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Quand les lecteurs de Babelio rencontrent Mallock

Par Samy20002000fr

En partenariat avec les éditions Fleuve noir, certains lecteurs de Babelio ont eu la chance de rencontrer Jean-Denis Bruet-Ferreol alias Mallock à l’occasion de la sortie de son nouveau thriller  Les larmes de Pancrace. Apparu pour la première fois en 2010 dans le roman Les Visages de Dieu, le commissaire Amédée Mallock commence à devenir une figure incontournable de la littérature policière ! Qui est donc ce Mallock qui semble être sur tous les fronts ? Une quarantaine de lecteurs de Babelio sont là pour le découvrir.

Amédée Mallock vs Jean-Denis Bruet-Ferreol alias Mallock

Mallock

Immédiatement interrogé sur les liens troubles qui le rattachent à son héros éponyme, l’écrivain JD Ferreol alias Mallock se confie aux lecteurs : Amédée Mallock est né sous sa plume au début des années 2000 et a été conçu à l’origine comme un second rôle. L’auteur explique cependant qu’il s’est peu à peu attaché à ce commissaire et que, prenant de plus en plus de plaisir à écrire sur lui, il décide d’en faire le pion central de ses autres romans.  Pensé au départ comme le contraire de lui-même, comme «un être à part, entre brusquerie et douceur », Mallock se rend compte, à sa grande surprise, que les lecteurs sont touchés par ce personnage et que nombreux sont ceux qui retrouvent le visage de l’auteur dans son commissaire.  Il décide donc de continuer sa route avec le personnage d’Amédée, le développant petit à petit.

A la demande des lecteurs présents, Mallock prend le temps de nous dépeindre son personnage. Amédée donc, commissaire de police d’une cinquantaine d’années, a perdu son fils très tôt, ce qui en fait un homme blessé et meurtri. Les lecteurs de Babelio demandent alors à l’auteur pourquoi le passé du héros est si noir. Mallock explique qu’il a créé cet enquêteur à la naissance de son second fils ; une époque à laquelle il avait peur, peur de perdre ses enfants. C’était ainsi sa façon d’expulser ses angoisses de père. Il a fait le choix de donner un visage résolument humain au commissaire, avec des vices, comme la drogue qu’il prend pour faire taire sa douleur ou désinhiber son esprit. Donc oui, Mallock le commissaire, Mallock le héros est un drogué. Un homme fait de faiblesses et conscient de ses limites, mais aussi un homme qui évolue comme on évolue dans la vie. Au fil des livres, il retrouve sa joie de vivre et recommence à rire. L’auteur souligne que dans chaque roman, une histoire particulière est proposée autour d’Amédée pour permettre au lecteur de mieux le comprendre.

La question se pose alors : quels sont les points communs entre l’auteur et son personnage ? Pourquoi prendre l’alias de son héros ? L’auteur nous répond sans détour, avec un petit sourire : «  pour des raisons pratiques. » Après avoir publié ses premiers romans en tant que Jean-Denis Bruet-Ferreol, il remarque que la longueur de son nom lui porte préjudice. Il choisit donc de le remplacer par le patronyme de son commissaire, dans un souci de facilité. Ainsi, pas de confusion. L’auteur se sent même porté par le nom d’Amédée car apprécié du lectorat. Il précise cependant qu’ils n’ont ni la même vie, ni la même histoire. En fin de compte, Mallock et Amédée Mallock ont des similitudes de caractères mais sont deux personnes à part entière. D’ailleurs, l’auteur nous avoue avoir de grands projets  pour son héros : « Il sera vraiment différent dans le dernier livre. Je veux qu’il y ait une réelle évolution dans la saga. »

lecteurs

Mallock et la construction d’un roman policer

Une fois ces questions d’Amédée / Mallock tirées au clair, les lecteurs se sont intéressés aux pratiques de l’écrivain, de la recherche du sujet à l’écriture du roman. Parce que les livres policiers de Mallock semblent très documentés, les lecteurs lui ont demandé combien de temps il passait à potasser ses sujets et comment il s’y prenait exactement. L’auteur a répondu que si c’est beaucoup plus simple aujourd’hui grâce à internet, ce n’était pas la même chose il y a 20 ans. Il nous raconte ses débuts, lorsqu’il devait acheter les livres médico-légaux, chercher dans les bibliothèques et  attendre que des ouvrages sortent. Il a ainsi accueilli Google comme une bénédiction. Il faut préciser que les recherches de Mallock pour chaque roman durent environ une année. Il se renseigne donc le plus possible, dans les moindres détails et souvent, emporté par son travail de recherche, il découvre ce qu’il appelle des « cadeaux de l’histoire ». Ces cadeaux, ce sont des coïncidences, des correspondances, des événements ou une chronologie qui l’aident dans la construction de son roman. Par exemple, dans les larmes de Pancrace une partie de l’action se déroule au quatorzième siècle grâce à l’un de ces « cadeaux de l’histoire ». Pendant ses recherches, Mallock a en effet découvert une anecdote à propos du Pape et de son goût pour le vin et a donc posé son cadre spatio-temporel dans un vignoble bordelais en fonction de cette trouvaille.

