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Le droit de s'occuper de ses enfants

Publié le 08 janvier 2014 par Annesoa @bullabebe
Le droit de s'occuper de ses enfants

Ce rapport ministériel commence à faire le buzz sur la toile, alors même qu'il reste bien à l'écart de la sphère médiatique... De là à dire qu'on voudrait nous faire passer une nouvelle réforme sur la famille en douce... pendant que tous les médias s'acharnent à faire une promo démentielle à un pseudo-humoriste abject qui n'en vaut vraiment pas la peine...

Mais revenons à notre sujet. Dans un article du Figaro paru le 12 décembre dernier, il est fait état des résultats et préconisations d'un rapport remis à Najat Vallaud-Belkacem concernant l'individualisation de l'impôt sur le revenu.

Ce rapport explique que «moduler le quotient pour favoriser les couples biactifs ou au contraire pour réduire les avantages des couples monoactifs, à défaut d'une réelle individualisation de l'impôt» viendrait encourager le retour ou le maintien des femmes dans la vie active.

Soit ! Dans un monde idéal où à compétences et responsabilités égales, les femmes gagneraient autant que les hommes, où la conciliation vie professionnelle et familiale serait mise en avant pour ne pas placardiser ou stigmatiser les jeunes mamans (notamment via le télétravail), où chaque enfant pourrait bénéficier d'un mode de garde adéquat, ce projet de réforme pourrait éventuellement apporter sa brique à l'édifice égalitaire dont rêve Madame la Ministre.

Mais dans notre pays, archaïque et patriarcal dans son fonctionnement et sa vision du monde professionnel, qu'en est-il vraiment?

Quand tout le monde pense que le présentéisme est gage de motivation et d'implication et qu'il est donc mal vu de débaucher à l'heure, pour aller chercher ses enfants. Dans un monde où les parents (hommes et femmes) qui font le choix d'une carrière se voient cantonnés à quelques heures le weekend pour vraiment profiter de leur famille, où l'écart moyen de salaire entre une femme et un homme est, je vous le rappelle, de 25%, et où le pouvoir d'achat ne cesse de baisser, tous sexes confondus, je ne vois pas comment cette réforme pourrait améliorer les choses.

Elle me pose en outre, un problème de principe, celui de la liberté et du choix : le choix de travailler, ou non ; le choix de vouloir s'occuper soi-même de l'éducation de ses enfants, et non la confier à des inconnus (même si j'ai un immense respect pour les professionnels qui s'occupent de nos bambins).

Du coup, j'avais envie de repréciser quelques points à nos législateurs et ministres, qui évidemment, sont loin des réalités financières de la classe moyenne :

  1. En France, tout parent, père ou mère, a droit de prendre un Congé Parental d'Education à la naissance de son enfant. Ce congé est d'une durée initiale d'un an, renouvelable 2 fois, et prend fin automatiquement aux 3 ans de l'enfant.
  2. Pour un premier enfant, une aide de la CAF est prévue uniquement pour les 6 premiers mois. A partir du second enfant, elle est maintenue jusqu'à ses 3 ans. Cette aide, appelée Complément de libre choix d'activité, est de 566.01 € par mois (allocation de base comprise pour ceux qui la perçoivent); sans condition de ressources. Si vous avez 3 enfant ou plus, il est également possible de choisir le Complément Optionnel de libre choix d'activité qui lui, s'élève à 809.42 € par mois (allocation de base comprise pour ceux qui la perçoivent). Soit entre 50 et 70% du SMIC.
    Autrement dit, les mères (et les quelques pères) qui choisissent ce mode de fonctionnement pour s'occuper de leurs enfants en bas âge, se voient souvent obligés de se serrer la ceinture.
    Mais dans ces conditions, il est néanmoins presque plus "rentable" pour un parent ayant un petit salaire (souvent la mère), de prendre un congé parental, que de travailler à perte (à cause des frais de gardes, de déplacements etc).
  3. Au-delà du congé parental, tout parent peut également décider de devenir "au foyer". Mais dans ce cas, passé les 3 ans du petit dernier, il n'a plus droit aux aides de la CAF, voire à quelconque indemnité Pôle Emploi (si l'arrêt de travail fait suite à une démission, ou qu'il n'y a pas de recherche effective d'emploi). Dans ce cas-là, le parent au foyer n'est pas considéré comme un chômeur, et ne coûte ainsi rien à la collectivité. C'est donc un choix de couple, de famille, qui se doit de rester dans la sphère privée.

Pourtant, notre ministre du Droit des Femmes, Madame Najat Vallaud-Belkacem a décidé de s'immiscer dans cette sphère privée. Sous couvert de "remettre les femmes au travail" pour lutter soit-disant contre les inégalités hommes-femmes, elle souhaite imposer les revenus des couples mono-actifs (dont l'un est au foyer, donc) comme ceux d'une personne célibataire, en venant raboter la part du quotient familial dans le calcul de l'impôt sur le revenu.

Mais dans mon esprit, l'équation : un seul salaire et + d'impôts = une double-peine, + d'inégalités et surtout la renonciation au droit de choisir de travailler ou non.

Je ne suis pas hostile au changement, et j'espère que ce gouvernement, que j'ai élu en plus, arrivera à mettre en place des réformes-clé pour vraiment lutter contre les inégalités et les discriminations de toutes formes, dans la sphère professionnelle et sociale.

Mais on ne peut se revendiquer de gauche, et vouloir encore plus précariser les familles, car non, Madame la Ministre, les mères au foyer (et les pères, mais on va dire que pour une fois, le féminin l'emporte) n'ont pas toutes (tous) un conjoint qui gagne des dizaines de milliers d'euros par mois.

Alors, parent au foyer, un luxe vous croyez ?

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