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Her

Publié le 26 mars 2014 par Cinephileamateur
Her De : Spike Jonze.
Avec : Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams, Rooney Mara, Olivia Wilde, Chris Pratt, Matt Letscher, Portia Doubleday, Spike Jonze, Kristen Wiig, Sam Jaeger, Luka Jones...
Genre : Drame - Romance - Fantastique.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 06.
Date de sortie : 19 mars 2014.
Synopsis : Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…
Bande annonce française
"Faut être fou pour tomber amoureux. C'est une certaine forme de démence acceptée par la société."
5.0
Her
Avant de me diriger vers ma salle de cinéma pour voir "Her", j'étais plutôt confiant. J'avais pas spécialement vu de bandes annonces (et heureusement car pour les avoir vu après coup, elles en dévoilent beaucoup je trouve) et je trouvais pas l'affiche spécialement belle. Cependant, le synopsis avait attisé ma curiosité, j'avais envie de faire confiance au casting et les bons échos que j'en ai eu sans prendre en compte son Oscar et son Golden Globe du meilleur scénario m'ont poussé à aller voir ce film les yeux fermés.
Et j'ai plutôt bien fait car autant le dire tout de suite, ce long métrage à été un vrai coup de cœur pour moi. Dès les premières secondes de ce film, je suis rentré dans son sujet et je me suis laissé transporté par cet univers futuriste et rétro à la fois. J'ai littéralement adoré ce scénario écrit par Spike Jonze. L'ensemble est d'une finesse et d'une subtilité assez incroyable. Pourtant, quand on lis le synopsis, ce film avait tout pour être casse gueule mais le sujet s'avère être parfaitement maitrisé. C'est d'ailleurs tellement bien écrit que cette histoire qui semble abracadabrante nous apparait bizarrement comme extrêmement crédible.
En effet, jamais ridicule, j'ai beaucoup aimé le thème de cette intelligence artificielle qui va pouvoir se développer au contact de l'homme. Les discussions qu'ont les deux protagonistes font d'ailleurs fortement pensé à Siri, l’application de commande vocale d’Apple. Et si Siri existé sous une forme plus intelligente ? Serions nous capable de faire vivre des émotions, des sentiments dans une machine ? Jusqu'où sommes nous prêt à utiliser les nouvelles technologies ? Dans un futur qui ne semble pourtant pas si lointain, le film aborde le sujet de cette technologie avec beaucoup d'intelligence, pose les bonnes questions et reste cohérent de bout en bout avec son sujet.
Mais là où le scénario m'as bouleversé, là où il à vraiment su me parler et me toucher, c'est dans son deuxième thème à savoir celui de la solitude. Sans que je ne puisse expliquer pourquoi, je me suis énormément retrouver à travers le personnage de Theodore qui reflète à sa manière un mal de notre société, la solitude et la difficulté actuels des hommes à communiquer entre eux. C'est d'ailleurs assez intelligent là encore de voir le peu d'échanges qu'il y à dans ce récit entre deux personnes, chacun parlant plus avec des machines, créant des liens avec des machines. On va même jusqu'à utiliser ses machines pour écrire des lettres manuscrites dont on ne sera même pas l'auteur...
Cet aspect solitaire de la société m'as vraiment beaucoup plu. J'ai aimé cette quête intérieur d'un homme qui à beaucoup d'amour à donner mais qui ne sais pas comment le donner. Un homme qui fait mal sans le vouloir car il a dû mal à s'insérer dans cette société qu'il ne comprends plus trop, dans laquelle il semble être dépassé et qui va réapprendre à "respirer" et à vivre à travers sa relation ambiguë avec sa machine. Il y à quelque chose de très fort dans ce que vis et ressens notre héros principal et sans que je ne puisse l'expliquer avec mes mots, je me suis vraiment retrouvé dans sa détresse et sa volonté de vouloir bien faire sans toujours y arriver.
Le scénario regorge de tendresse. Il est extrêmement émouvant et en même temps, il réussi à ne jamais tomber dans le mélo graveleux ou la guimauve sans saveur. Il vise juste et tape là où il le faut sans forcément chercher une quelconque facilité. De plus, il y à une légère dose d'humour qui est fort présente et qui apporte une certaine bouffée d'oxygène dans cette histoire au final pas si simple d'accès. Dans ce que j'ai ressenti, dans ce que j'ai vécu en voyant ce film, il y à beaucoup de chose que je ne pourrais décrire avec précision et c'est une expérience que j'ai beaucoup aimé surtout que l'ensemble propose une mélancolie plutôt agréable et qui vise juste également.