Se pose alors la question de la vérification des informations qui s’avère être bien pensée et bien appliquée.
Dans un premier temps, Mallock vérifie ses dires en recoupant toutes ses informations et en multipliant ses sources. Concernant le domaine médico-légal, il nous avoue avoir acquis de réelles compétences tout en  restant à l’affut des avancées technologiques pour ne pas se faire dépasser.  En termes de géographie, l’auteur avoue quelques faiblesses mais déclare pouvoir s’appuyer depuis quelques années sur Google Earth qui lui permet de se promener virtuellement dans la ville pour repérer les bâtiments, rues et architectures qui lui serviront dans le roman.
Dans un second temps, le service de correction de l’éditeur vérifie tous les détails : les dates sont-elles tout à fait exactes, le temps des trajets en voiture sont-ils réalistes ? Le plus important nous dit-il, c’est d’aller assez loin dans ses recherches pour pouvoir lever l’incrédulité du lecteur et de pouvoir l’emmener toujours plus loin, à la limite de l’étrange et du fantastique.

Interrogé sur les personnages aux très forts caractères qui peuplent son dernier roman, Mallock raconte comment ses personnages se forment et comment il les présente, sans jamais les décrire mais grâce à des petits gestes ou habitudes : Félicien, un personnage important de son dernier roman a ainsi une manière très particulière de rouler ses cigarettes et le juge garde dans ses poches de bien mystérieuses gerbilles. Il préfère suggérer les personnages au lecteur pour qu’il se fasse sa propre image d’eux plutôt que de lui imposer son idée.
« Je ne triche pas » déclare Mallock. Trois jours durant, il rêve d’eux, envisage chaque aspect de leurs personnalités, puis les couche sur papier avant de demander à sa femme de relire et de critiquer.  Mallock nous livre au passage un de ses petits secrets de travail : « J’écris des plans détaillés de 50 pages avant de commencer à rédiger. J’ai aussi des grandes feuilles A3 sur lesquelles j’ai le plan global de mon roman. Je travaille sur un cycle de trois ans : la première année je fais des recherches, la deuxième j’écris, la troisième je relis. Si vous calculez, en ce moment, j’écris ma cinquième enquête et je fais mes recherches sur la sixième ! Donc je sais ce qui va arriver à Amédée ! »

Suite à cette révélation, un babelionaute lui demande si les critiques et avis des lecteurs peuvent faire évoluer son plan. Si la réponse est négative, il concède cependant qu’il est très attaché à son travail d’écriture et qu’il peut être fortement affecté par une critique négative. Car écrire c’est se livrer sans tricher, se mettre à nu devant un lectorat et attendre les impressions de chacun. C’est un moment dur car il s’expose totalement au regard d’autrui, sans carapaces ni faux semblants. Cet auteur, il nous fait un peu penser à Amédée non ?

Enfin, Mallock nous parle de son écriture qui est presque bipolaire : un style poétique et sophistiqué pour illustrer le quatorzième siècle et un plus détendu pour les dialogues. Il joue sur le décalage, tout en veillant à ne pas perturber la lecture de ses adeptes. Le langage familier lui permet simplement de mettre en valeur les passages plus littéraires.

Le mélange des arts

Mallock est auteur, mais aussi peintre, photographe, designer, inventeur. Nous l’interrogeons donc sur ses rapports avec le cinéma. S’il est vrai que le lecteur peut se targuer d’avoir l’impression d’être devant un film, Mallock n’écrit pas pour autant un scénario. Bien que féru du septième art, il nous dit aimer travailler de façon autonome, voir solitaire, chose très compliquée à faire en tant que scénariste ou réalisateur. Si, un jour, ses livres sont adaptés au cinéma, il choisira une personne de confiance et la laissera porter entièrement le projet.

En attendant, son penchant pour cet art se retrouve dans ses livres car il s’interroge toujours sur l’aspect visuel en écrivant une scène.

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Sur ces belles paroles, le débat se clôture laissant place à une séance de dédicaces où Mallock prend le temps de répondre aux questions plus personnelles des lecteurs.

Un joli moment de partage qui nous permet de mieux connaitre cet auteur hors du commun.

Découvrez Les larmes de Pancrace de Mallock, aux éditions Fleuve noir

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