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On y était – Festival Électronique™ #2

Publié le 07 mars 2014 par Hartzine

Photo par Sybil Montet

Photos © Sybil Montet

Festival Électronique™ #2, Confluences, Paris, 8 février 2014

De nos jours, les festivals de musique expérimentale ne sont plus des rendez-vous sinistres pour puristes endurcis. Le public s’est un peu diversifié, l’humour s’est infiltré, et avec lui un léger esprit festif. Le 8 février dernier à Confluences pour le deuxième festival Électronique™, on dansait sur du hip-hop entre les performances, du moins après 22h. Ce n’est pas non plus Spring Break, mais on peut pas dire qu’on avait l’habitude de voir ça entre deux sets de noise aux Voûtes il y a encore cinq ans.

Cependant certains rituels ne bougent pas, comme celui de la « performance de power electronics censée engendrer une catharsis », et on se demande s’ils ne seraient pas devenus un peu désuets avec le temps. Dans cette catégorie ce jour-là à Confluences, on trouvait Strom Varx, qui se limitait volontairement à une durée de dix minutes – choix intéressant qui rappelle les sets expéditifs de Pete Swanson (jamais plus de trente minutes). Une si courte durée suppose que l’expérience devrait se suffire à elle-même, mais on n’est pas sûr de trouver assez à se mettre sous la dent avec ces dix minutes de bruit plus ou moins blanc sur fond visuel quasi-monochrome. Il en va de même pour Evil Moisture, pourtant référence en la matière : sa prestation a certes été gâchée par un volume définitivement trop bas, mais a-t-on encore envie en 2014 de voir un bonhomme nous faire sa petite démo de circuit bending comme un adolescent se tripoterait la nouille dans l’ennui d’un mercredi après-midi ?

D’autre rituels gardent cependant toute leur force : Dror Feiler et Kasper T Toeplitz ouvrent une brèche pendant leur attaque sonore ininterrompue. Le fracas est dense, l’expérience physique comme elle se doit, Freiler ne sait plus à quelle clarinette ou flûte s’en prendre et le public a pris possession de la scène. Dans un registre plus introspectif, Julie Rousse délivre une belle couche d’ambient/glitch toute en remugles et oscillations, à laquelle des visuels façon « Nymphéas de Monet version économiseur d’écran » certes hypnotiques n’apporteront pas grand chose.

Plus rare dans ce genre de contexte, Anne-James Chaton, poète sonore dont les énumérations à bout de souffle ont déjà bien circulé, se rabat à la dernière minute sur ce qu’il appelle ses « vieux tubes », alors qu’il devait dévoiler son nouveau projet, pas encore au point. Visiblement un peu désabusé de performer encore une fois ses célèbres récitations laconiques sur fond de samples vocaux quasi-techno, il lâche vite son texte pour remixer ses morceaux et créer un dancefloor que le public déjà désinhibé n’hésite pas à remplir. Ce même public est d’ailleurs totalement bourré lorsque Robin Kobrynski entame la dernière performance de la soirée. Ça tombe bien, il s’agit d’une installation simple et jouissive : une sorte de prisme lumineux inonde la salle, en synchronisation parfaite avec un son à tendance Mika Vainio dans ses phases les plus techno. L’expérience est grisante, et le prisme multicolore attire comme une lampe anti-moustique. Qui aurait cru qu’on allait ressortir en sueur de Confluences ?


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