialement. Mais le déficit final sera supérieur de 14 milliards aux prévisions initiales - 75 milliards contre 61 milliards. En cause, de moins bonnes rentrées fiscales. Rien de plus, mais c'est déjà beaucoup. En un an, le déficit s'est quand même réduit de 12 milliards
5. Hollande va lancer le plus important plan de réduction des dépenses publiques que la France ait connu. A sa gauche, on dira que c'est l'austérité. Ce n'est pas encore cela. Mais ces efforts sont inédits. Jeudi dernier, François Hollande a tenu son premier Conseil Stratégique de la Dépense, la première pierre de son programme d'économies.
6. On connait le séquençage de la "douloureuse": après les 25 milliards d'euros d'économies déjà réalisées en 2012 et 2013, le gouvernement prévoit :
15 milliards en 2014
18 milliards en 2015
18 milliards en 2016
14 milliards en 2017
7. On sait aussi comment il entend les réaliser. Bernard Cazeneuve, ministre du budget, a livré quelques précisions. d'ici 2017, 4 milliards d'euros sont déjà décidés et votés. Il s'agit de la montée en charge des mesures sur les retraites et la branche famille. Le gel des dépenses de l'Etat (qui pèse pour 373 milliards d'euros annuels sur 1150 milliards) et de l'assurance-maladie ajoute 20 milliards d'ici 2017. Reste encore 26 milliards à trouver.
8. Quarante pour cent des réductions budgétaires vont porter sur les prestations sociales en 2014. Les dépenses publiques se décomposent en un tiers de dépenses de l'Etat, 46% de prestations sociales, et 20% des collectivités locales. Pour l'année 2014, les 15 milliards de réduction vont être trouvés sur l'Etat et les collectivités territoriales, et... 6 sur les dépenses sociales (40%).
9. La réduction des déficits publics fait partie du projet présidentiel de François Hollande depuis le premier jour de la première semaine du premier mois de sa déclaration de candidature à la présidentielle. Mais l'urgence, en 2014, reste aussi sociale. On ne compte plus les indicateurs désastreux sur l'état du pays: sur 22,8 millions de salariés, 12% des salariés ont un emploi précaire, rappelait l'Observatoire des inégalités. Pire, la pauvreté s'aggrave: l'IGAS vient justement de remettre un rapport à Jean-Marc Ayrault. Le nombre de bénéficiaires du RSA a cru de 7% entre juin 2012 et juin 2013, pour atteindre 2,25 millions de foyers résidant en France métropolitaine et dans les DOM à fin septembre 2013. Plus d'un million de bénéficiaires se pressent aux Restos du coeur, un record.
Comment la presse pouvait-elle l'ignorer ? Pour une raison simple. Tout ce que comptait le pays d'éditocrates ou presque était occupé à commenter l'affaire Hollande/Gayet/Trierweiler. Mais de ce dernier rapport sur l'inégalité dans le pays, il n'en fut pas question, ou si peu.
Jeudi 23 janvier, François Chérèque, l'un des co-auteurs du rapport, est quand même sur France inter. Il fustige le "dérapage" de François Hollande, dix jours avant lors de sa conférence de presse, lorsqu'il évoquait la fraude sociale. Près de 6 milliards d'euros de prestations RSA ne sont pas versés faute de demandes... Le vrai choc de simplification à faire concerne les prestations sociales.
En 2009, nous détaillions dans ces colonnes combien le RSA était compliqué d'accès.


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