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[critique] La Voleuse De Livres : havre de paix

Par Vance @Great_Wenceslas

Adaptation du roman à succès de Marcus Zusak, La Voleuse De Livres est un long-métrage très clairement destiné aux adolescents. Si d'un point de vue purement technique le film est une réussite, et que ce dernier offre de très belles scènes d'espoir à la naïveté touchante, on pourra tiquer devant quelques grosses maladresses tendant à amoindrir l'atrocité de la guerre que notre héroïne cherche à tout prix à fuir en trouvant refuge dans la lecture.

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Gros, gros succès que ce livre écrit par l'australien Marcus Zusak, paru en 2005, qui arriva à séduire autant la critique que le public. Initialement sorti en tant que livre pour adultes, celui-ci fut vite considéré comme s'adressant davantage aux jeunes, aux adolescents. Et pour cause : il est question ici d'un récit d'apprentissage, d'acceptation, à travers le regard d'une petite fille confrontée sans cesse à la mort. L'histoire se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la ville de Molching, en Allemagne. Seule source d'apaisement pour l'héroïne : la lecture.

L'adaptation de La Voleuse De Livres a tout du parcours initiatique, avec ses étapes et rencontres nécessaires à la construction du caractère de la jeune héroïne. Ainsi, les personnages qu'elle croise ont tous une particularité, une facette bien distincte (l'autorité de la mère adoptive, la compassion du père adoptif, l'abnégation de la mère biologique, l'amitié du jeune voisin). Ils sont très facilement étiquetables et leur caractérisation relativement sommaire renforce cette impression de suivre une fable destinée à un public jeune.

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Le réalisateur Brian Percival doit composer avec une source dense (le roman dépasse les 500 pages) en simplifiant la trame principale. Il en résulte une narration à ellipses, avec un enchaînement de scènes manquant de liant. Il est en effet dommage de constater que les séquences donnant son titre au film soient à ce point sous traitées, dénuées de toute puissance évocatrice (à une ou deux exceptions près comme lors de la première lecture entre Hans et Liesel très émouvante et lourde de sens). Mais il est également étonnant d'assister à de longues introductions pour certains seconds rôles alors qu'ils n'auront finalement que peu d'incidence dans le récit (malgré la beauté de certains passages, comme ceux montrant l'identification du jeune Rudy à l'athlète américain Jesse Owens ou les escapades chez la femme du maire de Molching). Le long-métrage donne alors la sensation de ne jamais savoir quelle voie choisir, et dans ces conditions il n'est pas évident de garder le rythme et de maintenir une attention totale.

Si la plupart des scènes mettant l'accent sur l'émotion fonctionnent parfaitement (avec un brin de naïveté bienvenue), celles décrivant l'atrocité de la guerre - indispensables à l'équilibre de cette histoire appuyant le paradoxe des actions des hommes (capables des plus beaux sacrifices comme de la pire sauvagerie) - semblent édulcorées. Un exemple de maladresse « volontaire » pour symboliser l'absurdité de la guerre : le bombardement allié de 1943 est clairement mis en scène dans le but d'interpeller le public, mais de jeunes spectateurs ne peuvent-ils pas mal l'interpréter en le mettant au même niveau que les actes nazis évoqués ? Ce n'est bien entendu en aucune façon du révisionnisme, néanmoins le réalisateur aurait peut-être dû encore plus insister sur l'atmosphère étouffante et insoutenable de l'époque pour souligner la montée en puissance du parti nazi.


Malgré tout, le film arrive à toucher, à indigner, à émouvoir, par petites touches tout au long de l'histoire. Il est clair que la principale réussite de La Voleuse De Livres est à mettre au crédit de sa très belle direction artistique et de son casting prestigieux. Outre sa photo, ses décors et l'aspect « conte » donné à la reconstitution, on pourra saluer la bande originale inspirée composée par le talentueux John Williams, dont le travail sur ce film a d’ores et déjà été acclamé (il est notamment nommé aux Oscars et aux British Academy Film Awards). Enfin, impossible de passer sous silence la performance des acteurs, la jeune Sophie Nélisse étant une révélation, Geoffrey Rush livrant une nouvelle fois une prestation remarquable.

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La Voleuse De Livres est un beau film, dont les maladresses arrivent à être compensées par quelques scènes vraiment marquantes. Il ne faudra cependant pas oublier qu'il est destiné à un jeune public pour lequel il est peut-être recommandé de resituer le contexte avant.

Ma note (sur 5) :

3


 

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Titre original

The Book thief

Mise en scène 

Brian Percival

Date de sortie France 

5 février 2014

Scénario 

Michael Petroni d’après le roman de Marcus Zusak

Distribution 

Geoffrey Rush, Emily Watson & Sophie Nélisse

Photographie

Florian Ballhaus

Musique

John Williams

Support & durée

35 mm / 131 min

Synopsis : Allemagne, 1939, Liesel, orpheline, se lie d’amitié avec Max, un jeune Juif caché chez ses parents adoptifs. Le pouvoir des mots ainsi que celui de leur propre imagination vont devenir leur seul échappatoire face à la guerre.  La Voleuse de livre est une poignante histoire de survie et de détermination dans l’adversité.


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