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Pour Hollande a eu tort sur la loi Famille

Publié le 06 février 2014 par Juan
Pour Hollande a eu tort sur la loi FamilleNon, ce n'est pas la faute de la "gauche de la gauche" si Hollande a renoncé à faire voter une loi sur la famille cette année.
Oui, quand il renonce sur un sujet auquel on croit, il faut protester. Certains temporisent: ce n'est pas un abandon, c'est un report. Ils ont peut-être raison. Ils ont sûrement raison. Faisons un peu de politique-fiction, des prédictions de salons: imaginez Hollande en 2016, à quelques mois d'une forcément détestable campagne présidentielle. Et il réactive alors ce sujet sociétal vers la fin du mandat, histoire de plonger la droite dans la plus grande confusion. Il ré-agiterait alors ce "Tea Party" qui n'est pas un parti ni même un mouvement structuré. Ce serait méchamment cynique. Mais pour l'heure, on juge ce qu'on a, un report sine die sous la pression "de la rue", d'une rue réactionnaire.
 
On peut quand lucidement observer comme Hollande gouverne: il gouverne sur le fil, sur un fil qu'il espère solide; une trajectoire que nous critiquons ici, et qui peut se résumer en un triptyque d'arguments: (1) triangulation de l'adversaire, (2) apaisement des tensions, (3) réduction des déficits.
Vous ne trouvez rien de gauche là-dedans ? Vous avez raison. Il n'y en a pas. Nous répétons depuis des semaines combien Hollande a oublié sa gauche, peu importe où individuellement nous plaçons politiquement désormais cet homme. Le jeu des étiquettes n'a absolument aucun intérêt ici. Ce qui importe, c'est ce pourquoi on a voté, ou pas, la prise en compte de la réalité mais aussi le respect des promesses.
Techniquement, Hollande ne réussit pas forcément sur ces trois terrains. Il triangule bien, fort bien, trop bien. Il réduit les déficits, mais moins vite que prévu. L'économie s'est affaissée à nouveau en 2012. Le chemin est loin d'être terminé. Le redressement fiscal qui, quoiqu'on en dise, a davantage porté en valeur sur les plus riches et le entreprises, a aussi fragilisé le plus grand nombre, des ménages modestes pour qui l'effort supplémentaire même modeste était l'effort de trop. En matière de tension, elles sont toujours nombreuses et vives. Certaines sont spontanées, d'autres provoquées volontairement ou pas. Quand on relit la chronique des premières années Sarkozy, on réalise qu'Hollande a une pratique politique plus apaisante, plus respectueuse que son prédécesseur.
Quand une tension apparaît, Hollande compose, négocie, ou ... cède. A"gauche de la gauche", on répète souvent combien Hollande "cède sous la pression". Jean-Luc Mélenchon avait qualifié Hollande de "capitaine de pédalo". Donc, assez fort logiquement, on aurait du attendre de cette "gauche de gauche" qu'elle se mobilise tant qu'elle peut sur les sujets qui lui tiennent à coeur. Elle l'a fait, sans succès, sur la réforme des retraites ici même critiquée. L'atonie des forces sociales nous interrogent tous. Sur cette dernière reculade sur la loi famille (et la PMA), si Hollande est si sensible à la pression, il aurait fallu créer cette pression.
Car, à l'inverse, on observe, parfois médusé, le dynamisme de la France réac. Le mariage gay l'a activé. Les agitations buissonniennes de l'ancienne Sarkofrance les avaient libéré. C'est un fait qui se constate. Nous pouvons penser que la gauche dans son ensemble est consciente de ce "dynamisme"; qu'il ne s'agit pas seulement d'une fabrication médiatique.
Cette France réac, politiquement, sociologiquement, socialement, n'est pas homogène. Elle rassemble toutes sortes de personnes très différentes. Elle n'est pas représentative non plus de bine des citoyens qui pourtant peuvent être aussi heurté par certaines réformes sociétales. Cette France réac qui manifeste est sans doute politiquement ultra-minoritaire. L'analyse est imprécise, tant les "outils" dont nous disposons sont encore rares (sondages, élections partielles).
Force est de constater que le dynamisme de la "France de gauche" est faible. Même sur des sujets "trans-partis", cette mobilisation est faible. La #Vrauche expliquera que c'est la faute de Hollande dont la politique démobilise. Cet argument, quand il est seul, est faible et irresponsable. La politique n'est pas que l'affaire des autres, l'échec des "autres".
Puisque Hollande est sensible à la pression, il faut créer cette dernière. Non pas a posteriori (c'est trop tard), mais a priori. Le Front de Gauche y travaille parfois, mais pas toujours.
Sur les sujets sociétaux, il est moins actif. Non pas qu'il n'y croit guère, mais il trouve cela (1) acquis et/ou (2) inutile électoralement puisque ces sujets ne créent aucune différence politique avec sa droite immédiate.
Or justement ces sujets sociétaux sont sensibles, ils touchent à notre conception de la vie. Ces réformes accompagnent des évolutions de société, sauf à accepter le clivage. François Mitterrand en 1981, porté par un autre élan, dans une autre époque, avec une autre façon de faire de la politique, avait fait voter l'abolition de la peine de mort. Mais les autres réformes sociétales d'envergure, notamment celles touchant à la famille, au couple, à la sexualité, ont été de longs combats qui nécessitaient une mobilisation collective et sincère.
François Hollande a choisi de reporter une réforme qui heurtait les plus plus braillards.
C'est triste, mais nous en sommes tous, à des degrés divers, et lui le premier, responsables.


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