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Comparaison entre une feuille de salaire suisse et française

Publié le 21 mars 2014 par David Talerman

En tant qu’étranger travaillant en Suisse, l’une des 1ères choses qui m’a surprise lorsque je suis arrivé en Suisse était la simplicité des feuilles de salaire, et surtout le faible nombre de charges, en comparaison d’autres pays et notamment la France. Je vous propose à présent d’aller un peu plus loin dans la comparaison, histoire de rire un peu (ou pleurer suivant de quel côté on se trouve).

Des feuilles de salaire à l’image des pays

Chacune des feuilles de salaire est un peu à l’image du niveau de complexité de la législation de chacun des pays : en Suisse, la feuille de salaire est plutôt très simple, avec peu de lignes. Surtout, elle s’applique de manière quasi uniforme à tous les salariés, à tous les secteurs et à toutes les tailles d’entreprises. Seul Genève fait figure d’exception, avec des lignes supplémentaires ajoutées par rapport aux autres cantons.

La feuille de salaire française est au contraire particulièrement fournie, avec un nombre très impressionnant de lignes représentant les charges. Mais ce qui caractérise surtout les feuilles de salaires en France, ce sont les différentes exceptions qu’on peut trouver : que vous soyez cadre ou non cadre, que votre entreprise ait plus ou moins 20 salariés, des postes de charges apparaissent (ou disparaissent). En France, les exceptions et méthodes de calcul sont, dans la plupart des cas d’une extrême complexité. Par exemple, l’assurance vieillesse est calculée en partie sur le salaire brut, l’autre partie étant calculée sur une partie seulement du salaire brut, limitée au plafond de la Sécurité sociale…

En clair, alors qu’il est presque possible de calculer à la main sa feuille de salaire en Suisse, c’est clairement impossible de le faire pour une feuille de salaire en France.

Comparaison des feuilles de salaire suisse et française : une image pour tout résumer

Nous avons mis côte à côte une feuille de salaire suisse et une feuille de salaire française (des vraies feuilles de salaire) : le résultat, visuellement, parle de lui-même… Je remercie les « cobaye » qui ont bien voulu nous transmettre ses documents somme toute très « personnels ».

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L’organisation des feuilles de salaire suisses et françaises

La feuille de salaire en France : pourquoi faire simple quand on peut faire très compliqué

Je ne détaillerai pas les différents postes (par faute de place), mais en France, on compte pas moins de 33 postes de charges différents (dans la configuration la plus complète et lorsqu’on tient compte des charges payées à la fois par l’entreprise et le salarié) :

  • 12 pour ce qu’on appelle les cotisations URSAAF (qui regroupe des cotisations pour l’assurance vieillesse, l’assurance accident, l’assurance maladie, les allocations familiales, et la CSG notamment).
  • 3 pour l’assurance chômage
  • 8 pour la partie « retraite complémentaire »
  • 2 pour la partie prévoyance complémentaire (principalement décès et invalidité)
  • 4 pour des retenus diverses (tickets restaurant et CSG / CRDS non déductible notamment)
  • 4 pour la formation professionnelle, taxe d’apprentissage et autres retenues

Il m’est réellement impossible de vous dire ici comment se calculent toutes ces charges, tant les exceptions sont nombreuses. Pour être plus précis, le cas présenté ici est le cas maximum, et dans beaucoup de situation, il n’y a « que » 25 postes de charges environ.

