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Questions d'opposition de gauche

Publié le 14 février 2014 par Despasperdus

Le collectif Gauche d'Opposition semble susciter quelques désapprobations au sein du Front de gauche. Comment ça, des citoyen-ne-s et des militant-e-s osent créer une énième organisation qui se réclame du Front de gauche ? Allez mes ami-e-s, on déstresse, c'est la saint valentin !

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Tant que le FDG demeurera un cartel de partis, des citoyen-ne-s non encarté-e-s se garderont de s'engager dans l'une des composantes du FDG, ne voulant pas "rouler" pour Mélenchon, Autain, Piquet, Laurent ou leurs successeurs. Un ressenti qui doit être encore très partagé parmi les sympathisants du FDG depuis l'épisode des municipales.

Alors que l'époque est désespérante avec l'idéologie dominante qui assène qu'il n'y a pas d'autre politique possible, et le rouleau-compresseur publicitaire et médiatique qui essaie de réduire les citoyen-ne-s à des consommateurs, la création de petits comités ou d'associations est un signe de résistance politique qui devrait tous nous réjouir.

Si Opposition de gauche et d'autres permettent d'intéresser à la politique de nouveaux citoyens et de faire de l'éducation populaire, d'apporter de l'oxygène et du sang neuf, pourquoi ne pas les accueillir fraternellement plutôt que de leur balancer des boulets, rouges forcément ?

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Pourquoi, d'autant que le Front de gauche est particulièrement mal en point ? Certes, des convergences existent entre le FDG, les courants critiques d'EELV et la gôche du PS, mais jusqu'à présent elles n'ont produit aucune dynamique. A notre stupéfaction, le FDG est entrainé par l'impopularité croissante d'un gouvernement qui se réclame lui aussi de la gauche.

Certes, notre message cohérent est brouillé et censuré par les médias dominants, dont quelques uns, particulièrement abjects, assimilent le Front de gauche aux nervis du Front national. Mais j'estime que l'une des faiblesses du Front de gauche est sa frilosité au niveau du débat d'idées.

Avouons-le franchement, L'Humain d'abord est une bonne base de programme, que j'ai été fier de porter à ma modeste place, mais ce programme manque cruellement d'originalité et de radicalité. Ne s’apparente-il pas à une énième gestion du capitalisme, certes progressiste et humaniste, mais finalement, sans rupture ? Cette absence de rupture n'est porteuse d'aucune utopie susceptible d'emporter l'adhésion des masses.

Aussi, en voyant les quelques liens publiés sur le site d'Opposition de gauche, comme ceux de l'ami du cri du peuple, de Jacques Sapir, ou d'Aurélien Bernier, j'espère qu'au niveau des idées, ça va enfin bouillonner. Malgré les urgences du moment, profitons de cette période pour réfléchir et proposer des idées sans arrière-pensée politicienne.

Il ne s'agit pas de faire "plus à gauche que moi tu meurs", mais il me semble que certaines idées, qui étaient pourtant bien présentes dans le mouvement révolutionnaire, ont été mises sous la tapis :

  • la démocratie représentative ? Nos ainés s'en méfiaient comme de la peste. On ne peut que constater que c'est une arnaque qui, par le biais du parlementarisme, a toujours servi les intérêts de l'oligarchie, en particulier après une révolution.
  • le tirage au sort ? Évitons la paresse intellectuelle de le jeter aux orties au seul motif que Chouard le défend.
  • la démocratie directe ? Impossible ? Et si on pensait une autre forme d'organisation de la société ? Faut-il conserver un État central même fortement décentralisé? Certains révolutionnaires, en particulier les communistes libertaires, imaginaient un système de communes fédérées.
  • les institutions étatiques ? Faut-il les conserver ou les détruire ? Peuvent-elles servir d'autres intérêts que ceux de l'oligarchie ? Ou ne sont-elles pas intrinsèquement oligarchiques ?
  • L'euro est-il réformable ? Et si la réponse est négative, que faire ? Doit-on le subir malgré tout ? Quand je vois l'énergie dépensée par ses thuriféraires, je me dis qu'il y a anguille sous roche... Mais bon, je ne suis pas un économiste assermenté.
  • L'Union européenne ? Idem. Il faut relire le discours de Pierre Mendès-France lors du Traité de Rome qui annonce la régression sociale actuelle. Avec une vingtaine de pays, ce machin-là me semble impossible à réformer.
  • Le travail et de l'argent ? Le salariat, la concurrence et l'argent sont-ils indispensables pour faire fonctionner l'économie et offrir à toutes et tous des conditions de vie décentes ?

Cette liste n'est pas exhaustive et je n'ai pas de réponses. Mais, si nous ne nous posons pas certaines questions dans la perspective d'une victoire, celle-ci risque de tourner court. D'ailleurs, si nous nous interdisons de les poser et d'y répondre, la Sociale risque de ne jamais de l'emporter.

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