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#Sarkoleaks: du dictaphone de Patrick Buisson aux avocats désorientés

Publié le 12 mars 2014 par Juan

#Sarkoleaks: du dictaphone de Patrick Buisson aux avocats désorientés

Plombé dans les sondages, silencieux devant les caméras, Nicolas Sarkozy laisse d'autres le défendre. Quant à Patrick Buisson, on oublierait presque combien il a conseillé l'ancien monarque avant de sombrer dans le grotesque.

"On nous prend pour des cons"

La remarque venait d'elle-même, au fond de notre cerveau, si naturellement. On nous prend pour des cons. La formule est vulgaire mais résume l'évidence. 


Lundi 10 mars devant le juge, Gilles-William Goldnadel, l'avocat de Patrick Buisson entamait une nouvelle séquence dans la défense de son client, la 3ème version d'une affaire mal entamée, insupportable et grotesque. Après avoir nié tout enregistrement (février), nié avoir enregistré Sarkozy à l'insu de Nicolas, voici l'excuse du Dictaphone. Il faut l'entendre pour la croire.
"Si j'ai bien compris, le dictaphone de mon client s'allume automatiquement à la voix. Si le dictaphone s'est ouvert malencontreusement, tout le raisonnement de monsieur Malka s'effondre. "
Maître Malka est l'un des deux avocats de Carla Sarkozy qui ce lundi devant le juge des référés exigeait l'interdiction de publication des bandes clandestines.
Cet avocat en a même remis une couche à la sortie de l'audience: "Oui, le dictaphone s'est déclenché tout seul à la voix, ce n'était pas la volonté de mon client, j'en suis sûr. Vous ne pensez quand même pas qu'il voulait espionner les graviers !"
Même au Figaro, on en rigole encore.
Le site ATLANTICO, qui avait publié les premiers extraits de conversation, en a retiré une, celle avec Carla Sarkozy. A posteriori, on s'interroge sur la démarche initiale: des trois extraits publiés, celui-là seul justifiait l'attaque en référé de Carla Sarkozy. Etait-ce une bourde d'amateur ou une petite manoeuvre ? Rappelons que l'avocat de Buisson collaborait aussi à Atlantico; et, surtout, qu'il y a une belle contre-offensive sarkozyste pour mieux faire oublier le fond.
Mardi, Christiane Taubira et Jean-Marc Ayrault confirment avoir eu connaissance que Nicolas Sarkozy était sur écoute par la justice. Quel complot !  "C'est la procédure classique", a commenté un haut magistrat, anonyme, auprès du Canard enchaîné : à partir du moment où le juge d'instruction verse les écoutes au dossier, le procureur général transmet les informations à la ministre de la justice." Le président lui-même promet de rencontrer le Bâtonnier.
Pourtant, ce n'est pas Thierry Herzog qui a été placé sur écoute, mais Nicolas Sarkozy.
Pour un peu, on aurait presque oublié l'essentiel... Ce pour quoi finalement il y a eu ces écoutes, inédites sous la Vème République, d'un ancien président dont on ne compte plus les casseroles.

Mardi, Nicolas Sarkozy a gagné une manche, en a perdu une autre.

Quelque 500 avocats se sont ligués pour fustiger l'espionnage de l'un des leurs. Belle initiative, la défense du secret professionnel est leur version du secret-défense. Christiane Taubira a simplement rappelé qu'un avocat était finalement un citoyen comme les autres. Mais sur le fond, l'image était belle, le bruit était fort, Nicolas avait gagné cette manche-là.
On expliquera plus tard, ou immédiatement, que Nicolas Sarkozy fut l'homme qui légalisa l'espionnage des avocats. Le monde est cruel.
Mardi, l'ancien monarque a perdu sur un autre terrain. S'il s'est ainsi activé ces derniers mois pour connaître ce qui se passait dans les coulisses de la justice, au prix d'une violation supposée du secret de l'instruction, c'est qu'il devait être inquiet. Ce 11 mars, la justice tranchait sur l'un de ses recours, il voulait récupérer ses agendas de la période 2007.
Pourquoi cette insistance ? Pour une raison toute simple. Ces mêmes agendas sont la preuve de ses nombreuses rencontres avec Bernard Tapie pendant l'arbitrage dans l'affaire du Crédit lyonnais...
Mais mardi, patatras.... la Cour de cassation juge irrecevable le pourvoi de Sarkozy contre la saisie de ses agendas par les juges d’instructions bordelais en charge de l’affaire Bettencourt ... Et boum... "Le procès de l'affaire Bettencourt aura bien lieu" conclu Mediapart.
Nicolas Sarkozy a encore perdu quand le même Mediapart (*) s'est enfin décidé à publier des extraits d'une autre écoute clandestine, entre Brice Hortefeux et un haut responsable de la police. Le premier, élu de l'opposition, s'enquerrait de ce qui l'attendait dans une audition à venir devant les juges dans le cadre de l'instruction sur l'affaire Karachi. Brice Hortefeux criera à la violation du secret de l'instruction, il aura raison. Pour l'heure, on rappelera que lui-même n'avait pas le droit d'obtenir ces informations de la part d'un policier finalement, et heureusement, sanctionné.
" Bonjour M. le ministre. Je voulais vous dire que dans l’affaire du financement de la campagne de 2007 et de la plainte de Nicolas Sarkozy (…) il y a un juge d’instruction qui a été désigné et ce qu’il nous demande, c’est de vérifier votre emploi du temps ainsi que celui de Ziad Takieddine pour les 5, 6 et 7 octobre 2006"

Finalement, ces écoutes étaient donc utiles.
(*) article payant


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