La feuille de salaire en Suisse : 13 postes de charges… et encore

Sans rentrer dans le détail là non plus, on trouve pour la feuille de salaire suisse les postes de charge suivants :

  • 1  pour l’AVS (retraite)
  • 1  pour l’AI (assurance invalidité)
  • 1  pour l’APG (assurance perte de gain) (vous noterez que dans beaucoup de feuilles de salaires, ces 3 premiers postes sont rassemblés en un seul)
  • 2  pour l’assurance chômage
  • 2 pour les allocations familiales et l’assurance maternité (à Genève seulement)
  • 1 pour la prévoyance professionnelle (LPP)
  • 1 pour l’assurance accident professionnel
  • 1 pour l’assurance perte de gain en cas de maladie (facultatif)
  • 1 pour les compléments de salaire (l’entreprise peut décider de payer une assurance supplémentaire pour la perte de gain)
  • 1 pour les jours fériés
  • 1 pour les vacances

Et si on fait les comptes…

Pour un salaire moyen en Suisse de 6’000 francs suisses bruts par mois (soit un peu moins que la moyenne), les charges sont les suivantes (en % du salaire brut) :

  • charges patronales : 28,9%
  • charges salariales : 14,7%

(nous n’intégrerons pas ici délibérément de l’impôt à la source, prélevé sur le salaire de la plupart des étrangers qui travaillent en Suisse car ce n’est pas à proprement parler une charge)

Pour un salaire moyen en France de 2’000 euros bruts par mois (soit un peu moins que la moyenne, si on inclut la région parisienne), les charges sont les suivantes (en % du salaire brut) :

  • charges patronales : 42%
  • charges salariales : 22%

Au total, non seulement les salariés français payent presque 7% de plus que les salariés suisses sur les charges salariales, mais au total, ce sont pas moins de 20% de charges d’écart entre la Suisse et la France. Ces charges viennent alimenter un système social français qui, ont le voit ici, est bien coûteux. Certes, certains me diront que ce n’est pas comparable, et que la cotisation pour l’assurance maladie n’est pas incluse dans le calcul en Suisse (le paiement des cotisations maladie est indépendante du salaire). Soit, mais cela ne change pas le calcul fondamentalement. Ces 20%, c’est autant de pouvoir d’achat en moins pour les salariés français. Côté entreprises, la différence est d’un peu plus de 13% : c’est tout autant que l’entreprise ne peut pas utiliser pour l’investissement, recruter ou augmenter ses salariés.

En conclusion

Complexe, remplie de tant de cotisations qu’on ne finit par ne plus savoir ce que l’on paye, et bourré d’exceptions : la feuille de salaire française est une excellente illustration de ce qui se passe en France actuellement. Les milieux patronaux bataillent actuellement pour alléger les charges : c’est non seulement sur les pourcentages mais également sur le nombre qu’il faudrait jouer. Ah si seulement nous pouvions avoir en France les mêmes charges et le même type de feuille de salaire qu’en Suisse… Mais ne rêvons pas, les syndicats français veillent au grain pour que rien ne change (des fois que ça aille mieux).

A l’inverse, la feuille de salaire suisse reste plutôt limpide, simple à comprendre et s’applique assez simplement à l’ensemble des salariés. Certes, je ne prétends pas que tout le monde comprend parfaitement sa feuille de salaire en Suisse, et comment les charges sont calculées précisément, mais globalement tout ceci reste du domaine de l’accessible. Et je ne parlerai pas du faible poids des charges…

Quelques liens utiles

  • Calculez votre future feuille de salaire : Travailler-en-Suisse.ch met à votre disposition un outil permettant de calculer votre salaire net. Ce service est gratuit et permet notamment aux étrangers à qui un recruteur vient de faire une proposition de salaire (en général exprimée en brut) d’estimer leur futur salaire net.
  • Comprendre votre feuille de salaire : nous mettons à votre disposition un document qui explique de manière un peu plus détaillée que ce billet les différents postes de charges de votre feuille de salaire en Suisse.
  • Dans la 4ème édition de mon livre « Travailler et vivre en Suisse » sortie récemment, vous trouverez un chapitre dédié au sujet, avec des explications précises sur la manière dont est calculée votre feuille de salaire suisse, ainsi que sur les différentes charges.
  • Exemples de feuilles de salaires suisses sur le site de la Fédération des Entreprises Romandes (FER)

Et vous, partagez-vous mon avis ?

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