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Jean-François Copé, le père la morale de l’État-nounou

Publié le 28 février 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Emmanuel Bourgerie.

Jean-François Copé, président de l'UMP

Même quand vous ne dérangez personne, les politiques font des lois qui ne les regardent pas. Après tout, peut-être ne savez-vous pas ce qui est bon pour vous ? Jean-François Copé s’est illustré ce mois-ci en parangon de l’État-Nounou, pour sa leçon moraliste autour du livre Tous à poil.

Depuis plusieurs mois, la droite française s’est donné un rôle de Vigilante Masquée, traquant sans relâche une théorie du genre aux allures d’homme de paille. Dernière sortie en date de Jean-François Copé, actuel patron de l’UMP, qui aurait découvert le livre Tous à poil et l’a présenté lors de l’émission Le Grand Jury sur RTL, le 9 février dernier. Ce livre pour enfants dépeint plusieurs personnages dénudés de façon humoristique pour présenter le corps humain. Selon Jean-François, il ferait partie d’une liste d’ouvrages recommandés par l’Éducation Nationale aux classes de primaires, ce à quoi il s’oppose.

Outre le fait que ce soit faux (le livre faisait partie d’une liste suggérée par les parents d’élèves et non l’Éducation Nationale elle-même), M. Copé ouvre ici la boîte de Pandore. Depuis quand est-ce aux politiques de commenter et sélectionner les ouvrages qui doivent être ou non lus en maternelle au nom de ses propres valeurs morales ?

On va me dire que ce que je dénonce est anecdotique. C’est vrai mais depuis plusieurs mois, la droite française s’est repliée sur des questions de morale ou de religion. Elle prétend savoir quels parents sont aptes à éduquer leurs enfants, quels sont les comportements innés des filles et des garçons et maintenant quels seraient les contenus scolaires qu’il faudrait utiliser ou non.

Cette affaire illustre une fois de plus, si c’était nécessaire, que lorsque l’État s’occupe de quelque chose, il en fait un problème politique. Cela pourrait porter à rire, s’il ne s’agissait pas d’une figure majeure de la politique française. Que se passerait-il s’il venait à devenir président en 2017 et nommait Béatrice Bourges ministre de l’éducation ?

Najat Vallaud-Belkacem a malheureusement ouvert cette boîte de Pandore, en faisant de l’enseignement de l’égalité des sexes un combat politique. Elle a transformé un sujet auquel tout le monde était d’accord en un affrontement gauche/droite, et ce faisant elle ouvre un boulevard aux extrémismes farfelus, qui n’hésiteront pas à détricoter les mesures prises sous le quinquennat Hollande pour faire passer leur propre vision de l’égalité des sexes.

Il est par ailleurs drôle de noter que, tout comme Civitas avec le film Tomboy, l’action de Jean-François Copé a plus fait pour la publicité du livre qu’autre chose. S’il voulait que personne ne le lise, c’est raté. Encore une merveilleuse application de l’Effet Streisand.


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