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24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi

Publié le 08 mars 2014 par Cinephileamateur
24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi De : Alexandre Arcady.
Avec : Zabou Breitman, Pascal Elbé, Jacques Gamblin, Sylvie Testud, Eric Caravaca, Tony Harrisson, Syrus Shahidi, Alka Balbir, Olivier Barthelemy, Olivier Sitruk, Matthieu Boujenah, Sophie Tapie...
Genre : Drame.
Origine : France.
Durée : 1 heure 50.
Date de sortie : 30 avril 2014.
Synopsis : Elle est entrée dans une boutique de téléphonie sur le boulevard Voltaire. Elle a fait mine de s’intéresser aux nouveaux portables, a obtenu le numéro du vendeur et s’en est allée. Elle l’a rappelé dès le lendemain, lui a dit qu’elle voulait le revoir. Ilan ne s’est pas méfié. Il avait vingt-trois ans, la vie devant lui…
Comment pouvait-il se douter qu’en rejoignant cette jolie fille dans un café de la porte d’Orléans, il avait rendez-vous avec la mort ?
Le vendredi 20 janvier 2006, Ilan Halimi, choisi par le gang des Barbares parce qu’il était juif, est enlevé et conduit dans un appartement de Bagneux. Il y sera séquestré et torturé pendant trois semaines avant d’être jeté dans un bois par ses bourreaux. Retrouvé gisant nu le long d’une voie de chemin de fer à Sainte-Geneviève-des-Bois, il ne survivra pas à son calvaire.
Dans ce film, Ruth Halimi revient sur ces 24 jours de cauchemar. 24 jours au cours desquels elle aura reçu, elle et son mari, Didier, plus de six cents appels, des demandes de rançon dont le montant ne cessera de changer, des insultes, des menaces, des photos de son fils supplicié… 24 jours d’angoisse de toute une famille, contrainte de garder le silence pour laisser travailler la police criminelle.
Mais le 36 Quai des Orfèvres ne sait pas à quels individus il a affaire. Personne ne mesure la haine antisémite qui habite les ravisseurs, et ne s’imagine qu’Ilan allait perdre la vie...
Bande annonce française
"Qui aurait pu croire qu'une chose pareil pouvait arriver à Paris en 2006... Et pourtant tout est vrai, bien trop vrai..."
5.0
24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi
Avant de découvrir "24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi", je n'avais pas vraiment entendu parler de ce projet. A vrai dire, l'affiche ne m'attirait même pas plus que ça. Puis, mon cinéma m'as proposé une avant première de ce film en présence de l'équipe du film. Je regarde de plus près l'affiche et c'est à ce moment là que je vois vraiment que le film traite de ce fait divers qui avait fait grand bruit et qui m'avait un peu marqué aussi d'une certaine façon. Puis je découvre enfin la bande annonce. Plus de doutes, je voulais voir ce film et c'est donc sans hésiter que j'ai réservé ma place pour cette avant première. Pas de Jacques Gamblin, de Zabou Breitman et de Pascal Elbé que j'aurais bien aimé voir mais tout de même la présence d'un Alexandre Arcady à la fois drôle et touchant pour venir nous présenter son dernier film.
Passé sa présentation de vingt bonnes minutes où le cinéaste nous explique ce qui l'as poussé à réalisé ce film, comment Zabou Breitman est arrivé sur le projet (touchant hommage à Valérie Benguigui à qui le rôle était destiné à la base) et l'impact que ce film peut avoir encore actuellement, la salle commence tout doucement à entré dans la pénombre, les murmures cessent et le long métrage commence. On est tout de suite plongé dans cette histoire, dès le premier plan. Au final la présentation lors de cette avant première as fait du bien car le film ne nous laisse pas le temps de respirer et rentre tout de suite dans le vif du sujet.
