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Chiens enragés par Marc Charuel

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

Chiens enragés n’est pas le livre que j’avais dans un premier temps projeté d’écrire. Je voulais revenir à l’Asie. J’avais plusieurs idées. Thriller historique au Viêtnam, thriller déjanté en Thaïlande sur les ravages du tourisme de masse. Ou encore une histoire très sombre autour du trafic d’organes en Chine. Et puis, j’ai séjourné en Afghanistan pour un nième reportage. Comme à chaque fois que je me suis trouvé dans ce pays, j’ai vécu sur les nerfs. Constamment en alerte. J’ai capté énormément de choses sur le terrain où j’accompagnais les militaires français. Et en rentrant à Paris, j’ai découvert grâce à des amis extrêmement bien informés, la tentative qui avait eu lieu de renouveler une série d’attentats majeurs dans les pays occidentaux pour célébrer l’anniversaire du 11 septembre 2001. Dès lors, il ne m’a pas fallu longtemps pour décider de faire de cette histoire le sujet du livre que j’avais à écrire pour Albin Michel.

Il faut dire que l’actualité liée à l’islam radical ne cessait de s’amplifier. Il ne se passait plus une journée sans qu’on lise sur les fils d’actualité que nous recevons dans nos rédactions des comptes-rendus d’événements de plus en plus inquiétants. En parallèle se développaient également les révolutions dites du Printemps arabes qui n’allaient plus dans le sens où l’Occident l’avait imaginé et souhaité. Il était clair que les espoirs de voir s’installer des démocraties de l’autre côté de la Méditerranée avait fait long feu. J’ai passé des mois à enquêter en banlieue parisienne dans les milieux musulmans et ce que j’y ai découvert m’a quelque peu laissé pantois. Presque la totalité des gens que je rencontrais se gaussaient de l’idée que l’Europe se faisait de ces mouvements et de leurs aspirations véritables en Libye, en Égypte et en Tunisie. En parallèle les discours que j’entendais étaient d’une violence insoutenable. Moi qui avais travaillé pour mon journal sur le sujet de l’islam radical dans les années 1990, je constatais combien la situation s’était aggravée. Nous entretenons aujourd’hui en France beaucoup de gens qui nous haïssent et annoncent chaque jour leur volonté de nous détruire, —il n’y a qu’à écouter les discours de nos candidats au jihad qui partent en Syrie !— et nous ne faisons rien ou presque rien. Les services qui s’en occupent manquent de moyens et ne collaborent pas toujours comme il faudrait. Tout cela est consternant.

Pour en revenir au roman, il me restait donc à bâtir une histoire autour de l’histoire, c’est à dire trouver une idée maîtresse autour de l’affaire du dixième anniversaire du 11 septembre. Et très curieusement c’est venu d’un fait divers qui n’a, pour le coup, absolument rien à voir avec les réseaux terroristes dont je parle : l’affaire Dupont de Ligonnès. Le crime était tellement odieux et le mystère tellement incroyable que cela méritait qu’on s’en empare. La seule chose dont j’étais incapable, et dont je n’avais pas envie d’ailleurs, était d’en faire une histoire à part entière. Trop tôt, trop frais, trop incertain… Il fallait juste que je transpose le drame de cette famille dans mon récit sur les réseaux terroristes.

Peut-être, trouverai-je plus tard le moyen d’aborder cette horreur de manière exclusive pour en faire un livre… Peut-être. Lorsqu’on saura enfin ce qui est arrivé au chef de famille.


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