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[Chronique] – Tennyson, retour vers le futur

Publié le 21 mars 2014 par Wtfru @romain_wtfru

Dans l’univers musical, il y a ceux qui ont du mal à percer, ceux qui se foutent de la gueule du monde, et ceux qui sont naturellement doués pour ça. Luke Tennyson, alias Tennyson tout court, fait partie de cette dernière catégorie. Tour d’horizon d’un futur grand des sonorités.

tennyson

On est tombé sur son dernier morceau en date il y a quelques semaines : un remix du groupe de rock anglais Daughter, et de leur chanson Smother, fortement influencée d’autres anglais assez connus, The XX. Le jeune Luke Tennyson a pondu un tri-bride, à équidistance entre Hip-Hop électronique, funk et un jazz scatté tout droit sorti des années 30.

C’est la première fois qu’on entendait une telle sonorité, au milieu de ce joyeux bordel qu’est la renaissance du Hip-Hop électronique que nous vivons actuellement. Un jeune soundclouder, le dénommé « Morí », a commenté ce morceau dans les termes suivants : « fuck how are u 17 », et nous sommes tombés plutôt d’accord avec lui. Luke Tennyson a 17 ans et il vient du Canada, ce qui lui confère un capital sympathie assez exceptionnel.

Tennyson – Blamer EP

Fin 2012, le canadien sort « Blamer », son premier EP, à seulement 16 ans. Au premier abord, l’écoute est agréable, sans plus. La masterisation est incomplète, on se dit qu’on aurait adoré se glisser dans plus de volume à l’écoute de Blamer, chanson éponyme de l’EP.

Puis on le réécoute, et on s’aperçoit que la patte un peu gauche de la jeunesse qu’on aurait pu ressentir sur quelques arrangements n’est plus là. L’a priori laisse place à l’admiration devant ces cassures rythmiques et ces fêlures de tonalité superbement orchestrées. Y’a du jazz dans l’air.

Et aussi du funk. Le pré-adulte a le rythme dans la peau. Sur Red Glove et The Usual Mr. Nordin, la batterie une copie sous acide, saturée et mélancolique, tout droit sortie du Best Of de James Brown.

Le Hip-Hop n’est jamais loin. En témoigne Les Deux Yeux Fermés, en français dans le texte. Kicks dominateurs, basse et synthés inquiétants, et percussions hindoues forment un mélange parfait. S’ajoutent des vocaux piqués à Siriusmo, l’alchimie est subtile, intelligente.

L’EP se termine en clin d’œil mélancolique, à peine masqué, à notre chère patrie. Avec Lullaby, l’accordéon flirte avec des accords de piano d’une autre galaxie, qu’on croirait jetés à la mer par Erik Satie le magnifique. Les Gnossienne revisitées. Cocorico.

Retour vers le futur

Tennyson ne s’arrête pas là. A l’été 2013, le canadien sort un LP, l’équivalent d’un album, dans la continuité de Lullaby. The Mary Rose, le titre prologue de l’album, renoue à nouveau avec l’accordéon. Et bon sang, c’est si bon. Les 42 minutes et 46 secondes sont psychées, du début à la fin. Les sonorités semblent sorties d’un film de Terry Gilliam ou de Stanley Kubrick sous naphtaline. Comme un symbole, Luke Tennyson ose sortir un remix des Boards of Canada, s’offrant ainsi un superbe point Godwin de la musique électronique mélancolique. On notera que c’est le seul mec qui aura réussi à rendre la valse super cool.

Retour vers le futur, donc. Il y a trois mois, Tennyson balance, l’air de rien, No Answer. L’ami a appris à maitriser les vocaux parfaitement, le morceau est digne de 123Mrk. Synthés désaccordés, ligne mélodique tirée d’un xylophone dingo, tout y est. Même le pont, d’ordinaire délaissé par tous ces néophytes de la musique électronique, est impeccablement réalisé.

Le rythme de ses releases s’est grandement accéléré ces dernières semaines. Notre petit doigt nous dit que l’année 2014 transformera le jeune homme en incontournable de son genre.


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