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L'immortel

Publié le 05 février 2014 par Olivier Walmacq

Mattei a règné sur Marseille pendant des années avec ses camarades, mais lorsqu'il décide de raccrocher et que l'un de ses anciens associés est trop gourmand, il décide de le tuer. Survivant à une vingtaine de balles, sa vengeance risque d'être expéditive...

L'Immortel : Affiche Jean Reno, Richard Berry

La critique zozottante de Borat

Quand Luc Besson scénarise des films tout en les produisant c'est souvent catastrophique, mais même dans certaines productions où il ne joue pas un rôle majeur (simple distributeur par exemple), le coco a une influence nauséabonde. C'est le cas sur L'immortel sorti en 2010. On savait déjà que Richard Berry n'était pas forcément un grand acteur, c'est finalement encore pire en réalisateur. Alors certes je ne me fie que sur Moi César 10 ans 1/2 1m39, mais clairement L'immortel ne relève pas du tout le niveau. Au niveau de la réalisation, Berry se veut particulièrement nerveux, accélèrant systématiquement le rythme dans les scènes d'action au point d'obtenir des plans saccadés comme tournés à l'arrache façon hystérique. Ce qui n'aide pas du tout à la compréhension de l'action et la réalisation ressemble plus à une montagne russe qu'autre chose. Par contre, quand c'est plus posé on est dans le banal pur et simple. Pour montrer des flashbacks, rien de mieux que ce bon vieux gris pour souligner que c'est vieillot. D'ailleurs parlons-en de ces flashbacks. Ils sont censés nous montrer comment les personnages de Jean Reno, Kad Merad (on y reviendra ne vous inquiétez pas) et Jean-Pierre Darroussin se sont rencontrés.

L'Immortel : photo Jean Reno, Richard Berry

Au niveau des acteurs, seul Gregory Gatignol (le bourrin des Choristes) semble ressembler un minimum à Darroussin, Arthur Mazet et surtout Anthony Sonigo (un des cocos des Beaux gosses) ne ressemblent absolument pas à Jean Reno et à Kad, c'est même assez délirant d'imaginer les jeunes acteurs à la place des vieux tant ce n'est pas crédible une seconde. Ensuite l'utilité de ce flashback est franchement limité, tant il n'informe pas et n'aide pas le spectateur à comprendre pourquoi nos loulous se tirent dessus. Pareil pour ce qui est de la violence du film. La séquence du parking est montée de manière hystérique, Berry montrant aussi bien les tireurs que leurs armes en train d'exploser le corps de Jean Reno filmé en train d'agoniser entre deux musiques d'opéra. La séquence de l'enlèvement de l'homme de main de Reno est absolument délirante. Il s'agit d'un plan large où l'on voit l'homme de main allait à sa bagnole avec un sac, tout d'un coup une camionette prend toute la place du cadre et on entend bien sûr le coco en train de gueuler, la camionette bouge façon cartoon puis s'en va, le cadre nous dévoilant alors le sac seul! La manière de faire relève limite du cartoon tant c'est grossier. On se veut violent mais pas trop hein?! Sans compter le "inspiré d'un fait réel" comprenant uniquement l'agression avec les balles dans le parking. Le reste n'est que de la fiction. On appelle cela une arnaque.

L'Immortel : photo
 "Je mém'énerve pas mais faites votre puputain de boulot!"

Passons dorénavant dans la partie "zone cliché" avec en ligne de mire la fille de Richard Berry, Joséphine (déjà présente dans ses précédents films dont celui que j'ai cité), qui joue la fille de Jean Reno. L'adolescente a droit à tout le cliché ambiant de l'ado rebelle: elle s'habille en sweet capuche, robe gothique, sur sa porte il y a quinze tonnes de panneaux disant "interdit d'entrer", un plot sur une étagère, écoute du hard-rock et évidemment a le bon vieux poster de Nirvana avec la pochette de l'album Nevermind. Cliché! A cela rajoutez de belles portes ouvertes: un flic avec une mitraillette dans un hôpital (cliché!), pendant que des gangsters ramènent des tonnes de flingues au même endroit sans même avoir de flics pour les arrêter (cliché!), une flic veuve et alcoolique (cliché!), un commissaire véreux et aimant Sarko au vue du portrait qu'il met bien en valeur (cliché!), un Jean Reno indestructible malgré qu'il se faufile dans les barbelés (cliché!), des acteurs non-marseillais qui forcent l'accent pour avoir l'air marseillais (cliché!), Jean Reno est un gangster et adore l'opéra (cliché!), des gangsters qui torturent leurs riveaux ou leurs balances (cliché!), le meilleur pote qui te tire dans le dos (cliché!), le méchant en chef qui feinte (cliché!), une poursuite en Audi (cliché!)...

