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"Ne pas avoir lu ou ne pas lire sur-le-champ Septentrion est foncièrement immoral" (1)

Par Shalinee

Au commencement était le sexe...

Le monde s’ouvre comme un énorme utérus en feu. Le monde est femelle, comme l’est la Création. Et putain, impudique, comme l’est la femelle. Père. Fils. Esprit. Triangle sacré du pubis. Le sexe-roi. C’est partout la famine. Etreindre. Prendre. Jouir. Le monde est vautré, nu, offert à la fornication dans sa splendeur maligne et dans sa purulence, tous ses abcès ouverts. Sous les yeux mêmes de l’innocence qui cherche.

Cette première phrase de l’Incipit: « Au commencement était le sexe », phrase choc, laconique, profanatrice qui fait également allusion à celle de Louis Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit : « Au commencement était l’émotion » résonne tout au long de Septentrion comme une obsession. Obsession du sexe. Tout comme l’obsession d’écrire, les deux axes principales du livre. Septentrion est en effet l’une des fresques autobiographiques de Calaferte avec Requiem des Innocents, Partage des Vivants entre autres, qui a comme fil conducteur le thème du sexe et de l’écriture, et comme trame narrative les années d’errance et de doutes de l’auteur avant la publication de son premier livre.

Taxé de pornographique à sa sortie en 1963, le livre fut pendant longtemps interdit à la publication jusqu’à 1984. Certes, beaucoup de passages dans Septentrion sont profondément obscènes car l’auteur nous livre son espace intime dans les moindres détails, mais la sexualité faisant partie intégrante de l’Homme, il devient donc impossible de saisir le portrait de celui-ci dans sa totalité tout en faisant abstraction de sa vie sexuelle. L’écriture apparaît ainsi plus crue, authentique, brutale aussi car on retrouve dans Septentrion le même style que dans Requiem des Innocents : cruel, argotique, transgressif, bref profondément moderne. Un seul « risque » cependant de lire ce livre : celui de trouver vos autres lectures beaucoup trop fades après avoir goûté au style flamboyant de Calaferte.

(1) Philippe Sollers (Le Nouvel Observateur)


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