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Les chiens errants, désespoir dans l’empire du milieu

Publié le 18 mars 2014 par Unionstreet

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Le cinéma asiatique aura vu ses plus grands réalisateurs nous quitter en 2014. Après le dernier film d’Hayao Miyazaki, c’est désormais à Tsai Ming-liang de nous livrer son dernier film. En se respectant lui-même tout en transcendant sa filmographie, il livre une œuvre tout à fait singulière, une œuvre d’art oui, difficile d’accès mais néanmoins intéressante.

A la rapidité de A Touch of Sin, qui traitait lui aussi de la Chine contemporaine, Les Chiens Errants préfère la lenteur. Le film débute sur un plan séquence où une femme se coiffe puis arrête de se coiffer afin de regarder des enfants qui dorment. Aucun bruit, aucun geste, la scène dure au moins dix minutes. Une épreuve. Une épreuve qui vaut pourtant le coup puisque nous assistons à la dernière réalisation d’un artiste majeur. Récompensé à la dernière Mostra de Venise, Tsai Ming-liang livre ici un spectacle tout à fait saisissant. En suivant ce père clochard et ses deux enfants, le réalisateur offre des fulgurances coups de poings qui font la force du film. Un homme se tient, une pancarte en main, au milieu d’un immense carrefour et doit lutter contre le vent. Son chant, en larme, est l’un des plus beaux cris de détresse que le cinéma aura pu nous offrir. Cette petite fille affamée regardant un homme qui se goinfre sans que celui-ci ne la voit est également une image qui restera. Ces images disent beaucoup de choses sur une société en pleine mutation. Dommage alors que le film s’enferme dans un univers qui n’exprime pas grand chose, mais où le spectateur peut être totalement perdu.

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La deuxième partie du film semble être une œuvre indépendante avec pour seul lien avec le reste du film, cette fresque murale représentant des pierres. Le burlesque est également présent, troublant un peu ces longs plans séquences. Une femme respire dans les frigos d’un supermarché pour détecter les aliments périmés. Elle emmène une petite fille dans une chambre froide. Elle urine dans un bâtiment désaffecté … Le film jouera avec les nerfs du spectateur pas encore endormi lors d’un plan séquence de treize minutes où deux personnages se tiennent debout, immobiles, et pleurent. Le réalisateur se plait (se complaît ?) à ne rien dévoiler au spectateur qui verra comme seul intérêt la découverte de scènes parfois formidables dans un tout soporifique de 140 minutes.

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Tout n’est que souffrance dans les chiens errants, la pluie s’abat sur les épaules des personnages avec autant de force que la fatalité. Les acteurs livrent des performances ahurissantes (le plan séquence du chou) dans un film où le temps s’est retiré, où le spectateur et les personnages ont pour dernière vue une fresque représentant une ruine. Les chiens errants est peut être un film sur la fin du monde, la fin de l’humanisme, de l’humanité. Ce film est un cri de désespoir, vision pessimiste d’un réalisateur qui nous livre une œuvre étrange, un grand film déroutant

Nicolas Aydar

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