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Un bonheur de Bohème à Bastille

Publié le 20 mars 2014 par Popov


Un bonheur de Bohème  à Bastille
 

OPÉRA EN QUATRE TABLEAUX (1896)

MUSIQUE DE GIACOMO PUCCINI (1858-1924)

LIVRET DE GIUSEPPE GIACOSA ET LUIGI ILLICA D'APRÈS LE ROMAN DE HENRI MÜRGER "SCÈNES DE LA VIE DE BOHÈME"

EN LANGUE ITALIENNE

"La Bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. L’espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune, mais au-dessus du destin".

   BALZAC, Un Prince de Bohème,1845.

Quand Puccini s’attaque à ces « princes de bohème » dignes représentants de la jeunesse perdue de l’après-révolution de 1830  qui s’abstiennent et s’absinthent préférant se lancer dans une forme éperdue de recherche esthétique, il ne cherche pas à faire une thèse sociale. Il a lui-même  des problèmes de chauffage concret et rêve de quelque poêle bien diffusant. Aussi,  s’identifie-t-il  à cette quête perdue et absolue. Et c’est cela qui fait pleurer dans l’œuvre.

A l’Opéra de Paris, on reprend ce mélo merveilleux, cette élégie à la jeunesse aventureuse qui se suicide  ou succombe à des épidémies (Miiiiiiiiimimi …)

Dans la France de François Hollande, un jeune sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté , on  a , sans doute moins de velléités de convulsive création mais cette reprise de l’œuvre du maestro Puccini trouvera quelque écho aujourd’hui à notre réalité morose . Il  y a plusieurs bonnes raisons de se ruer vers ce spectacle. D’abord une mise en scène originale très cohérente. Alessandro Stadler a repris avec rigueur la mise en scène épatante de Jonathan Miller (un « vieux » de la vieille qui a dirigé Laurence Olivier en personne) et les décors de Dante Ferreti (qui a au moins travaillé pour Cavani, Fellini, Pasolini etc.) Daniel Oren en assure une direction musicale enlevée. Enfin , c’est l’occasion d’entendre dans le rôle de Rodolphe, l’éblouissant Stéfano Secco (découvert pour ma part dans « Macbeth » de Verdi mis en scène par Tcherniakov) A ses côtés on entendra Maria Agresta (qui chantait récemment le rôle titre des Puritains)  et  Ludovic Tézier en Marcello. Le soir de la Première, le public pointilleux de Bastille fit cependant une ovation debout (phénomène rarissime en ces lieux) à cette distribution magnifiquement équilibrée mais  qui manifestait surtout un immense plaisir à  chanter (il faudrait citer également un « Colline » émouvant  (Ante Jerkunica) et la Musetta fantasque mais sans excès de  Brigitta Kele (Dessay avait interprété le rôle). Rien de compassé  donc.  A revoir d’urgence !

Jusqu’au 11 avril (Angela Gheorghiu assurera le rôle  de Mimi à partir du 27 mars)


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