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Fernand Leduc : la longue marche

Publié le 29 janvier 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir
Fernand Leduc en 1995

Fernand Leduc en 1995

Si la mort du peintre Fernand Leduc  vient d'être annoncée à des milliers de kilomètres de Paris, à Montréal, c'est pourtant bien une histoire en grand partie française qui prend fin. A quatre-vingt dix sept ans, la disparition de cet artiste nous renvoie à des pages désormais inscrites  dans l'histoire de l'art. En effet, à partir de 1941, trouvant des artistes solidaires à sa vision de l'art et à son style, le peintre, sculpteur québécois Paul-Émile Borduas invite dans son atelier plusieurs membres de diverses écoles pour des rencontres hebdomadaires.

Refus global

Au cours de ces réunions  auxquelles participe Fernand Leduc, les artistes échangent sur une multitude de sujets et ont la liberté d'apporter leurs oeuvres pour les présenter au groupe. Borduas, lui-même, montre ses propres tableaux, dévoilant ainsi sa nouvelle façon de «transposer sur toile l'idée d'une production spontanée, sans idée préconçue». Ce fut le début du groupe des «Automatistes ». Fernand Leduc signe leur manifeste, Refus global, en 1948, aux côtés de seize autres artistes, dont Jean-Paul Riopelle, Marcel Barbeau et Claude et Pierre Gauvreau. Les "Automatistes" préconisaient une approche intuitive expérimentale non représentative de l'art. Fernand Leduc n'est pas seulement adhérent du mouvement. Ainé de ce groupe, il en est un peu considéré comme le théoricien.

refus global
  Avec des peintres français tels que Georges Mathieu, une petite querelle historique semblait perdurer sur l’invention de cet automatisme dans la peinture.
Mais, dès 1947, Fernand Leduc quitte  Montréal pour Paris, où il rencontre sa femme, la poète Thérèse Renaud. Il fait connaissance également d' André Breton à New York.

A Paris donc se poursuit, avec une certaine discrétion, la vie de cet artiste à la personnalité forte. Même s'il revient au Québec pendant deux ans, pour enseigner à l'Université Laval et à l'Université du Québec à Montréal, c'est  bien en France qu'il est installé. Ayant eu la chance de le rencontrer bien plus tard, en 1995, je fis la connaissance d'un homme quelque peu austère, économe dans ses manifestations émotionnelles. L'homme exprimait avec précision son histoire personnelle et son implication dans l'aventure collective des artistes québécois. Cette rigueur proche de la sévérité s'affirmait dans l' évolution de son travail.

Hard edge

Fernand Leduc fait avancer sa peinture vers un" "Hard edge" rigoureux. Sa conviction dans ce domaine remontait aux années quarante : « Seuls sont peintres, écrivait-il dès 1944, ceux qui construisent, qui ordonnent par le dedans, dans le sens de la vie. ».
Il attendra ses quatre-vingt dix ans pour retourner définitivement au Québec où les honneurs couvrent alors cet homme discret: Doctorat honoris causa par l'Université du Québec à Montréal, en 2006, prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques, en 2007.
Fernand Leduc, nonagénaire, poursuivit son chemin d'artiste jusque dans ces dernières années à Montréal. Ce cheminement impressionnant, en dépit de longues périodes de retrait apparent, donne le sentiment d'avoir puisé son énergie dans cette rigueur, cette exigence d'un artiste totalement investi dans ce positionnement  inflexible. Sa peinture témoigne d'une volonté irréductible engagée dès les premières années dans cette longue marche.


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