Et c'est pas plus mal car ce drame tragique n'as pas besoin de surenchère. Le scénario écrit par Alexandre Arcady, Emilie Frèche et Antoine Lacomblez d'après l’œuvre d'Emilie Frèche et Ruth Halimi, la mère d'Ilan est suffisamment puissant, émouvant et poignant qu'il n'y à pas besoin d'en rajouter. D'ailleurs, au moment où j'écris ses lignes (soit quelques heures à peine en sortant de ma projection), je ne sais même pas comment aborder mon avis. Ce drame se passe de commentaire et je suis encore tout retourné par cette expérience que je viens de vivre.
Pourtant, à titre personnel, je dois bien reconnaître que je n'ai pas appris grand chose sur cette affaire. Beaucoup d'encre à couler à ce sujet et j'ai pas eu la sensation de découvrir de nouveaux éléments que la presse n'avait pas évoqué. Cependant, comme l'as dit Alexandre Arcady lors de sa présentation ce soir, on vit dans une époque où, aussi tragique soit il, un fait divers en chasse un autre et vivre ce drame de l'intérieur m'as vraiment bouleversé. J'ai vraiment eu la sensation de faire parti de cette famille. J'ai souffert avec eux, j'ai ressenti la douleur qu'à pu ressentir Ilan (même si ce que j'ai ressenti n'est rien à côté de la barbarie de ce qu'il à vécu) et c'est ainsi que cette histoire m'as retourné.
Je ne l'ai pas lu cette fois pour ensuite passer à la page sport ou people de mon journal. Non, je l'ai "vécu" et c'est là que j'ai pu voir la force du film. Je vais pas m'étaler sur la façon dont à pu conduire cette enquête, sur le déni de notre justice qui à un peu tarder à reconnaitre l'acte antisémite de ce gang, sur le destin qui s'est acharné pour qu'Ilan ne s'en sorte pas... Non je vais pas revenir là dessus car beaucoup d'encre à déjà couler et je pense pas avoir les moyens de vraiment en débattre tant cette cruauté, cette barbarie humaine m’écœure.
De toute façon avec des "si", on referait le monde. Je vais pas ré-écrire l'Histoire donc mais ce long métrage à la qualité de laisser une trace de cette Histoire. Dans une société où on continue de voir le racisme et l'intolérance se propager et où les clichés et la bêtises humaines font dire ou faire à certains des choses d'une stupidité sans nom, ce film fait un peu office de devoir de mémoire. Le grand mot est sorti... Oui on est pas dans le génocide façon "La liste de Schindler" mais ce genre de devoir de mémoire n'en reste pas moins important car voir de nos jours que ce genre d'affaire peut encore avoir lieu est quelque chose d'ignoble.
Il est important de rappeler les dangers du racisme surtout encore actuellement où notre société peine à guérir de ses propres maux et où certains ont encore du mal avec l'esprit de communauté et de vivre ensemble. Bien sûr, ce faits divers à eu lieu il y à peu de temps, il est même peut être encore en mémoire pour certains (comme celui de la fille du RER que le long métrage évoque d'ailleurs) mais ce genre de film reste important je pense car même si il n'apporte pas foncièrement quelque chose de nouveau à l'enquête, le fait de mettre des images sur des mots que l'on à jusqu'à présent juste lu dans la presse rend cette histoire encore plus terrifiante.
Certains penseront peut être que j'en fait beaucoup trop car vraiment on apprends rien de nouveau mais j'ai vraiment été très touché par cette histoire. J'ai eu mal et j'ai même eu du mal à retenir mes larmes à plusieurs reprises tant "vivre" ce calvaire (que ce soit celui de la famille qui attends ou espère soit celui d'Ilan dont on voit la souffrance) à été très dur. Le fait que certaines personnes de ce gang, dont leur chef, n'est même pas conscience de la cruauté de leurs actes est terrifiant. Bref, j'ai beaucoup de mal à mettre des mots sur ce que ce film m'as fait ressentir mais je ne suis vraiment pas ressorti de ma salle indifférent.
