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Chuck Dixon et Doug Moench – Batman, Knightfall, La fin (Tome 5)

Par Yvantilleuil

Chuck Dixon et Doug Moench - Batman, Knightfall, La fin (Tome 5)Voici donc déjà le dernier volume de cette imposante saga publiée entre 1993 et 1995, qui inspira Christopher Nolan pour son long métrage The Dark Knight Rises.

Le premier tome abandonnait le Dark Knight, la colonne vertébrale brisée sur le genou de ce vilain qui est d’ailleurs magistralement interprété par Tom Hardy au cinéma : le terrifiant Bane ! Le deuxième volet proposait la fin de « Knightfall », avec le remplacement de Bruce Wayne par Jean-Paul Valley dans le costume de Batman, ainsi que les premiers épisodes de « Knightquest: The Search », qui voyait un Bruce Wayne en fauteuil roulant se rendre sur l’île de Santa Prisca à la recherche du Dr Shondra Kinsolving et du père de Tim Drake. Les deux tomes précédents livraient non seulement la suite de « Knightquest: The Search », mais surtout la saga « Knightquest : The Crusade », qui relate ce qu’il se passe à Gotham durant l’absence de Bruce Wayne, ponctué par le rétablissement miracle de ce dernier.

Cette nouvelle brique édité par Urban Comics contient les épisodes Batman #509-510, Batman: Shadow of the Bat #29-30, Detective Comics #676-677, Legends of the Dark Knight #62-63, Robin #8-9, Catwoman #12 et Shadowcase ’94 #10 et propose donc la conclusion de cette saga, marquée par le retour du vrai Batman à Gotham City. Pour rappel : Les scénaristes ont profité de l’incapacité de Bruce Wayne pour enfiler son costume de chauve-souris sur les épaules de Jean-Paul Valley, alias Azrael, qui poursuit ici sa croisade en tant que nouveau Batman de Gotham City, tout en sombrant de plus en plus dans la folie. Le but des auteurs est clairement de proposer un héros beaucoup plus sombre et plus violent, totalement dans l’air du temps. Le début des années 90 est en effet marqué par la popularité de super-héros beaucoup plus borderline tels que le Punisher ou Wolverine. La défaite de Bruce Wayne face à Bane permet à Gotham City de sombrer dans la violence et de créer un environnement particulièrement propice à la création d’un Batman aux méthodes beaucoup plus expéditives. Ce nouveau Batman qui inquiète ses proches, arbore également un nouveau costume plus high-tech et plus menaçant.

Si l’idée n’est pas forcément mauvaise, les missions de ce nouveau protecteur de Gotham ne sont malheureusement pas extraordinaires et les ennemis cyborg du nouveau Darknight manquent cruellement de charisme. De plus, la plupart des intrigues sont inutilement tirées en longueur sur plusieurs séries en parallèle, ce qui les rend encore moins attractives. Mais, le but de ces affrontements est bien évidemment de poursuivre le développement psychologique de ce personnage qui sombre progressivement dans la folie. Entre ses pulsions meurtrières, ses hallucinations, son conditionnement et le poids qui consiste à endosser le costume de Batman, les auteurs dépeignent un héros violent au comportement assez psychotique, qui ne suscite aucune empathie auprès du lecteur. Si le but est probablement de créer un personnage tellement détestable, incitant ainsi le lecteur à vouloir le retour du véritable Batman, l’envers de la médaille est que le lecteur ne s’attache jamais véritablement au personnage. Le but est évidemment d’accentuer la différence entre le plus grand détective de Gotham et ce justicier ultra violent qui n’arrive pas à tromper le lecteur, ni son entourage. Tout n’est évidemment pas à jeter. Je pense par exemple à la question finale – « Batman doit-il tuer les vilains ? » – que pose inévitablement ce basculement du Chevalier Noir du côté encore plus obscur de la force.

Mais cette conclusion est surtout marquée par le retour tant attendu de Bruce Wayne… même si le lecteur doit une nouvelle fois se montrer très patient car avant de pouvoir virer ce misérable ersatz de Gotham City, Bruce doit retrouver la forme. Et oui, malgré sa guérison miracle en fin de tome précédent, le garçon doit suivre un entraînement intensif pour pouvoir redevenir le super héros qu’il était. Si le fait de se tourner vers Lady Shiva pour arriver à ses fins ne colle pas trop au personnage, la série de combats qui vise à le remettre en forme à au moins le mérite de dynamiser se tome après deux volumes plutôt lents. Les adversaires que doit affronter notre ami durant sa convalescence manquent certes de charisme et les combats deviennent assez vite répétitifs, mais cela permet de rythmer l’album et d’amener le lecteur vers l’affrontement final entre Bruce Wayne et Jean Paul sans s’endormir au passage. Si la première confrontation particulièrement explosive entre le Batman originel et son remplaçant tient toutes ses promesses, la seconde, plus pacifique, parvient à mettre en avant le caractère moins violent et plus raisonné de Bruce, mais est expédiée un peu trop rapidement.

Outre le retour de Batman, il faut également saluer la présence de Catwoman, Robin et Nightwing car l’absence de tous ses personnages créait un vide beaucoup trop grand lors du tome précédent. Dans ce tome, le lecteur ne doit donc plus choisir entre une ville de Gotham sans héros attachants ou des aventures de Bruce Wayne au sein d’un environnement qui fait forcément regretter la ville de Gotham. Batman et Gotham sont enfin réunis !

Bref, si cette conclusion n’est pas mauvaise, il faudra surtout retenir les débuts de cette longue saga. Et ceux qui n’ont pas encore eu leur dose, peuvent enchaîner avec « Batman – Fils prodigue), qui propose la suite de « Batman – Knightfall », avec un Bruce Wayne qui abandonne une nouvelle fois sa tenue de Batman, cette fois à Dick Grayson, alias Nightwing, avant de revenir définitivement.


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