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Qui a du fer, a du pain !

Publié le 05 février 2014 par Edelit @TransacEDHEC

190 Millions d’euros, c’est le record du plus gros gain à l’Euro Millions. Hormis cet heureux gagnant, pour la majorité l’expression « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » est plus réaliste. On parle de capital humain, un mot savant ou plutôt moins effrayant que le mot « travail » au sein d’une société qui a fait de l’optimisation de l’effort et de l’automatisation son Graal. Depuis que la science a été érigée en discipline reine, le développement technique est devenu une course vers… on ne sait quoi. Le pouvoir pour la richesse ou l’inverse peut être. Vitesse, puissance technique et technologie sont le fer de lance du commerce et de la finance aujourd’hui à l’image de l’envol du trading algorithmique depuis une dizaine d’années. Toutefois, apparaît à ce niveau la première contradiction de la finance moderne. Si l’on recherche puissance et richesse ce n’est que dans un but d’indépendance… au sein d’un système où tous les cours boursiers se font écho. En finance, nous sommes riches PAR les autres à la manière d’un casino.

La finance guerrière

Riche au détriment des autres par la puissance technologique. Le noyau dur de cette formule est l’indépendance. Or on sait très bien par le principe de la spécialisation fonctionnelle, que la paix est garantie par l’interdépendance. En effet, de Montesquieu à Ricardo, si chaque nation se spécialisait dans un domaine unique, le commerce et l’interdépendance qui en résulteraient apporteraient la paix. A titre d’exemple l’Europe et les USA n’ont rien à craindre de la Chine car ils sont le premier marché de la Chine et sont donc certains d’avoir du pain. Un autre exemple est la construction européenne qui a fait du commerce un garant de paix. Donc la vraie question c’est celle de l’intégration. Ceux qui n’ont pas de pain sont les laissés pour compte et ne peuvent avoir que la charité.

L’intégration, le maître mot. Il y a des leaders auxquels il faut s’accrocher ; ces laissés pour compte quant à eux ne peuvent que prendre le train en marche en grillant les étapes. Ainsi une étude datant de 2002 a prouvé que les pays émergents désireux de s’intégrer au plus vite au jeu de la finance optent pour une libéralisation totale et systématique de leurs systèmes financiers et peuvent être soumis à des Krachs. Le résultat est net : hyperinflation au Zimbabwe en 2000, crise en Argentine en 2001, Brésil (2002), etc. Suite à cela, dans un rapport de la Banque mondiale datant de 2006, les institutions financières font « amende honorable ». Elles admettent avoir accordé une trop grande confiance au libéralisme pour faciliter le développement des pays pauvres.

La charité et la dépendance des vis-à-vis des riches sont ce donc tout ce qui leur reste ? La réponse à cette question nous vient de Rabelais et est incontestablement d’actualité. Dans Gargantua, Rabelais oppose Gargantua à Panurge et réfléchit sur l’indépendance. Pour lui, le bon gouvernement est celui qui peut garantir son indépendance par la maîtrise armée. Panurge répond à Gargantua que chaque matin à sa porte des centaines de gens demandent comment va Panurge. Qui sont ces gens ? Ce sont les créanciers : « Alors que je ne suis pas sorti de mon lit, mes créanciers m’apportent du pain ». Il a toute l’intelligence moderne. Si l’on n’a pas laissé tomber la Grèce ou encore AIG c’est que leur faillite entraînerait celle de tous leurs créanciers.  Le meilleur ennemi de la guerre est donc le commerce.

A ceux qui disent que l’argent nous rend libre, il apparaît que les riches et les pauvres sont proches dans leur obsession pour l’argent. Michel Rocard disait lors de son discours pour faire voter la loi sur le RMI : « La solidarité n’est pas la bonne conscience de la modernisation, elle est la condition de sa réussite ».  A ceux qui ont du pain et qui mangent à leur faim, malin est celui qui, disposant de deux pains, échange le second pour du vin…


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