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Secuestrados

Publié le 28 janvier 2014 par Olivier Walmacq

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Genre: drame, thriller (interdit aux -16 ans)
Année: 2010
Durée: 1h25

L'histoire: Jaime et Marta, un couple aisé, emménagent dans leur superbe nouvelle villa avec leur fille de 18 ans, Isa. Le soir même, alors qu'ils s'apprêtent à fêter leur installation, trois hommes armés et cagoulés font violemment irruption dans leur salon. Dès lors, s'engage une lutte pour leur survie, aussi terrifiante que désespérée.

La critique d'Inthemoodforgore:

Depuis une bonne décennie, le cinéma espagnol de genre nous a réservé de très bonnes surprises et tient le haut de pavé européen. On pourra citer notamment Les autres d'Alejandro Amenabar, Rec de Jaume Balaguero ou encore Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro. Même si le film qui nous intéresse aujourd'hui n'entre pas du tout dans la même catégorie, Secuestrados (aka Kidnappés) de Juan Manuel Vivás marque à coup sûr d'une pierre blanche, la confirmation du renouveau du cinéma hibérique. Voilà une oeuvre qui prend aux tripes, c'est le moins qu'on puisse dire.
Un pur film de terreur comme il y a bien longtemps que l'on en avait pas vu. Autant vous prévenir de suite: Secuestrados, c'est du brutal...

Phénomène de société, hélas en pleine expansion dans nos sociétés modernes, le home jacking a bien sûr, déjà été abordé au cinéma. J'en veux pour preuve le récent You're next, sorti en 2013. Mais là où ce dernier joue clairement la carte du gore, Secuestrados prend la direction du thriller coup de poing. Ultra violent, certes, mais plus psychologique que sanguinolant.
Son efficacité n'en est pas moins redoutable. Vivás choisit de fimer l'action presqu'en temps réel, utilisant des plans séquences dans une volonté de rythme effréné. Il a recours, également, au découpage de l'écran à la manière d'un De Palma, afin de faire vivre au spectateur l'évolution du drame simultanément à deux endroits différents. Cela donne un film sans aucun temps mort, au montage presque épileptique dont on ressort abasourdi. Autre point positif: le film est court donc éludé de temps morts, inutiles à l'intrigue. Après une rapide mise en place initiale, nous sommes confrontés en même temps que les personnages à une situation terrifiante.

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Attention spoilers: Jaime et Marta, un couple bourgeois, s'affairent dans les derniers détails de leur déménagement. Ils viennent d'acquérir une superbe villa avec piscine et aujourd'hui, c'est le grand jour de l'installation. Il y a bien une légère dispute entre Marta et sa fille, Isa, au sujet d'une fête a laquelle cette dernière veut se rendre dans la soirée mais ce n'est qu'une anecdote.
D'ailleurs, Isa décide quand même de faire plaisir à ses parents en restant avec eux pour sabrer le champagne. C'est à cet instant précis que trois hommes armés et cagoulés font irruption en brisant la baie vitrée du salon. Sans qu'il ait pu réagir, Jaime se retrouve violemment frappé et projeté au sol. La séquence est brève mais d'une extrême brutalité. Dans un premier temps, les membres de la famille se voient obligés de donner leurs cartes de crédit avec les codes correspondants, ainsi que leurs portables. Puis l'un des trois assaillants part en voiture avec Jaime afin que celui-ci retire le maximum d'argent sur chaque carte. C'est alors qu'arrivant à un distributeur, Jaime tente dicrètement d'attirer l'attention d'une femme qui était en train d'opérer un retrait.

Hélas, celle ci croyant à une agression, s'enfuit en criant, alertant ainsi le malfaiteur qui attendait un peu plus loin. Dès lors les évènements vont se précipiter dans une spirale infernale de violence. Marta et Isa, restées prisonnières de deux autres agresseurs, subiront des tortures pour s'être rebellées ou avoir tenté de s'échapper. Isa sera même violée alors que sa mère se proposait de l'être à sa place. Dans la nuit, le petit ami d'Isa qui passait la voir puis un policier trop curieux, seront abattus froidement. Isa, toutefois, dans un ultime effort, parviendra à subtiliser l'arme de l'un de ses tortionnaires puis lui fracassera le crâne à l'aide d'une oeuvre d'art(!) (scène qui rappellera à certains celle de l'extincteur dans Irréversible). De son côté, Jaime provoquera un accident parvenant pour un temps, à s'échapper de l'individu qui le menaçait. Mais alors qu'il avait retrouvé les siens et qu'il tentait de joindre la police, le troisième individu, que tous avait oublié, surgira et le massacrera à coups de massue.
Pas de happy end non plus, pour Marta exécutée d'une balle dans la tête ni pour Isa, lardée de coups de couteau. Fermez le banc.

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Ce qui interpelle à la vision de ce film, c'est son côté inexorable. Au fur et à mesure de l'histoire, on se dit que, décidément, les protagonistes auront bien du mal à s'en sortir. Le spectateur subit en continu une tension étouffante dénuée d'un quelconque moment léger pour l'atténuer. Le malaise provient également de ces trois agresseurs dont on ne saura rien jusqu'à la fin sinon qu'ils sont albanais. Malaise qui grandira peu à peu jusqu'à atteindre son paroxysme lors du terrifiant twist de clôture.
Rarement j'aurai vu au cinéma, un final aussi pessimiste et sans concession. Juan Manuel Vivás dans un style proche du documentaire, aura donc joué avec nos nerfs pendant quatre ving cinq minutes pour proposer une implacable conclusion à cette nuit de terreur.
Du grand art. Aucune fausse note, non plus, au niveau des acteurs tous excellents et très convaincants, en particulier la jeune Manuella Velles dans le rôle d'Isa. 
D'un réalisme à couper le souffle, Secuestrados se révèle être une oeuvre désespérée, orchestrée de main de maître par (c'est mon avis) un futur grand réalisateur. Impressionant et radical. Du très bon cinéma !

Note: 16,5/20


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