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Robert carsen enchante la flûte a bastille

Publié le 14 mars 2014 par Popov

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Quand la lumière se fait dans la salle, à la fin de l’Acte 2, le spectateur de la Flûte mise en scène par Robert Carsen a l’impression de recevoir la « lumière ». comme un profane à qui on retire le bandeau de l’initiation ou comme un de ces prisonniers platoniciens arrachés à sa caverne. C’est fort habile pour un livret de stricte obédience (Schikaneder auteur et ami de Mozart était franc-maçon). Robert Carsen, file le long de l’acte 2, la fraternelle métaphore, au risque de se contredire (Dans En scène, une publication interne de l’Opéra, il relativise la dimension maçonnique de l’œuvre qu’il a déjà monté vingt ans plus tôt à Aix en Provence). Sur scène tout n’est que procession lente, dévoilement, parcours dans des souterains .

La construction tarabiscotée de l’opéra est sans doute la raison de ce choix et ce recours un peu systématique aux images de rituels maçonniques. Grand metteur en scène d’opéra, Robert Carsen ne pouvait se priver d’utiliser toute la quincaillerie symbolique et des rituels en soi fort spectaculaires. D’où ces longues errances dans des sous-sols métaphysiques, ces tombes déjà ouvertes dans Elektra(son précédent spectacle), ces épreuves dantesques à affronter, cette symbolique bachelardienne des éléments.

Dans la Flûte, tout s’inverse

 Ceux qu’on croyait méchants deviennent au fil du récit d’aimables personnes et les gentils du début s’avèrent de redoutables créatures. Dans cette oeuvre de la maturité, bluette humaniste ou tragédie à fin heureuse, drôle et grave à la fois, Robert Carsen a retrouvé le sens d’un théâtre populaire qui pourrait se jouer dans les théâtres en bois d’un Shakespeare. Mozart , sentant sa fin prochaine, va à l’essentiel, à la simplicité, refuse les artifices.Dans la Flûte, chacun peut trouver son compte. L’aristocrate s’identifiera au prince Tamino, l’homme du peuple à Papageno, oiseleur décomplexé.

Mais tout cela reste gai et enlevé et le singspiel bat son plein dès les premières mesures, avec ce parlé chantant ou ce chanté parlé si caractéristique. Avec une distribution belle et équilibrée :Pavol Breslik, ténor honorable, le wagnérien Franz-Joseph Zelig basse vénérable (et brillantissime), Julia Kleiter (Pamina fort mozartienne) et le couple Papageno (Daniel Schmutzhard et Regula Mülhemann) absolument exceptionnel. A noter aussi parmi les solistes François Piolino tout en vilenie dans le rôle de Monostratos, Louise Callinan(en Zweit Dame bourrée de peps). Et puis, bien sûr il y a la jeune et prometteuse victoire de la musique Sabine Devielhes qui s’acquitte sans poitriner des contre-ut de la Reine de la Nuit , en merveilleuse colorature. Si belle qu’on en oublierait la félonie du personnage. Et puis il y a la direction musicale de Philip Jordan. Parfaite, peut-être un peu trop.

LA FLÛTE ENCHANTÉE

Singspiel en deux actes (1791)

DE WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)

LIVRET D’EMANUEL SCHIKANEDER

Opéra Bastille jusqu’au 15 avril 2014


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