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358ème semaine politique: "Sarko téléphone maison"

Publié le 15 mars 2014 par Juan
358ème semaine politique:

En quelques jours, il a suffit d'une bronca corporatiste d'avocats, de quelques maladresses de ministres pour que l'éditocratie s'emballe à nouveau.

Le clan sarkozyste part à l'attaque, furibard. Pendant quelques heures, l'ancien monarque reprend l'avantage.


Que d'écoutes ! 

Nicolas Sarkozy est "sidéré". La confidence, faussement secrète, est répétée publiquement par quelque proche anonyme.  Sidéré que l'un de ses mentors politiques, et plus proches conseillers, l'ait espionné pour quelque 280 d'écoutes clandestines ("6 DVD!" se réjouit le Canard Enchaîné cette semaine). Lundi, sa femme Carla, qui s'amuse de concert en concert qui sont autant de pré-meetings politiques, a porté plainte. L'audience en référé est épique, le site Atlantico, coupable d'avoir imprudemment publié quatre enregistrements, se défend mal. L'avocat de Patrick Buisson est plus ridicule encore: le dictaphone se serait déclenché tout seul. Quelle merveille ! On rigole, on applaudit !  
L'ancienne extrême droite élyséenne est tombée si bas. 
Sarkozy est aussi "sidéré" que deux juges aient osé le placer sur écoute. Il avait pourtant pris ses précautions. Son avocat Thierry Herzog avait usurpé l'identité de l'un de ses amis, un certain Paul Bismuth désormais célèbre, pour ouvrir deux lignes clandestines. Sarkozy est "sidéré" que la police l'ait retrouvé comme un vulgaire dealer.
La Droite Furibarde se déchaîne donc... contre Christiane Taubira, puis Manuel Valls. La "meute" est lâchée, avec d'autant plus de rage qu'il s'agit de venger l'ancien Monarque, de faire oublier ce qu'il a fait.
Elle crie, tonne et somme le gouvernement de s'expliquer. Comme une troupe qui suit une meute, nos journaux imprimés et audiovisuels pressurisent à leur tour chaque ministre de s'expliquer.  La Garde des Sceaux commet l'erreur de se tromper sur la date à laquelle elle fut informée des écoutes de Nicolas Sarkozy. Le point a-t-il une quelconque importance ? Non, aucune. On espère bien qu'elle était au courant. Elle s'explique à la télévision, plusieurs fois. Taubira trébuche, même le Monde l'accuse de "disqualification". Copé réclame sa démission, "prise en flagrant délit de mensonge". Christian Jacob répète mot à mot. Nadine Morano accuse Christiane Taubira de "décrédibiliser la justice".
Ils nous enfument.
Une certaine presse s'en donne à coeur joie pour soutenir un Sarkozy qui se pose en victime: " Unis face à l'épreuve" (VSD), "Mort ou Vif" (Valeurs Actuelles), "Leur couple plus fort que la trahison" (Point de Vue), "Carla veut se battre pour lui" (Paris Match).
Les loups de la rue de Vaugirard se lèchent enfin les babines. On glose et digresse sur qui a écouté, on oublie ce qu'on a découvert, on néglige l'essentiel. Jeudi, Taubira est à l'Elysée. Vendredi, elle est à Montreal . Il se trouvera bien quelque gratte-papier de cette presse marginale pour l'accuser de fuir.

Les affaires du parrain

Ils peuvent être rage, et Nicolas Sarkozy inquiet.  Quand Christiane Taubira brandit imprudemment le rapport du parquet financier qu'elle a reçu le 26 février devant les journalistes, quelques-uns de ces derniers identifient des révélations stupéfiantes: le soupçon de trafic d'influence se renforce. Car on décrypte Thierry Herzog remerciant Gilbert Azibert, procureur à la Cour de Cassation  ("avec ce que tu fais"); on réalise que le dit procureur a approché "deux ou trois" de ses collègues pour en savoir plus sur l'affaire Bettencourt; on découvre que Sarkozy avait été prévenu à l'avance des perquisitions dont il allait faire l'objet.
Jeudi, quelques socialistes ripostent à leur tour.  Sarkozy est traité de "dealer", "pervers",
"voyou". Vendredi, le Figaro livre ce constat qu'il voulait "équilibré": Sarkozy/Taubira, même souffrance face à l'outrance... Le vocabulaire des uns rejoint celui des autres. Mais les situations sont différentes. Une droite Furibarde nie encore toute légitimité politique à la gauche au pouvoir. Cette attitude reste antirépublicaine, voire séditieuse.
On connait les affaires de Sarkozy: espionnage de journalistes, menace de suppression du juge d'instruction, fuites à la presse d'enquêtes policières ou de rumeurs pour disqualifier des opposants politiques.
La Sarkofrance était un endroit d'officine et de pratiques de barbouzes.
Combien vaut l'intimité de Nicolas Sarkozy ? 10.000 euros. C'est le prix du dommage auquel a été finalement condamné Patrick Buisson, le 14 mars.
Nicolas Sarkozy est peut-être la meilleure chance à droite d'avoir la gauche presque réunie contre elle.

"Pacte de stupidité"

Il y avait pourtant plus sérieux. Plus personne, ou presque, n'évoque le pacte de responsabilité. Hollande peaufine sa copie secrètement à l'Elysée. De passage à Paris, le nouveau président du conseil italien Matteo Renzi qualifie l'idée de "pacte de stupidité". Il vient d'annoncer un plan de relance de 90 milliards d'euros, avec un slogan prometteur: "10 milliards pour 10 millions d'Italiens" (les plus plus pauvres). Les syndicats et la gauche sont ravis, le patronat suffoque. L'Italie est plus surendettée que la France, à 132% de son PIB; mais moins en déficit - 2,8% contre 3,6%. Ceci explique-t-il cela ?
En France, ce sont toujours les irresponsables qui parlent les premiers. Le Medef, d'abord, réclame pire encore, sans promettre grand chose: il voudrait des baisses de charges sur tous les salaires, et pas seulement les plus bas où pourtant se concentre l'essentiel du chômage. L'un des syndicats qui a signé les prémisses d'un accord dit de responsabilité avoue la vacuité de la démarche: les entreprises sont incapables de garantir des embauches, ni de la bonne utilisation des réductions de charges. Un peu plus loin, François Delapierre du Parti de Gauche râle encore inutilement contre la hausse de TVA de janvier: pour l'heure, elle n'a eu aucun impact sur l'inflation.
Les écologistes pourraient avoir le sourire cynique.
La pollution atmosphérique frappe 30 départements.  Jeudi, on s'inquiète enfin. Les irresponsables de tous bords se réveillent. Tous écolos ? Pas vraiment. Pas question de suspendre le trafic routier. Paris ressemble à Schanghaï. Les asthmatiques suffoquent. Combien de cancers du poumon, plus tard ? "Nous sommes dans une logique où ce sont les personnes non-responsables de la pollution qui doivent s'adapter..." s'indigne Pascal Durand (EELV). "Arrêtons de parler de pics de pollution, ce sont des plateaux".
Mardi, on fête le 3ème anniversaire de la catastrophe de Fukushima. Mais, bien sûr, cet accident est exceptionnel.
Ami citoyen, reste confiant.
Crédit illustration: DoZone Parody

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