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Le vent se lève

Publié le 21 février 2014 par Dukefleed
Le vent se lèveMiyazaki tire sa révérence avec grâce et pesanteur
Ce film est inspiré de la vie du concepteur du chasseur « Zero » qui durant la seconde guerre mondiale fit des ravages dans les rangs alliés dans le Pacifique. Cet avion fût celui aussi utilisé par les kamikazes japonais allant se crasher sur les porte avions américains. Un appel au boycott du film a été donc lancé aux EU. Pourtant chez Miyazaki la poésie est toujours plus prégnante que l’Histoire.Ce fameux inventeur se prénomme Jiro. Dans les 20’s, on le voie enfant assoiffé de pouvoir voler. Mais sa myopie le contraint à renoncer, qu’à cela ne tienne, il deviendra ingénieur en aéronautique. De son enfance à la création d’un bombardier engin de mort, loin de ses rêves d’enfants ; Miyazaki se consacre encore une fois au thème de la création. Il dépeint Jiro comme un génie porté par des rêves qui vont le dépasser. Et ses rêves sont hantés par un inventeur italien fantasque et haut en couleur : Giovanni Caproni. A travers la vie active et affective du héros, Miyazaki en profite pour dresser un portrait du Japon de l’entre deux guerres. Et cette description d’un Japon sous développé désireux de rattraper son retard technologique par l’imitation et l’innovation est très juste sans être didactique. Et puis Miyazaki a une attention extrême sur tous les détails, il parvient même à rendre magnifique tous les plans sur les ateliers de montage des avions. Au début du film, il montre le séisme du Kanto de 1923 qui ravagea une grande partie de l’île, cette scène est magnifique et montre bien le peuple japonais paré à affronter tous les coups durs. Dès cette scène, l’esthétisme Miyazaki nous conquiert. Il décrit aussi avec beaucoup de soin toutes les mœurs nippones, la vie familiale, les habitations,… Chaque plan est comme une aquarelle animée : aucun personnage immobile, des scènes de vie à l’arrière plan de la scène principale, des prises de vue et des mouvements d’image audacieux. On assiste à une véritable mise en scène de génie rarement aussi travaillé dans le dessin animé. Il faut dire que chaque projet lui prend 4 à 5 ans, on comprend qu’à 73 ans il renonce à partir sur un 12èmelong métrage. Bon çà c’est dit chez Miyazaki, c’est toujours d’une beauté à couper le souffle mais c’est aussi toujours très bienveillant et jamais manichéen et çà fait beaucoup de bien.Comme souvent chez Miyazaki, mais encore plus ici, ce film n’est pas destiné aux enfants. Les sujets abordés ne leur parlera guère, le propos est aussi d’une réelle gravité, le récit est dense et elliptique, crépusculaire et solaire. Les scènes aériennes sont d’une légèreté, nous, spectateurs, nous sentons aussi légers que des plumes. Cet opus est à la marge de sa création habituelle ; point de fantastique, de science fiction, de créatures fantasmagoriques ou de demi-dieux fantasques. Son récit est ancré dans le réel. Dans ce film, Miyasaki lorgne clairement vers un autre classique du manga japonais : Isao Takahata pour « Le tombeau des lucioles ». Ce qui explique encore qu’il soit hermétique pour le jeune public.Après tous ces éloges, ce dernier opus ne sera malgré tout pas le plus marquant de sa création. Le réel lui réussi moins que son domaine de prédilection, le conte fantastique. Les scènes s’allongent souvent un peu trop et les personnages ne sont pas suffisamment incarnés.Par sa beauté esthétique, il mérite incontestablement le grand écran.
Sorti en 2014

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