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Réduction du déficit commercial extérieur : un autre trompe-l’œil ?

Publié le 27 février 2014 par Jblully

Globe terrestre en 3D illustrant le commerce mondialLa baisse du déficit commercial extérieur aura ces derniers jours davantage retenu l’attention que les réalités statistiques qu’elle recouvre : un recul des importations françaises et non pas une augmentation des exportations françaises.

Certes, on ne rectifie pas, en quelques mois, une tendance lourde – la perte de parts de marché mondiale de la France depuis plusieurs années –sans compter que l’année 2013 aura été décevante pour la croissance dans les pays émergents, source de demande additionnelle majeure pour les produits français.

Pour autant, la réduction du déficit commercial ne risque-t-elle pas de s’afficher, pour longtemps encore, comme un trompe-l’œil car au-delà de cette difficulté d’appréhension statistique, se pose plus largement la question récurrente des facteurs à l’origine de la faible performance des entreprises françaises à l’international. On se réjouit aujourd’hui du nombre croissant, depuis deux ans, d’opérateurs à l’export. Il ne saurait, d’ailleurs, être disjoint des efforts du gouvernement et des acteurs du système d’appui et d’accompagnement des entreprises dans leur développement international.

En fait, il est avant tout le résultat d’un processus déjà observé dans le passé où les entreprises françaises s’engouffrent sur les marchés étrangers quand la croissance interne faiblit mais reviennent rapidement sur le marché national quand le vent tourne. Ce phénomène observé en 2009-2010 pourrait bien se réitérer en 2014-2015 sauf à ce que les nouveaux entrants aient aujourd’hui compris qu’une stratégie d’internationalisation s’inscrit au moins à trois ans. Quand on ramène les exportations françaises au nombre d’opérateurs, le volume par exportateur n’a évidemment pas augmenté. Comme le souligne un récent rapport de la CCI Paris Ile-de-France, il est alors préférable d’accompagner moins d’entreprises exportatrices mais davantage dans la durée pour des volumes d’exportation plus importants à terme.

Enfin, un autre effet trompe-l’œil de la baisse du déficit commercial tient à ce que les statistiques commerciales brutes n’ont plus la même pertinence qu’hier. On n’exporte plus un produit vers un pays mais vers le monde entier. De même, on n’importe plus un produit d’un pays mais du monde entier. L’éclatement de la production à travers le monde – ce qu’on appelle les chaînes de valeur mondiales (CVM) – a conduit l’OCDE et l’OMC à développer conjointement une base de données sur le commerce en valeur ajoutée de 58 pays au monde.

Demain, il faudra à la France intégrer ce nouveau mode de mesure du commerce international. Et l’on pourrait découvrir de mauvaises comme de bonnes surprises. Ainsi, le premier partenaire de la France n’est pas l’Allemagne, mais les États-Unis renforçant notre sensibilité au dollar. A contrario, la valeur créée par les services en tant qu’intrants intermédiaires représente, en France, 38 % des exportations manufacturées, soit huit points de plus que la moyenne des autres pays (30 %).

Néanmoins, la même question se posera d’une manière, cette fois, différente : alors que la participation aux chaînes de valeur mondiales est un processus beaucoup plus aisé pour les entreprises, y compris pour les PME, que ne l’était hier l’insertion dans les flux classiques du commerce international – Pascal Lamy le rappelait récemment (Forum Speakers Series, 4 février 2014) –, comment se fait-il que l’on ne compte pas plus d’entreprises françaises à l’international ? La réponse, au moins aussi complexe, pourrait être plus douloureuse car elle aura à voir avec d’autres politiques que le soutien au commerce extérieur…


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