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Nouveau livre d'Eric Romméluère

Publié le 17 mars 2014 par Joseleroy

Nous venons de publier chez Almora un livre d'Eric Rommeluère.

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Éric Rommeluère est un enseignant bouddhiste formé dans la tradition zen. Il est l’auteur de nombreux articles et essais où il explore les enseignements du Bouddha, leurs interprétations et leurs adaptations en Occident. Il a notamment publié "Les bouddhas naissent dans le feu" (Seuil, 2007), "Le bouddhisme n’existe pas" (Seuil, 2011) et plus récemment "Le bouddhisme engagé" (Seuil, 2013).

Se soucier du monde

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Se soucier du monde. Trois méditations sur le bouddhisme et la morale Eric Rommeluère – éd. Almora – 12,50 €

Comment le Bouddha envisage-t-il l’action dans le monde ? Nous recommande-t-il de nous détacher du monde ou de nous y engager ? Y a-t-il une morale ou une éthique dans le bouddhisme ? Dans les trois essais de ce livre, Éric Rommeluère explore toutes ces questions d’une façon originale et moderne. Méditant tour à tour la signification du langage, du karma et de la morale dans les enseignements du Bouddha, il nous conduit dans un chemin de vie fait d’amour et de sagesse. Le souci du monde, dit-il, est la clé de voûte de tous ces enseignements.

Dans le prolongement de ses livres précédents, Éric Rommeluère compose, ici, un petit traité de philosophie pratique riche en perspectives novatrices. (José Leroy, philosophe, auteur du "Petit traité de la connaissance de soi").

 Préface

"Aujourd’hui, le terme de morale est devenu quelque peu péjoratif, on lui préfère celui d’éthique, bien qu’il s’agisse de parfaits synonymes (du moins ont-ils été employés comme tels jusqu’il y a peu). Dans l’usage courant, la distinction est désormais élevée au rang de principe : la morale est perçue comme une loi sociale, imposée, impérative, l’éthique comme l’exercice d’une responsabilité personnelle, assumée et permissive. Les nouvelles représentations de l’individu dans les sociétés modernes (le désir d’être soi, la libération des contraintes) ont, à l’évidence, façonné ce clivage[1]. Dans les débats philosophiques, la morale renvoie plus précisément à des règles abstraites et préétablies, l’éthique à une conscience morale qui au cœur même des situations assume ses risques, ses erreurs et ses déviances. L’éthique s’invente, doit se débattre et même se négocier. Les déclinaisons sont multiples : la bioéthique, l’éthique de l’entreprise, l’éthique de la communication.
 Même si les références se déplacent, les définitions divergent, Que faire et pourquoi le faire ?, la double question morale, reste néanmoins l’interrogation la mieux partagée. Nous restons toujours sensibles à sa dimension collective et sociale : la solidarité, les droits de l’Homme gardent une valeur dont nous nous sentons les garants directs ou indirects. Et si l’on n’évoque plus exactement les mêmes interdits, les interdits demeurent, à commencer par les plus fondateurs comme celui du meurtre. Les violences conjugales, le viol, la pédophilie ne sont pas simplement interdits par la loi, nous les réprouvons « moralement » même si cette morale demeure largement impensée dans nos vies[2].

*

***

Que faire et pourquoi le faire ?  Cet essai vise à déployer, pour nous autres modernes, la puissance morale des enseignements du Bouddha. Car, inlassablement, ils répondent à cette double question. Ils assurent que le soin et le souci sont d’authentiques préoccupations morales. Ils affirment que l’être moral est toujours en situation. L’homme est convié à sonder les ressorts et les lignes de force de chaque situation, il doit en imaginer la grandeur pour en libérer les puissances aimantes. Toutes les épreuves se métamorphosent alors en exercices de tendresse. L’habileté est l’ultime recommandation.

Cette puissance morale est ici explorée, non pas en invoquant les textes canoniques de la tradition theravâda (« L’école des Anciens » qui prospère dans l’ensemble des pays du Sud-Est asiatique) comme c’est souvent le cas, mais en dépliant les Écritures, trop peu connues, trop peu appréciées encore, des traditions bouddhistes réformées que l’on réunit sous le vocable de « Grand Véhicule » (mahâyâna). Leur lecture, intrigante, parfois dérangeante, défait toute possibilité de rapprochements trop hâtifs avec nos conceptions.

L’essai est divisé en trois parties aux tonalités différentes. La première méditation, « La possibilité d’un monde », esquisse la singularité de ces livres canoniques et comment ils recourent à des procédés comme la parabole, la fable et la métaphore afin de libérer un agir neuf, créatif et imaginatif. La seconde méditation, « Un agir infini », sonde la portée du couple formé par le samsâra, le cycle des vies et des morts, et le karma, l’action. Leur association compose la matrice narrative de tous les enseignements bouddhistes. Elle donne à penser la morale. « L’exigence morale », la troisième méditation enfin, témoigne de l’immense souci du monde qui ébranle les disciples du Bouddha.

Une note, enfin. Tout au long de ces pages, il sera longuement question de dharma, un mot que l’on pourrait rendre par une formule vague comme la pédagogie du Bouddha (l’Éveillé en sanskrit), mais qu’on pourrait tout aussi bien renoncer à traduire pour en souligner l’altérité. D’emblée, il faut le souligner : le bouddhisme n’est ni une doctrine, ni un système de croyances, ni une conception du monde à la manière des religions monothéistes. Sa pédagogie interroge inlassablement notre soif de représentations et de croyances : en maillant le réel, les représentations et les croyances permettent de masquer notre angoisse existentielle (duhkha). Le dharma n’est pas un autre système de pensée. Il se donne à vivre comme une épreuve de l’angoisse existentielle, qu’il est possible de s’en affranchir en convertissant son regard sur sa vulnérabilité, sa fragilité et sa nudité. Sans doute faudra-t-il un jour congédier définitivement ce terme de bouddhisme qui obscurcit plus qu’il ne libère sa dimension résolument a-doctrinale. L’usage du mot « bouddhisme » sera ici parcimonieux, celui de dharma lui sera toujours préféré.



[1] Gilles Lipovetsky, Le crépuscule du devoir. L’éthique indolore des nouveaux temps démocratiques, Paris, Gallimard, 1992.

[2] Éric Blondel, Le problème moral, Paris, Presses Universitaires de France, 2000 ; Monique Canto-Sperber, L’inquiétude morale et la vie humaine, Paris, Presses Universitaires de France, 2001. Deux ouvrages de référence sur la question morale.


Les fous du Dharma par sakiamuni

Le bouddhisme engagé


L’engagement bouddhiste dans la société actuelle par sakiamuni


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