Et si on vis cette histoire de façon si bouleversante, c'est aussi parce que le casting est extrêmement convaincant à commencer par une Zabou Breitman excellente en Ruth Halimi. Bien qu'à la base son rôle ait été destiné à la regretté Valérie Benguigui, l'actrice à su interprété son personnage avec beaucoup de conviction. On souffre vraiment à ses côtés, on ressens sa peine, son désarroi. La comédienne m'as vraiment bien plu. Sans jamais en rajouter, toujours dans le bon ton, je trouve qu'elle à su parfaitement joué le rôle de cette mère qui ne comprends pas ce qui lui arrive et qui nous donne sa vérité sur cette affaire.
A ses côtés, j'ai beaucoup aimé aussi Pascal Elbé dans le rôle de Didier Halimi, le père. Très charismatique, l'acteur nous montre son personnage à la fois très fort mais aussi extrêmement fragile. Son charisme n'étouffe d'ailleurs pas l'écran fort heureusement ce qui nous permet de bien ressentir sa peine aussi. Faisant vraiment tout pour assurer même lorsque sa famille semble perdre pied, son personnage est en tout cas fort intéressante t l'acteur l'incarne avec beaucoup de réussite je trouve sans jamais faire la moindre fausses notes.
Niveau charisme, on est gâté aussi par un Jacques Gamblin impeccable dans la peau du Commandant Delcour. C'est un rôle qui lui va vraiment bien je trouve. Il à l'aura nécessaire pour faire un chef de police crédible et la carrure qu'il faut pour s'imposer dans ce récit. D'ailleurs, avec son personnage on sens bien son désarroi également. Le système judiciaire à eu des faillites mais son personnage est montré de bonnes façon. On ne jette pas la pierre sur la police, on sens bien qu'ils ont sincèrement cru faire les bons choix et encore une fois avec des si on referait le monde mais en rendant son personnage convaincant dans sa quête de justice, Jacques Gamblin nous permet d'éviter le piège de la police qu'on enfonce à tort. La justice n'est pas parfaite, il y à eu de grosses erreurs et je comprends que un sentiment d'injustice se fasse sentir mais le vrai coupable reste ce gang sans âme, sans conscience et j'ai trouvé que c'était une bonne chose que le récit ne caricature pas la police et ne fasse pas le procès de la police comme parfois l'on peut le voir et je tenais malgré tout à le préciser.
Du côté policier, on retrouve aussi Eric Caravaca dans le rôle de José Fernandez. J'ai bien aimé l'interprétation de ce dernier. On sens qu'il à son avis, que la situation le dépasse un peu et en même temps, lui aussi on sens qu'il s'est donné à fond pour tenter de sauver Ilan. Quant à Sylvie Testud en Brigitte Farell, elle est aussi très bonne, c'est juste son raisonnement qui parfois nous interpelle (surtout qu'on connait par avance l'issue de cette histoire). Son personnage peut en tout cas ouvrir un autre débat très intéressant sur la place à laisser à la psychologie dans ce genre d'enquête et face à de tels individus.
Puis il y à bien sûr Ilan Halimi, ce jeune pas forcément parfait sur qui le destin va s'abattre de la façon la plus cruelle qui soit. Ce jeune homme débordant de vie qui ne demandé rien à personne et qui à payer le prix fort le fait d'exister alors qu'il ne demander rien à personne. Ce dernier est interprété par Syrus Shahidi de très bonne manière je trouve. On à pas cherché à avoir un acteur qui ressemble à Ilan ce qui est une bonne chose je trouve car on ne tombe pas dans la caricature du coup et l'acteur livre vraiment une très belle prestation. Même si on le voit peu, on souffre avec lui, on à mal et le fait d'avoir vite sympathisé avec lui lors de la scène d'ouverture rend son sort encore plus atroce accentuant l'utilité de ce film à mes yeux qui permet d'aller au delà d'un simple article dans le journal.
