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Hollande impopulaire, et alors ?

Publié le 17 février 2014 par Juan
Hollande impopulaire, et alors ? C'est le grand jeu. Chaque semaine, presque chaque jour que compte l'année depuis son élection, François Hollande se voit évaluer à l'aune des sondages de popularité. On commente ses courbes, calculées à partir de quelques échantillons, comme celle d'une température d'un malade en fin de vie.
40, 30, 20 ... jusqu'où s'arrêtera la chute ?
"Record de mécontents pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Le couple exécutif continue de s’enfoncer dans l’impopularité. Pour François Hollande, cela reste stable en octobre mais toujours à 23%. C’est-à-dire son plus bas niveau depuis le début du quinquennat."
Journal du Dimanche, 16 février 2014

Hollande impopulaire... et alors ?
La popularité est une affaire de circonstances. Depuis quelques semaines, on observe ainsi que les anciens chouchous des cotes sondagières perdent de leur superbe, sans pour aiyant qu'on puisse en tirer quelques conclusions. Ainsi Christiane Taubira serait moins appréciée, tout comme Manuel Valls, son exact contraire politique au sein du gouvernement Hollande.
En France, comment s'étonner d'une cote de popularité présidentielle tombée à 16 ou quelques pourcentages ? En coulisses, on s'interroge. Hollande s'est coupé de sa gauche.
On lit, ici ou là, sur les réseaux sociaux ou dans les blogs, quelques droitistes réclamer ou prier pour qu'Hollande démissionne au motif que sa cote sondagière serait un désaveu politique. Ces gens-là, qu'on ne saurait réduire à la poignée d'excités séditieux du quarteron d'Hollande-Démission, ont un problème avec la République. Celle-ci repose sur des votes, pas des sondages. En France, dans cette quinzième année du 21ème siècle, certains esprits faibles se laissent aller à des comportements anti-républicains ou franchement séditieux. Les plus virulents des antisarkozystes ne réclamaient pas une démission de l'ancien monarque Nicolas. Celui-ci pourtant accumulait des casseroles judiciaires qu'il aurait été "empêché" assez rapidement si nous étions états-uniens.
Réclamer la démission d'un président au motif de mauvais sondages est illégitime, anti-démocratique, et sans doute assez crétin.
Car la marge de manoeuvre de François Hollande est politiquement immense: nous sommes en Vème République, qui l'a oublié ? Son opposition est majoritaire dans les sondages, minoritaires dans les urnes car divisée entre une gauche déçue ou radicalisée, un centre disparu, une UMP désemparée et un Front national silencieusement triomphateur. Hollande est au centre de tout cela. Son avenir politique au-delà de ce premier mandat est compromis car la gauche ne se mobilisera plus. Pour les prochains scrutins, nombre de leaders socialistes pointent le risque de l'abstention.
Mais cela ne donne pas pour autant de visibilité aux alternatives: la "gauche de la gauche" n'a pas fait la démonstration politique de ses forces ni de son élan. Le Front national serait une rupture néo-fasciste - au sens quasi-historique du terme. L'UMP est rongée par des rivalités internes et une "Tea-partisation" d'un segment de son électorat. Quand au centre-droit, il ne se différencie de François Hollande que par son aptitude à s'allier à l'UMP elle-même tentée par le FN. Bref, il n'y a pas de front anti-Hollande comme il y avait u antisarkozysme protéiforme capable de virer l'ancien monarque.
Hollande subit un désaveu personnel sur fond d'indifférence collective plus ou moins rageuse.
La marge de manoeuvre de François Hollande est si politiquement immense qu'on ne comprend pas la droitisation de son discours. Sur le fond, la pratique n'a pas changé. Les 30 ou 35 milliards d'euros d'allègements de cotisations familiales des entreprises ne sont qu'une annonce. Le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi ne coûte pas (encore) 20 milliards d'euro. La (mauvaise) loi de flexi-sécurité adoptée en 2013 n'a ni supprimé le CDI, ni accéléré les plans de licenciement.
Bref, la politique de l'offre se réduit à peu de choses dans les faits. Elle agite la gauche, agace la droite, rassure les éditocrates et quelques patrons. Le discours, et les textes, sont là, et forts. Hollande suit une voie qu'on nous décrit comme inéluctable à plus d'un titre: elle serait conforme à l'intime conviction de l'actuel locataire de l'Elysée, à l'environnement économique général, aux souhaits de la majorité de nos concitoyens.
En réalité, rien n'assure la validité de ce triptyque quasi-idéologique: en démocratie, l'intime conviction d'un homme compte moins que la conviction du plus grand nombre. Si la réduction des déficits semble une évidence, rien ne prouve qu'améliorer les marges des entreprises relancera la consommation (sic!). Mais, plus essentiel encore, qui peut dire que nos concitoyens sont convaincus par cette politique de l'offre si théorique ?
Personne.


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