C'est tout un pan de notre société actuelle qui y est dépeint avec beaucoup de justesse. Notre relation aux autres, l'amour, l'amitié, la famille, notre façon d'aborder la vie... Ce sont autant de petites choses que j'ai aimé vivre avec ce long métrage et qui fait que je ne me suis jamais ennuyé. Pourtant l'intrigue prends son temps pour se développer mais reste toujours efficace et même le final qui aurait pu être casse gueule s'avère très touchant et juste au point qu'on aurait eu du mal à voir une autre fin. Une fin ouverte qui nous ouvre un autre chemin, une autre quête et une autre réflexion sur nous même que j'ai apprécié.
Pour le principal de la distribution, Joaquin Phoenix en Theodore Twombly porte vraiment bien le film sur ses épaules. Très juste, il est vraiment remarquable dans la peau de son personnage. On le voit très bien dans la peau de Monsieur Tout-le-monde ce qui nous permet assez vite de pouvoir s'identifier à lui. Réussissant à mettre son charisme de côté, l'acteur nous livre une palette d'émotion en nous dépeignant un héros avec ses faiblesses mais sans jamais trop en faire. Même dans les excès de son personnages, dans ses dérives liés à sa solitude (comme la scène où il regarde une femme enceinte nue où qu'il va sur un chat pour avoir de la compagnie), le comédien n'est jamais ridicule. Il parvient à être touchant et on ne peut que sympathiser avec lui. Le fait de se concentrer principalement sur son rôle aide aussi mais sa performance est vraiment remarquable je trouve dans le sens où il ne force pas et donne vraiment bien vie à son personnage.
Puis il y à Scarlett Johansson en Samantha. J'ai vu le film en version originale (version que je recommande plus que chaleureusement ici) et je ne le regrette pas. On ne voit jamais l'actrice à l'écran mais elle livre elle aussi une interprétation tellement incroyable et tellement forte que tout comme le personnage de Theodore, on à l'impression que Samantha existe et se trouve à nos côtés. La voix douce et chaleureuse de la comédienne aide beaucoup à donner vie à son personnage, à la trouver touchante et à être émue aussi par son évolution et sa découverte des sentiments tout en ayant conscience qui lui manque quelque chose pour être un être humain à part entière. Le jeu vocal de l'actrice est en tout cas sublime je trouve au point que rien que pour ça, je ne pense pas redécouvrir ce film (que je reverrais très certainement) en version française un jour je pense. Son Prix d'interprétation féminine au festival de Rome ne me choque pas en tout cas car vraiment j'ai été épaté par sa "présence" vocale à l'écran.
Derrière, on nous dépeints un monde tellement associable où personne ne se parle que le reste de la distribution peut apparaître comme anecdotique. Pourtant, même pour le peu qu'on peux les voir, les rôles secondaires n'en restent pas moins tout aussi excellent à commencer par Amy Adams dans la peau de Amy que j'ai bien aimé. La relation amicale de son personnage avec celui de Theodore et les faiblesses communes entre eux qui peuvent apparaître m'as bien plu et m'as paru intéressant. C'est assez ironique d'ailleurs je trouve de voir ses personnages chercher une compagnie virtuelle alors que tout deux semble si complice. J'ai beaucoup aimé son interprétation en tout cas, elle n'en fait jamais trop elle non plus.
J'ai bien aimé aussi Rooney Mara en Catherine. On la voit peu mais son rôle est assez important. J'ai aimé aussi qu'on nous la montre sous un aspect sympathique. Ça permet de mieux comprendre le mal qu'à Theodore à faire le deuil de sa relation avec elle. L'actrice m'as en tout cas bien convaincu tout comme j'ai été convaincu par Olivia Wilde que l'on voit juste le temps d'une scène mais qui s'avère elle aussi être très touchante dans ce rôle de rencarts qui à aussi ses blessures mais qui ne parvient pourtant pas à plaire à Theodore qui se plonge toujours dans le virtuel. Cette peur de l'humain, cette peur de l'autre et cette volonté de se cacher derrière quelque chose de plus rassurant même si moins concret m'as plu. Là encore, c'est montré avec une certaine finesse je trouve.
