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En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard LOUIS

Par Jellybelly

en finir avec Eddy BELLEGUEULE

1er roman

Je sors complètement sonnée de la lecture de ce roman !

En quelques mots, il s’agit pour Edouard LOUIS d’une autobiographie dans laquelle il relate sa vie depuis sa petite enfance jusqu’à son adolescence, dans un village de Picardie, au sein d’une famille sombrant dans la précarité sociale et la misère intellectuelle.

Il brosse le portrait d’un microcosme de la fin du XXème siècle et du début du XXIème, régi par des codes qui lui sont propres (la virilité, le machisme, la violence, l’addiction à l’alcool, la pornographie...) et guident les comportements des individus (les relations aux autres, les loisirs – pêche et chasse réservées aux garçons, la sexualité...).

Il dénonce toutes les formes de déterminismes. Celui de la catégorie socio-professionnelle : de pères en fils, les hommes sont ouvriers à l’usine du village, les femmes sont caissières ou vendeuses quand elles ont une activité professionnelle. Celui encore du territoire avec l’enfermement au village : les filles se marient avec des garçons du village, les familles côtoient leurs voisins, ceux du village, l’activité professionnelle, je l’ai dit, se joue dans le village. Celui enfin de la précarité sociale : à force de ne pas pouvoir, les gens ne pensent même plus à vouloir...

Il y évoque l’omniprésence de la télévision, facteur d’identification pour les populations qui l’ont, au point de dénommer leurs enfants comme ceux des séries américaines diffusées (origine du prénom d’Eddy). Cet accessoire aurait pu servir à découvrir les autres, le monde... mais là encore, les émissions qui sont regardées sont des émissions populaires.

Une chose m’a terriblement frappée, c’est le mimétisme des générations. "Les mêmes expériences que reproduisaient avec exactitude les habitants du village, génération après génération, et leur résistance à toute forme de changement." (p. 49)

Alors, imaginez dans quelle situation Edouard LOUIS pouvait bien se trouver face à une homosexualité qui s’affichait jusque dans sa motricité, les expressions de son corps...

La très grande force de ce livre repose, me semble-t-il, dans l’absence de jugement. Edouard LOUIS se contente de relater des faits, des propos, et laisse ainsi le lecteur décoder en fonction de sa propre éducation, sa propre culture, ses propres références. Jusqu’au bout, il dira avoir voulu leur ressembler.

Personnellement, j’ai ressenti à la lecture de ce livre une très grande violence. Edouard LOUIS est victime d’humiliations permanentes, par les mots, par les actes. Tout son environnement le rejette et lui est hostile, les écoliers de son âge, sa propre famille qui voit sa différence comme de la folie.

J’ai mesuré, une nouvelle fois, à quel point la maîtrise du langage peut permettre d’ouvrir les horizons et d’offrir aux individus cette capacité à s’émanciper, acquérir une certaine forme de liberté.

Il est aujourd’hui étudiant à l’Ecole Normale Supérieure. Comment un enfant peut-il vivre dans un tel univers, imperméable à toute forme de culture, et devenir ce qu’il est ? J’avoue être un peu frustrée de devoir l’abandonner alors qu’il n’a que l’âge du lycée. Il me manque une partie de sa vie, celle de son parcours personnel depuis son départ de la maison familiale jusqu’à aujourd’hui. Mais, peut-être nous réserve-t-il un nouveau livre pour traiter cette période ?

Vous avez envie de l'entendre évoquer ses motivations avec ce livre. Visionner l’émission La Grande Librairie du 9 janvier dernier : http://www.france5.fr/emissions/la-grande-librairie/diffusions/09-01-2014_162626

Si je ne devais retenir qu’une seule chose de ce livre, c’est que

tout est possible !

N’est-ce pas l’essentiel ?

Annie


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