Magazine Beaux Arts

Luis Tomasello : les particules élémentaires

Publié le 13 février 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

C'est dans l'indifférence générale que vient de disparaître à Paris l'artiste Luis Tomasello (1915-2014). Pour ce plasticien d'origine argentine, installé en France depuis 1957, on attend encore les articles de presse sur son itinéraire, sur cette vie qui a traversé un siècle complet.

Luis Tomaselloe en 1995

Luis Tomasello en 1995

Argentin de France

Dans la vague des artistes argentins venus s'installer à Paris (Hugo Demarco, Eduardo Jonquières, Juan Mele, Julio Le Parc, Antonio Segui notamment), il fut l'aîné de tous. C'est bien Luis Tomasello qui très tôt intègre la galerie Denise René et le groupe de l'art cinétique. Ce sont de nombreuses expositions personnelles qui lui ont été consacrées dans le monde entier. Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris lui offre en 1976 une importante rétrospective. En 1985 c'est le Musée d'Art Contemporain de Madrid  qui l'honore également d'une grande exposition. Dans Dynamo au Grand palais il y a moins d'un an, ses œuvres étaient mises en valeur.
Luis Tomasello est mort à Paris dans le courant du mois de ce mois de janvier sans que la nouvelle circule en France, sans que le moindre hommage lui soit rendu. C'est par une annonce du musée national des beaux-arts d'Argentine que l' on a appris son décès.
Or son œuvre présente une singularité remarquable. Associée à l'art cinétique, son travail ne faisait pas appel au mouvement réel ni même au  mouvement rétinien au sens où le nommait Vasarely.

Less is more

Luis Tomasello : les particules élémentaires

"Chromoplastic Mural" Luis Tomasello Nelson-Atkins Museum of Art Kansas-City

« La règle en ce qui me concerne, expliquait-il,  c’est de faire le maximum avec le minimum. Avec un seul élément et sa répétition, on trouve beaucoup d’autres choses. Ainsi avec un cube, son orientation, sa couleur, avec ce seul élément, tout devient un monde. »

Si bien que cette façon à lui d’appliquer le « Less is more » de Ludwig Mies van der Rohe se jouait entre peinture, sculpture et architecture. Peinture ?  L’artiste travaillait sur un support auquel il appliquait le noir, le blanc, parfois la couleur. Sculpture ? Son travail sur le cube multiplié à l’infini n’ignorait pas le volume. Architecture ?  C’est bien souvent dans cette intégration murale que ses œuvres s'épanouissent dans les meilleurs conditions..

Particules élémentaires

Luis Tomasello a ainsi développé une œuvre très épurée, qui tend vers l’essentiel, où la lumière joue sur un plan fixe L'artiste nous montrait du doigt  deux responsables majeurs du mouvement dans ses œuvres  : le soleil et le spectateur.Ce travail sur la lumière repose donc sur le jeu avec un élément unique soumis à tous les possibles face aux particules élémentaires, celles de la lumière. Cette révélation a permis de porter l’expérimentation à l’échelle de la cité. Dans les villes, sur les murs des immeubles, l’artiste a créé ses plus grandes réalisations, rendant visible, dans un quotidien si souvent inerte, la richesse ondulatoire de la lumière. Cette démarche subtile marque un chemin très singulier dans la mouvance générale de l'art, entre art concret et art cinétique.
Revenir dans la lumière serait bien le moins que l'on puisse attendre de cet artiste discret  à l’œuvre délicate.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pantalaskas 3071 partages Voir son profil
Voir son blog

Dossier Paperblog