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Les petites histoires du grand David Lynch

Par Jsbg @JSBGblog

Les petites histoires du grand David Lynch

«J’avais besoin d’être séparé de la réalité, mais pas trop, juste d’un pas. D’un petit pas». C’est ainsi que David Lynch explique le choix du noir et blanc pour ses images présentées à la Maison européenne de la photographie de Paris (MEP) sous le titre « Small stories » jusqu’au 16 mars 2014. 

Un petit pas qui emmène le visiteur au cœur de l’univers onirique du cinéaste, cette fois-ci par un autre médium que la vidéo. Connu effectivement davantage pour sa filmographie que pour son œuvre graphique, Lynch n’en est pourtant pas à son coup d’essai puisque la Fondation Cartier pour l’art contemporain lui consacrait, en 2007, une superbe rétrospective intitulée « The Air in on Fire », réunissant photographies, dessins, peintures et créations sonores. Formé aux Beaux-Arts de Boston, Lynch se tourne vers le cinéma dès 1976 et remporte un premier succès en 1980 avec Elephant Man. Durant trente années, le réalisateur marque de son empreinte l’histoire du cinéma par sa poésie, son surréalisme et son sens, non conventionnel, de la narration.

Les petites histoires du grand David Lynch

En déambulant parmi plus de quarante images (terme privilégié par leur auteur à celui de photographie) accrochées parfois sur des murs dont la couleur évoque la fameuse chambre rouge de Twin Peaks, le visiteur découvre les petites histoires de Lynch réparties en quatre thème : fenêtres, intérieurs, paysages et têtes. Mais comme l’écriture de ses scénarios et à la manière de cadavres exquis, les images de l’artiste sont bouleversées, déconstruites, surimprimées, recomposées. Des animaux étranges, des objets volants, des lunes dégonflées, des personnages grotesques viennent occuper l’espace de pièces confinées ou de paysages qui ne sont pas sans rappeler l’esthétique d’Elephant Man. Cette référence à l’œuvre cinématographique de Lynch se trouve également soulignée par le traitement volontairement pixélisé, comme une capture d’écran, de certains motifs à l’instar du cheval à bascule sur l’image intitulée Thinking of childhood. Parallèlement à ce foisonnement, les têtes, alignées et mises en scène géométriquement, témoignent d’une sobriété qui est accentuée par le tirage argentique sur papier baryté, donnant au noir une profondeur subtile. Mais en les regardant de plus près, chacune d’elles ressemble davantage à un paysage lunaire, aveugle, inquiétant. Les mannequins de Giorgio de Chirico ne sont pas loin.

En recevant carte blanche de la part de l’institution parisienne, Lynch, qui a toujours refusé l’autoanalyse, ne propose pas dans cette exposition les clés de lecture de ses fantasmes et de ses peurs. Tantôt poétiques, tantôt angoissantes, tantôt insolites, les images de l’artiste font certes écho à un univers esthétique que les amateurs du cinéaste reconnaîtront facilement. Elles ne créent toutefois pas un monde totalement nouveau comme le ferait un film. Lynch s’est amusé à semer des pensées intimes et des motifs familiers au gré des images pour pousser le spectateur à la réflexion, à l’évocation de souvenirs et, finalement, à la narration de ses propres petites histoires. Car comme aime à le répéter l’artiste, « la vie est un jeu, comme la photographie ».

- Virginie GalbariniCultissime.ch

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Informations pratiques:

« Small Stories »

Jusqu’au 16 mars 2014 (du mercredi au dimanche)

Maison Européenne de la Photographie

5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris

www.mep-fr.org/

Les petites histoires du grand David Lynch

Photo 1: « Thinking
of
childhood, » 
©
 David
 Lynch
, Courtesy 
Galerie
Item,
 Paris

Photo 2: « Head
 #15, » 
©
 David 
Lynch
, Courtesy
 Galerie
Item,
 Paris


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