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Argentine : notre enquête sur le double meurtre des « Anges de Salta »

Publié le 24 mars 2014 par Ralph

Salta (Argentine)

Les familles des meurtriers présumés demandant la libération de Daniel Vilte et de Santos Clemente Vera, deux des trois accusés actuellement emprisonnés en Argentine. Lundi 25 novembre 2013. Crédits photos : Ladli/Santiago Mendieta

PARIS, par Ralph Bechani
Avec Santiago Mendieta, journaliste chez Punto Uno à Salta (Argentine)

Mardi 25 mars 2014, à Salta (Argentine), s'ouvre le procès très attendu du double meurtre de Cassandre Bouvier et Houria Moumni, en juillet 2011 dans la zone touristique de San Lorenzo. Depuis plusieurs mois la presse locale les surnomme "les anges de Salta".

En comparaissant devant le tribunal les trois meurtriers présumés, emprisonnés en Argentine, Santos Vera, Daniel Vilte et Gustavo Lasi, risquent la prison à vie.

Deux ans et demi après le meurtre des deux étudiantes françaises, de nombreuses zones d'ombre restent à éclaircir.

LES FAITS

Cassandre et Houria sont arrivées à Salta le 11 juillet 2011. Passionnées par la culture sud-américaine elles venaient profiter de quelques jours de vacances.

Ce 15 juillet en début d'après-midi, lors d'une randonnée touristique à San Lorenzo, elles disparaissent mystérieusement. Les Françaises ont été retrouvés par des randonneurs 14 jours plus tard, le 29 juillet 2011, sur un chemin de promenade de la province de Salta.

Selon les premiers éléments, elles ont été battues, agressées sexuellement et tuées par balles. Deux expertises, argentine et française, montrent que Cassandre et Hourria sont mortes entre le 24 et le 25 juillet 2011, soit une dizaine de jours après leur disparition.

Durant ce laps de temps, les deux françaises auraient vraisemblablement été séquestrées.

LA PRÉCIPITATION DES ENQUÊTEURS

Dès la découverte des corps de Hourria et Cassandre, le 29 juillet 2011 vers 2h30 du matin (heure locale), les enquêteurs sont dans la confusion et craignent que cette découverte macabre vienne entacher la solide réputation du site touristique de la province de Salta.

Ainsi, selon nos informations le juge en charge de l'instruction, Martin Pérez, a demandé la levée quasi-immédiate des corps, avant même l'expertise complète des lieux présumés du crime.

Les avocats de la défense parlent aussi de "pressions et de violences policières" à l'encontre des trois accusés, Santos Vera, Daniel Vilte et Gustavo Lasi.

L'enquête a aussi fait des dégâts au sein même de la police de Salta, avec le suicide du commissaire en charge de l'enquête, Nestor Piccolo, quelques mois après le double meurtre des étudiantes françaises.

Plus récemment on a appris la mort d'un témoin clef, Luis Sarmiento, dans des circonstances troubles.

En outre, des doutes persistent sur l'absence de traces ADN de deux des accusés, Santos Vera et Daniel Vilte, alors que pour l'avocat de Gustavo Lasi, les expertises ADN de son client sont "contradictoires" entre celles menées en Argentine puis celles réalisées en France.

LES TROIS ACCUSÉS

Tout commence par la saisie du portable, de l'appareil photo d'une des deux victimes et de l'arme présumée du crime, au domicile de Gustavo Lasi, guide touristique à Salta. Très rapidement, il racontera aux enquêteurs avoir "surpris", le 15 juillet 2011, Santos Vera et Gustavo Lasi en train d'agresser sexuellement les deux françaises sur ce chemin touristique de San Lorenzo.

Il aurait ainsi "participé" à l'agression mais affirmerait ne pas avoir participé au double meurtre.

Santos Clemente Vera, 31 ans, jardinier et Daniel Vilte, 24 ans, maçon, dans la même région, contrairement à Gustavo Lasi très apprécié de sa communauté et sans antécédent judiciaire, ont été décris comme "psychopathes" par les experts.

Les accusés Vera et Vilte se disent également innocents et présenteraient de solides alibis.

200 témoins vont être entendus par le tribunal de Salta dès le 25 mars et jusqu'au 16 mai 2014. Les audiences sont présidées par les juges Bernardo Antonio Ruiz, Carlos Hector Pucheta et Angel Amadeo Longarte.

Daniel Vilte sera défendu par Maître Marcelo Aranciaba, Santos Vera par maître Jose Vargas. Les avocats Matias Adet et Horacio Morales défendront Gustavo Lasi.

Quant aux familles de Cassande Bouvier et Houria Moumni elles sont représentées par maître Nicolas Durrieu, avec la participation des avocats Federico Rodriguez Spuch et Nicolas Ortiz.

LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS

Depuis le début de cette affaire en 2011, le gouvernement de Nicolas Sarkozy tout d'abord puis celui de François Hollande, ont à priori tout mis en oeuvre pour venir en aide aux familles de Cassandre et Houria. C'est d'ailleurs toujours la même priorité aujourd’hui selon nos informations.

Pour exemple, lors de chaque déplacement de Jean-Michel Bouvier, le père de Cassandre, l'ambassade française à Buenos Aires prend tout en charge, idem pour les autres membres des familles des victimes. C'était notamment le cas pour l'inauguration de la stèle en hommage aux françaises fin 2013.

L'ambassadeur français en Argentine, Jean-Michel Casa, était aussi sur place pour la cérémonie.

Deux services au sein du ministère des affaires étrangères gèrent ce type de situation - soutien aux familles, indemnisation, suivi social et diplomatique, coordination entre les ministères de la justice, des affaires étrangères, et les ambassades.

S'agissant du procès des trois meurtriers présumés prévu le 25 mars 2014, la France "coopère entièrement" avec la justice de Salta, via le ministère de la justice en France", précise une source diplomatique française au sein du ministère des affaires étrangères.

"Le gouvernement français veut que la justice passe et que les criminels quels qu’ils soient, puissent être punis. Il s'agit vraisemblablement d'un assassinat, un crime horrible qui a bouleversé les vies de deux familles, inconsolables, ainsi que les citoyens français".

Enfin, selon la même source diplomatique : "nous savons qu'il existe des zones d'ombre, des doutes dans cette affaire, mais le gouvernement français n'a pas à les commenter, la justice de Salta devra apporter des réponses claires, selon les éléments de l'enquête, une enquête que nous suivons à chaque instant".

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