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Boüard et déboires, pourquoi il faut lire Vino Business...

Par Olif

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C'est le livre de la rentrée vinique, celui qu'il faut lire entre deux pique-niques vignerons devant un tribunal. Les laquais et les porte-flingues de la jet-set viticole ont préféré tenter de le démolir avant de l'avoir lu, ou en écrivant, dans l'urgence, des billets diffamatoires à la kalachnikov, usant de l'insulte et de propos nauséabonds révélant probablement leur véritable nature, pas bien jolie à voir. C'est sans doute la preuve qu'Isabelle Saporta a visé juste.

Vino Business, c'est le résultat d'une enquête de deux ans dans le milieu des Grands Crus Classés bordelais, plus particulièrement à Saint-Émilion, qui donnera naissance à un documentaire filmé à voir courant 2014. En attendant, le livre se lit vite, se lit bien. Direct, efficace, agréable! Mais ça ne peut pas plaire à tout le monde, c'est sûr.

Plusieurs thèmes, pour illustrer les dessous du business viticole, des thèmes se recoupant parfois: classements, pesticides, INAO, terroirs... Commentés de l'intérieur par une dizaine d'intervenants rencontrés régulièrement (Hubert de Boüard de Laforest, Stéphane Derenoncourt, Jean-Luc Thunevin, Dominique Techer...) ou occasionnellement (Pierre Lurton, Alain Reynaud, Jean-Marc Quarin, Pascal Chatonnet...). Visiblement, certains se sont gentiment lâchés, révélant un monde pas joli-joli, un monde où le vin n'est plus qu'une valeur marchande cotée en bourse et où tous les coups sont permis pour accentuer son profit aux dépens des autres, souvent plus petits que soi. Ce qui choquera peut-être le plus l'amateur de vin naïf, qui croit dur comme fer aux valeurs du terroir, ce sont les critères d'obtention d'un classement (parking suffisamment grand, chai moderne et spectaculaire...), ne laissant que très peu de place à la qualité effective des sols, quand ce n'est pas celle des vins.

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Celui qui morfle le plus, c'est vrai, c'est certainement ce pauvre Hubert de Boüard, prédateur parvenu et imbu de lui-même, qui a intrigué de longue date pour faire classer son Angélus au rang de Premier grand cru classé A et qui doit désormais manger son haut-de-forme pour s'être autant fait sonner les cloches. Il n'est sans doute pas le seul à regretter de s'être laissé aller ainsi à la confidence. À côté de ce panier de crabes sans cesse en train de s'étriller, on retiendra la vision lucide de Dominique Techer, l'exception pomerolaise, obligé de batailler sans cesse pour préserver son petit jardin de Gombaude-Guillot de l'appétit vorace de ses prestigieux voisins.

Bref, un ouvrage édifiant et salutaire, à lire pour se familiariser avec l'univers impitoyable des Grands crus classés, à défaut de pouvoir encore en boire, et en attendant avec impatience la diffusion du documentaire.

Olif

P.S.: pour tous ceux qui préfèreraient se délecter du vin boisson, les occasions ne manqueront pas en ce printemps 2014. Je ne parle évidemment pas de la grand-messe des primeurs bordelais (où Isabelle Saporta ne devrait pas être conviée à une dédicace), mais du salon de Villebarou, par exemple, les 15 et 16 mars.

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