Et il y à aussi Youssouf Fofana, le chef de ce gang, cet homme sans âme, sans conscience. Ce barbare capable d'être si atroce qu'on en oublierait presque qu'on doit le qualifier d'être humain. Cette personne qui n'éprouve ni remords, ni regrets... Bien interprété par un Tony Harrisson qui n'as pas choisi la facilité en acceptant d'incarner un tel personnage. Là encore, j'ai apprécié que le film nous décrivent le personnage comme on nous l'as raconté dans la presse sans le diaboliser. Il n'y à rien de plus dangereux que de diaboliser l'humain. Ce qui rend ce drame encore plus poignant, c'est que justement c'est l’œuvre de la "bêtise humaine" et le film nous le montre bien sans chercher à enfoncer un peu plus son personnage qui n'avait de toute façon pas besoin de ça. L'acteur s'en sors vraiment bien en tout cas.
Le reste de la distribution est elle aussi excellente. Chaque acteurs fait son boulot avec toute la retenue nécessaire et on sens l'implication de chacun dans ce récit afin que ce drame reste en mémoire pour nous rappeler le danger de l'antisémitisme. Olivier Barthelemy est atrocement glaçant en Jérôme Ribeiro tout comme les deux comédiennes incarnant les appâts tandis que Alka Balbir reste touchante dans le rôle de Yael Halimi, cette sœur qui elle aussi vit ce drame en se sentant totalement impuissante. L'ensemble du casting à su faire un très bon travail à mes yeux.
Au niveau de la mise en scène, j'ai vu peu de film d'Alexandre Arcady par le passé bizarrement mais ici, il livre quelque chose de très sobre et de très efficace à la fois. A l'image de son témoignage cinématographique, il n'abuse pas de surenchères ou d'effets de style lourdingue. Bien au contraire, le réalisateur à su rester sobre pour nous raconter cette histoire avec toute la simplicité possible qu'il soit. C'est aussi quelque chose que j'ai apprécié car justement, je trouve que ce genre de drame n'as pas besoin d'excès, sa cruauté nous glaçant déjà le dos.
Sa caméra se ballade en tout cas dans ce film avec beaucoup de maitrise. C'est propre, c'est agréable à suivre et le montage est suffisamment plaisant pour que l'on ne s'ennuie jamais et que cette reconstitution des faits n'apparaissent jamais de façon pompeuse. Très lisible avec un montage bien ficelé, si il n'y à rien de bien transcendant à l'écran, on se concentre ainsi un peu plus sur ce qui nous intéresse ici. Je trouve que c'est une bonne chose également que pour ce genre de long métrage que la forme ne prenne pas le dessus sur le fond.
La photographie et l'exploitation de la lumière reste en tout cas très belle. Les décors sont aussi bien exploité comme le mythique 36 quai des Orfèvres qui louait ici pour la première fois au cinéma ses locaux ou encore les rues de Paris où l'on sens bien le côté chasse à l'homme. Quant à la bande originale composée par Armand Amar j'ai trouvé qu'elle fonctionnait plutôt bien. Par moment, elle est peut être un peu trop insistante, elle joue peut être parfois un chouia trop sur le mélo (le récit n'en n'ayant pas besoin pourtant) mais dans l'ensemble, j'ai quand même apprécié les différentes musiques utilisées.
Pour résumer, cinématographiquement parlant, "24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi" n'est pas exceptionnel. Cependant, je lui donne ma note maximale car dans mon ressenti ce long métrage m'as vraiment bouleversé. Ce qui est étrange, c'est que ça m'avait marqué mais sans plus cette histoire en la lisant dans les journaux mais bien que je n'ai rien appris de nouveau, le fait de mettre des images bien concrète sur cette histoire m'as donné l'impression que je la vivais de l'intérieur. Du coup, je ne suis pas sorti de ma projection indifférent. Au moment d'écrire ses lignes, je peine même encore à trouver mes mots mais quoiqu'il en soit, c'est un vrai devoir de mémoire que nous offre ce film. Il ne faut pas oublier que l'antisémitisme peut pousser à ce genre d'atrocité et le fait que ce genre d'histoire est au final pas si lointaine que ça, rend le long métrage encore plus terrifiant. Reconstitution bien écrite et porté par un casting impliqué et une mise en scène qui ne vole pas la vedette à son sujet, ce film faut vraiment le coup d’œil je trouve. Ça permet de ne pas oublier et on ne ressors vraiment pas indemne de la projection. A voir.
24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi
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