On manifeste et on se tue en Egypte, où on n’a le choix qu’entre la peste ou le choléra (l’armée ou les Frères musulmans), on se bat entre bandes rivales en Libye (belle démocratie que celle apportée par l’OTAN !), on assassine des opposants de gauche en Tunisie avant de se déchirer sur le texte de la Constitution (« les femmes ont-elles une âme ? », voilà à peu près le débat), une grande partie de la RDC est soumise à l’exaction de milices sorties de nulle part (mais surtout quand même du Rwanda voisin), qui tuent et violent à qui mieux mieux, l’armée française n’en finit pas de sécuriser le Mali et semble bien impuissante en Centrafrique, où on tue et pille en pleine ville et en plein midi (chrétiens contre musulmans ou l’inverse). Ne parlons pas de la Syrie, qui lutte depuis trois ans contre une bande d’enragés venus des quatre coins de la planète avec la bénédiction de l’Occident, des enragés qui n’ont que les versets du Coran à la bouche (mais aussi des armes turques en main et de l’argent saoudien dans les poches). Cette guerre s’étend au Liban et maintenant à la Russie (avec des attentats perpétrés par les musulmans du Caucase), sans doute pour la punir d’avoir soutenu le régime syrien. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on l’attaque dans son ancienne province, l’Ukraine, où l’Occident excite les milices fascistes et nationalistes en espérant annexer cet immense territoire dans son grand marché commercial et financier (et libérer de prison une pauvre milliardaire qui défend le droit des hommes à s’enrichir).
Bref, il n’y a qu’en France où on ne se bat pas encore. Il est vrai que c’est un état laïque et que dans la majorité des conflits que j’ai évoqués la religion tient une place prépondérante (si pas chez ceux qui tirent les ficelles, du moins chez ceux qui se battent dans la rue) au point qu’on a l’impression d’être revenu aux temps de la Saint Barthélémy et des Guerres de Religion, ce qu’on ne croyait certes plus possible à notre époque. On a l’impression de régresser. La preuve : pendant que notre bon roi François s’amuse avec sa nouvelle maîtresse et répudie publiquement l’ancienne, quelques excités réactionnaires manifestent contre l’école de la République, qui selon eux aurait tendance à oublier qu’un homme est un homme et que la femme est faite pour tenir le ménage et faire des enfants.
Et pendant ce temps-là, la crise continue, les entreprises ferment et le chômage s’aggrave. La seule bonne nouvelle, paraît-il, c’est que quelques-uns parviennent à s’enrichir d’une manière absolument scandaleuse. Tant mieux pour eux. Et tant pis pour nous.
La Grande Mosquée des Omeyyades, VIII° siècle (Syrie)