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Rachat de SFR : Vivendi préfère négocier exclusivement avec Altice (Numericable)

Publié le 17 mars 2014 par Le Monde Numérique @lmn_officiel

C’est assez inattendu pour être souligné : le groupe Vivendi (SFR) a tranché vendredi en faveur d'Altice, en choisissant d'entrer en "négociations exclusives" avec la maison mère de Numericable, pour le rachat de SFR, écartant ainsi l'offre concurrente de Bouygues à l'issue d'une semaine pleine de rebondissements et de négociations.

Rachat de SFR : Vivendi préfère négocier exclusivement avec Altice (Numericable)


En effet, le conseil de surveillance de Vivendi, réuni vendredi matin, "a décidé d’entrer en négociations exclusives avec Altice pour une période de trois semaines", sur la base d'une offre qui prévoit un paiement de 11,75 milliards d’euros pour Vivendi ainsi que l’attribution de 32% du capital de la nouvelle entité, indique le groupe dans un communiqué.

Selon une source proche du dossier, le vote en faveur de Numericable s'est fait "à l'unanimité", les membres du conseil ayant apprécié un projet rapide et qui donne des garanties sur l'emploi.

Le PDG d'Altice, Patrick Drahi, a salué cette décision dans un communiqué affirmant que les deux groupes allaient créer "un champion national et européen du Très Haut Débit fixe et mobile".

Toutefois, à l’issue de ces trois semaines de réflexion, "le Conseil de surveillance se réunira à nouveau pour examiner les suites à donner et s’il doit en conséquence mettre un terme aux autres options envisagées", indique Vivendi.

Cette décision est un camouflet pour Bouygues et une véritable déclaration d'indépendance de la part de Vivendi.

En effet, Altice et Bouygues, propriétaire de Bouygues Telecom, le numéro trois du marché français, se livrent depuis le 5 mars à une bataille sans merci pour convaincre Vivendi à grand renfort de communication et de lobbying auprès des pouvoirs politiques.

Bouygues s'était ainsi assuré deux soutiens de poids : Arnaud Montebourg au sein du gouvernement, et Xavier Niel, le fondateur du groupe Iliad, maison mère de Free.

A quelques heures de la décision, le ministre du Redressement productif avait encore critiqué le fait que "les dirigeants de Vivendi (aient) décidé coûte que coûte de vendre SFR à Numericable", estimant que c'était un choix "qui pose un certain nombre de problèmes et de questions", en début de matinée sur Europe 1.

Bouygues avait non seulement affirmé qu’il cèderai 15.000 antennes à Free, et relevé jeudi son offre de débourser 11,3 milliards d'euros en numéraire, en proposant d'octroyer à Vivendi 43% du capital de ce que serait le nouvel ensemble. Son projet valorise SFR à 15,5 milliards d'euros.

De son côté Altice a également relevé son offre in extremis puisque dans sa proposition initiale, Altice avait mis sur la table 10,9 milliards d'euros en numéraire avec 32% du capital de la société fusionnée pour Vivendi.

Mais c'est l'emploi dans le secteur des télécoms, malmené par la guerre des prix depuis l'arrivée de Free en janvier 2012, qui est finalement l'enjeu majeur de la bataille.

Le gouvernement a "pris acte" de la décision de Vivendi tout en soulignant qu'il serait "particulièrement vigilant" sur la question de l'emploi, a déclaré à l'AFP le ministre de la Consommation, Benoît Hamon.

Le ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, a pour sa part tenu a rappeler à Altice sa promesse "d'inscrire ses engagements (sur l'emploi) dans les licences mobiles et engager les discussions en ce sens avec l’Arcep", l'autorité des télécoms.

Le PDG de Numericable, Eric Dunoyer, a tiré à boulets rouges sur son rival jeudi en affirmant qu'"au moins 3.000 emplois seront affectés" en cas de rachat de SFR par Bouygues du fait "de graves problèmes de doublons" entre les deux opérateurs.

Les syndicats de SFR s'attendent quoi qu'il arrive, s'ils sont rachetés, à des conséquences sur l'emploi.

Vanessa Jereb représentante de l'Unsa, premier syndicat du groupe, qui emploie quelque 9.000 personnes, a relevé vendredi que "c'est la première fois qu'on a des dirigeants d'entreprise qui s'engagent autant sur l'emploi".

Mais, a aussitôt ajouté la syndicaliste "que ce soit Numericable ou Bouygues, nous attendons au vu des engagements (...) qu'il y ait un accord formalisé" précisant notamment "la durée dans le temps" de ces engagements.

A la Bourse de Paris, vers 15H50, les titres de Bouygues et d'Iliad étaient en chute respectivement de 5,04% et 4,98% tandis que celui de Numericable était propulsé en hausse de 12,92% à 29,81 euros dans un marché en baisse de 1,02%.

Avec AFP

 

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