L'Immortel : photo Jean Reno, Richard Berry
 Imaginez Jean Reno se croyant dans Taken: "J'ai des compétences particulières que j'ai acquise au cours des années, faisant de moi un véritable cauchemar pour vous. Si vous me lâcher, ça s'arrêta là. Si vous ne me lâchez pas, je vous chasserai, je vous traquerai, je vous tuerai."

Berry se prend pour Scorsese mais parvient à peine à faire aussi bien qu'un Luc Besson. Evidemment, on a aussi droit à des répliques quelques peu salaces avec bien évidemment tout le discours de Joey Starr (qui s'appelle le Pistachier parce que c'est le seul arbre avec un sexe dixit le bonhomme) mais aussi d'autres bons moments de solitude:

  • Le môme de Fois qui se demande si on lui raconte pas des cracs sur son père: "mais pourquoi il appelle jamais?" Ben parce qu'il est au ciel ton papa, il n'y a pas le téléphone!
  • Un dialogue merveilleux sous GHB et connerie: "ça fait mal au cul les hémoroïdes! -J'ai vérifié!" Décidemment quand on est homme de main de Jean Reno, on est vraiment prêt à fouiller dans la merde.
  • Un homme de main de Merad particulièrement amusant après avoir dézinguer la balance: "L'OM vient de perdre un nouveau joueur!" Ils n'ont qu'à engager Tapie, ils en auront...
  • Une femme entre deux fellations sous le volant (et non je ne blague pas): "Non mais tu sais pas que c'est interdit de téléphoner en conduisant?!" Oui mais retourne à tes occupations chérie!

L'Immortel : photo
 Quand Kad s'énerve à la Al Pacino, sortez les mouchoirs pour pleurer (de rire).

Mais évidemment, ce que vous attendez tous c'est de savoir si Jean Reno et Kad Merad sortent du lot. Pour le premier, ça va il n'est pas grandiose mais il s'en sort un minimum et n'en fait pas trop, à part dans les réglements de compte où il se justifie à chaque fois avant de buter du gangsters. Je ne vais donc pas tirer sur l'ambulance, en revanche pour ce bon vieux Kad, on tient probablement le plus mauvais mafioso du cinéma. Rien qu'à l'idée de le voir en mafioso fait automatiquement rire mais en action, c'est juste que du bonheur. Il surjoue tellement le mafieux entre Tony Montana et Don Vito Corleone que cela en devient un vrai numéro comique involontaire. D'autant que Berry fait rajouter un zozotement qui n'est pas sans rappeler l'enfant de Johnny et Sophie Favier dans un de ses sketchs! C'est un peu comme un des bonhommes des Jean-Michel dont il me délectait durant ses années Comédie. "Ce soir dans notre émission, il est mafieux, il zozotte, c'est Jean-Michel Corzézéone! 'You tallllking tooo me?! Do you understand momother fucker?!"  Impossible de ne pas rire dès que Kad apparaît ou ouvre la bouche pour la simple et bonne raison que ce rôle n'est pas pour lui du tout.

L'Immortel : photo Jean Reno, Richard Berry

Pas forcément parce qu'on n'a pas l'habitude de le voir dans des rôles sérieux (la preuve il était bien dans Je vais bien ne t'en fais pas), tout simplement parce que ce rôle n'est pas pour lui et il n'est pas à l'aise du tout. Sans compter le zozotement qui rajoute au ridicule de la situation. A cela rajoutez que le coco a quelques thématiques particulières sur lesquels il ne faut surtout pas outrepasser. D'abord, on n'a pas droit de fumer chez lui sous menace de se retrouver avec une phrase au ton menaçant type "Tu fume dans ma maison". Kad et le tabagisme passif, ça passe pas! Pareil quand on ne frappe pas avant d'entrer où il te sort un monologue en te tirant les oreilles: "Maître Martinelli, on fffrappe avant d'entrer! (...) J'ai dit on frappe avant d'entrer, je parle fffrançais non? Non seulement vous faites mal votre travail, mais en plus vous êtes mal élevé! Alors vous ressortez, vous frappez et si je dis entrez vous entrez!". Il rigole pas le Kad attention et pareil quand il dézingue verbalement Jean Reno: "devenir honnête ça rouille!" Faut le voir également en train de déglinguer un de ses entrepôts de drogue sous prétexte que Reno est passé. Al Pacino sort de ce corps! Clairement Kad, si tu veux faire une parodie de gangster fait le, mais si tu veux te la jouer sérieux, évite le ridicule parce que là c'est des crises de rires en barre et c'est pas le bon endroit.

Un polar violent pour pas grand chose qui multiplie les clichés grossiers, les scènes inutiles et surtout permet à Kad Merad un numéro comique totalement involontaire.

Note: 1/20 (parce que Jean Reno est correct et sauverait presque le casting)

Note naveteuse: 16/20 (parce que Kad en gangster hahahahahaha j'en peux plus de me tordre de rire!)


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