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A Cannes, on fête une industrie

Publié le 14 mai 2008 par Chroneric

Alors que s'ouvre le 61ème festival de Cannes qui dure jusqu'au 25 mai, on se demande comme chaque année l'utilité d'un tel évènement. Un rassemblement de professionnels sur une côte d'azur prise d'assaut. Les acteurs en compétition en profitent pour se montrer et éventuellement décrocher de nouveaux rôles et les acteurs anonymes tentent de se faire remarquer par un producteur en quête de nouvelles têtes. C'est un étalage de belles toilettes, de belles voitures, de luxe et de volupté. Des tonnes de homards, des milliers de litres de Champagne, des kilos de caviar, une exposition insolente de bijoux, contrastent avec indécence avec la réalité du monde. Quelque part, cela me gêne que l'on fasse tout un étalage de cet évènement qui, somme toute, n'intéressent que les acteurs et cinéastes, professionnellement parlant. Parce qu'il y a évidemment toujours cette partie de rêve qui fait déplacer les foules. Les anonymes qui traversent la planète pour admirer leurs idoles quelques secondes, et de très loin par-dessus le marché.

Au-delà des paillettes et du tapis rouge, il faut se demander comment un festival peut avoir encore un intérêt alors que les films projetés et primés ne rencontrent qu'un succès mitigé auprès du public, à part quelques exceptions. Le cinéma français, même s'il connaît parfois de bonnes années, a dans sa globalité du mal à concurrencer d'autres grandes productions. D'après les spécialistes, les films français s'exportent bien car Cannes permet de vendre ses films. Tant mieux, mais cela veut dire que l'on accorde peu d'importance au public intra muros et ils le rendent bien, c'est donnant-donnant. Pour un commencement d'explications il suffit d'étudier simplement les films en compétition, qui reflètent assez bien le style général.

"Un conte de Noël" qui centre son action autour des membres tragi-comiques d'une famille tourmentée. Une nouvelle fois, une histoire de relations humaines autour de personnages avec leurs travers, leurs envies et leurs problèmes psychologiques. On aime bien faire ce genre de films en France : j'appelle ça des films d'intello. Car c'est bien là le problème. Sous couvert d'analyser les relations complexes entre les êtres humains, on finit par refaire des films "plombs". Je parie qu'au cours du film, des secrets familiaux vont être percés, des personnages vont se détester puis se rabibocher. Bref, l'ennui nous menace. Un conte de Noël qui n'en a que le nom, rien de féerique et qui fasse rêver pour nous sortir quelques instants de notre torpeur quotidienne.

"La frontière de l'aube" qui relate la rencontre entre une star de ciné et un photographe. De nombreux films ont déjà abordé la relation entre un anonyme et une personnalité. Ce qui est nouveau à la rigueur c'est de mettre en scène un photographe qui va analyser la personnalité de la vedette via son objectif, la décortiquer sous tous les angles. Encore une histoire de psychologie. Toute façon, rien que le titre laisse penser que le film n'est pas là pour distraire mais pour interroger. Est-ce que le but d'un film est de nous divertir ou nous laisser ressortir de la séance avec encore plus d'interrogations qu'avant d'entrer ?

Je parais peut-être aigri ou j'ai sans doute la dent dure. Non, je réagis juste spontanément mon ras le bol de nous servir toujours les mêmes recettes cinématographiques. N'oublions pas que le cinéma avait pour origine de distraire et d'amuser le spectateur, de leur faire rêver. Les frères Lumière avec l'arroseur arrosé, la première scène tournée au monde, ou les effets spéciaux de Georges Méliès doivent encore nous inspirer pour produire le cinéma d'aujourd'hui et de demain. Ce n'est pas un appel au secours mais il faut revenir aux fondamentaux et arrêter de nous torturer l'esprit avec des histoires à dormir debout, ou plutôt assis. Contrairement aux livres, un film primé n'est pas assuré à coup sûr d'un succès public.


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