Encore plus en retrait, le casting continue de jouer le jeu. Matt Letscher est peut être celui qui m'as le moins convaincu dans la peau de Charles mais ça ne m'as pas choqué et j'ai bien aimé Chris Pratt en Paul. De même, le temps d'une scène j'ai été très touché par Portia Doubleday dans le rôle d'Isabella, là aussi dans une scène qui avait tout pour être risible et qui au final dégage une très grande force. Et en parlant de force, pour valoriser encore plus la version originale, notons aussi au passage les excellentes apparitions vocales de Kristen Wiig pour la fille du chat ou encore celle de Spike Jonze lui même pour l'Alien du jeu vidéo toute deux très jouissive.
Derrière la caméra, de Spike Jonze je n'avais vu jusqu'à présent que "Dans la peau de John Malkovich" que j'avais déjà beaucoup aimé. Avec "Her", il confirme tout le bien que je pense de lui et me donne encore plus envie de me plonger davantage dans sa filmographie. Le cinéaste fait vraiment preuve d'une très grande maitrise dans l'utilisation de sa caméra. Sa réalisation est très fluide, très propre et c'est très agréable à regarder avec des plans très variés. Il à vraiment su exploiter toute la beauté de cet univers et donner une identité propre à ce film qui fait qu'il ne ressemble à aucun autre.
Malgré un rythme qui peut apparaitre comme un peu lent, le long métrage reste très dynamique avec un montage bien ficelé qui va à l'essentiel. On exploite ici tous les outils qui sont à notre disposition pour avoir à la fois une œuvre contemplative mais aussi poétique sans jamais être ennuyeux. Il y à une très grande beauté qui se dévoile de ce film, on ressens un peu la même mélancolie que le héros et on se laisse balader sans même se rendre compte du temps qui passe le tout avec beaucoup d'émotions. L'ambiance générale y est vraiment très plaisante.
Visuellement, c'est vraiment parfait. Le film n'abuse pas d'effets visuels et nous offre un mélange assez intéressant entre un monde très futuriste mais aussi très rétro à la fois. Ce mélange de futur et des années 30 avec ses couleurs chaudes, la moustache et les tenues bien particulières des différents protagonistes nous offre un mélange savoureux qui contribue aussi à donner au film sa propre âme. J'ai aimé le fait que le long métrage n'abuse pas d'effets spéciaux tape à l’œil. D'ailleurs, hormis une ou deux petites choses, les effets spéciaux semblent étrangement quasiment absent ce qui nous permet là encore de nous plonger encore plus facilement dans cette intrigue.
Les décors sont en tout cas très bien maitrisé tout comme les différents costumes qui collent bien avec le caractère des personnages. Le choix des textures, des couleurs etc etc tout m'as semblé parfaitement bien pensé et choisi de manière très judicieuse. Aucun détail ne semble avoir été laissé au hasard, tout semble être à sa place et maitrisé avec là encore aucune surenchère. C'est jamais risible, toujours très juste. La photographie est elle aussi sublime tout comme l'exploitation de cette lumière naturelle qui donne un vrai plus au film.
Quant à la bande originale composée par Arcade Fire, cerise sur le gâteau, elle est elle aussi incroyable. J'aimais déjà beaucoup ce groupe avant de découvrir ce film mais leur musique semble être une évidence pour ce long métrage tant chaque mélodie semble collé à la perfection. Je comprends en tout cas la nomination à l'Oscar pour la meilleure chanson et la meilleure musique. Cette musique contribue vraiment bien à l'atmosphère générale du film et lui apporte aussi son lyrisme. C'est un réel bonheur de s'évader en musique dans ce film grâce à cette très belle composition.
Pour résumer, je me doutais que j'allais passer un bon moment devant "Her" mais je ne me doutais pas que je me prendrais une telle claque. Ce film s'est avéré être pour moi une vraie surprise, une vraie poésie cinématographique qui me parle énormément. J'ai été transporté du début jusqu'à la fin par ce film bouleversant et émouvant dont la finesse du scénario est parfaitement mis en valeur avec une mise en scène sublime et une bande originale tout aussi efficace le tout avec une distribution excellente toute en sobriété. Œuvre visuelle, le film se savoure aussi énormément à l'oreille, c'est pour cela que je recommande très fortement la version originale mais en tout cas à n'en pas douter ce film fera parti de ceux qui marqueront mon année 2014. Je le reverrais avec un très grand plaisir et je le recommande très chaleureusement. Le genre de film mélancolique qui fait du bien à voir, le genre de film qui nous fait aimer le cinéma parce qu'il joue avec nos émotions et qu'il sait viser juste. Un très gros coup de cœur pour moi.
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