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Femme double

Publié le 27 février 2014 par Gentlemanw

Mon métier m'amène tous les matins vers cinq heures, dans le froid, le vent, la pluie aujourd'hui à pousser la porte de l'arrière-boutique, à saluer mes collègues, à débuter ma longue journée de travail. Pantalon gris en toile, chemise assortie, tablier blanc immaculé, gants et chaussures en plastique. Couteaux et premier quartier de viande, mes collègues me portent les morceaux les plus lourds, même pour eux, je travaille sur des pièces de quinze à vingt kilos. Dépecage, découpage, coups de couteaux par-çi, coups de scies par-là, chaque morceau se détache comme un cours d'anatomie. Ici et là, je retire le gras, les tendons, je nettoie, je coupe, je prépare les morceaux en fonction des commandes et pour la boutique.

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Toutes les deux heures, une pause, mes collègues, nos discussions, nos histoires, rarement la télévision car on s'est couché à 20h30 pour la plupart. Des rires, du café, quelques terrines du chef charcutier, une ou deux baguettes chaudes de notre voisin le boulanger, un casse-croûte rituel, une ambiance d'équipe. Puis arrive l'ouverture, les pièces à désosser, les entrecôtes à couper suivant l'envie des clients, le rôti à juger en fonction du nombre de convives, les poulets qui rôtissent dans le fond, qui dégagent les premiers éffluves gourmands. 

Veau, boeuf, agneau, poulet, viandes et quelques tripes, terrines et cochonnailles nous avons tous un rôle, nos clients préférés, nos tatillons du gras, nos gourmets qui prennent des morceaux plus longuement rassis, des fous du ris de veau. Un petit monde qui change suivant les jours, avec le marché, avec le week-end, parfois on échange des recettes. 

Et l'après-midi, le soir, mes jours de repos, je change de moule, oubliant le tablier blanc, le rouge de la viande, pour me glisser dans la femme que je suis, que je reste d'ailleurs à tous instants. Mes ongles vernis sont toujours présents, mon corps respire mieux toutefois dans sous une robe. 

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Aujourd'hui, balade avant de retrouver un groupe de copines, l'autre femme que je suis revisite les codes de sa féminité. Tailleur, jupe, robe, bottes, escarpins, manteaux, sacs à mains, tous les éléments de ma mode. Aux dernières soldes, j'ai craqué pour deux nouveautés 2013, elles compléteront mes basiques. Car si je suis classique, finalement, j'aime aussi jouer avec les styles. J'ai mis par exemple du temps à trouver la bonne paire de cuissardes, mais maintenant avec mon tailleur gris chiné, elles me confèrent une féminité très moderne, en les associant à la la sobriété. 

Aujourd'hui donc, le fameux legging wet-look, un effet magnifique sur mes jambes, car son aspect brillant et moulant absorbe les courbes, lissent les contours. Je l'ai glissé sous ma robe en néoprène couleur corail, un effet maximum pour aller à cette exposition avec mes amies. Deux matières nouvelles, des nouvelles sensations, des nouveaux repères, mais j'aime le toucher, la coupe un peu corolle de cette robe. Surprenant et confortable, je me glisse sous un manteau de mi-saison, je me sens femme, je me sens bien dans mon corps.

Certes parfois mes clientes me croisent, me voient ainsi, cherchent à qui je ressemble, parfois même me prennent pour la jumelle de la "dame de la boucherie". On rit, mais j'aime autant mon métier, il fait partie de moi, que j'aime choisir des bijoux ou de la dentelle pour un chemisier. vivement le printemps pour les couleurs vives, demain peut-être.

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Je vous laisse, je suis en retard.

Nylonement


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