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L’annexion de la Crimée est-elle vraiment une annexion ?

Publié le 26 mars 2014 par Philippejandrok

VladimirPutinNewYear2012-2.pngPeut-être devrions nous resituer le débat : Nous avons cette fâcheuse tendance à oublier que la Crimée est une porte ouverte sur la Mer Noire où la flotte russe depuis le XVIIIe siècle se trouve attachée au port de Sebastopol. Sa population est constituée de plusieurs ethnies, dont, 60% de Russes, moitié moins d’Ukrainiens, et assez peu de Tatars et de Biélorusses…

La Crimée 

La Russie avait donc une certaine forme de légitimité à prendre possession de cette péninsule, légitimité contestée par le monde aujourd’hui et pourtant, je me demande bien quelle était la légitimité d’intégrer Mayotte à la France ? Une Ile, près des côtes africaines, à des milliers de kilomètres de la métropole ? Le lien culturel qui nous unie à Mayotte, n’a rien de comparable aux liens qui unissent la Russie à la Crimée pour les Russes, c’est donc une prise de position logique pour garantir la sécurité du territoire face à des envahisseurs venant d’Orient et surtout d’Occident, et le premier étant la Turquie, qui oscille entre deux mondes, l’Orient et l’Occident, l’Islam et les Etats-Unis. N’oublions pas qu’au moins trois bases militaires américaines à Diyarbakir, Incirlik et Izmir, se trouvent actuellement sur le sol Turc pour veiller à la surveillance des pays du Golf, mais surtout sur l’Iran et Israël et les pays qui se trouvent au bord de la Mer Noire, dont la Crimée et surtout, la Russie.

C’est donc un triple enjeu :

  1. géostratégique
  2. territorial et ethnique
  3. religieux

Notre perception extérieure nous pousse à penser que les Russes sont des monstres, je précise que ce ne sont pas des saints lorsqu’ils pratiquent une telle annexion, lorsqu’ils renforcent le pouvoir Ukrainien contre les révoltes populaires, certainement justifiées de la part des Ukrainiens modérés qui réclament plus de liberté et une séparation avec le grand frère russe, pour rejoindre une Europe « Démocratique ».

Ce que les Ukrainiens semblent ignorer, c’est que la corruption qu’ils pointent du doigt dans leur pays, se retrouve dans les pays européens, cachée sous le vernis de la démocratie, à tous les échelons.

En France, nous sommes émus par le combat de cette nation pour gagner son indépendance, c’est une émotion historique qui nous ramène à la Révolution Française, mais à nouveau, on peut se poser la question en jetant un regard sur le printemps arabe, fomenté par certaines puissances occidentales pour déstabiliser et orienter un contrôle de ces pays, ne serait-ce pas la même farce de liberté que l’on nous joue en Ukraine, en Crimée ?

Un combat Est / Ouest

La plus grande « démocratie » du monde ne cesse de développer une attitude expansionniste pour obtenir le contrôle de la population mondiale par tous les moyens, culturels, commerciaux et militaires, tous les chefs de gouvernement européen le savent, c’est pourquoi, et ce, depuis De Gaulle, qu'il existe cette forte volonté des Français de construire une Europe solide pour faire face à la plus grande puissance de l’Ouest, mais peut-on seulement résister ? Sans les Russes, la chose parait difficile, mais les Russes ont des valeurs que nous avons perdues et ils ne tolèrent pas cette perversion de l’Occident qui sépare l’homme de ses valeurs profondes, de sa nation.

Les russes refusent d’emblée les idées dont la morale s’oppose à leurs croyances, leur intolérances face aux Gays est féroce, face à l’Islam, c’est encore pire, face aux Africains, qui témoignent de leurs souffrances au quotidien lorsqu’ils font leurs études en Russie.

Les Russes, comme les Serbes, se considèrent comme le dernier rempart à l’avancée de l’Islam en Occident, comme au Moyen-âge en Transylvanie, en Pologne, en Ukraine, les paysans soldats avaient le devoir de défendre les frontières contre les Ottomans ?

La Russie, même privée de christianisme durant près de 72 ans, dès la déclaration de la fin de la dictature communiste, les Russes ont immédiatement réintégrés les églises et réintroduit les Popes orthodoxes, aujourd’hui, nous obtenons un mélange de Russes ex communistes, chrétiens fervents, qui admirent Nicolas II et Alexandra, Staline et Poutine, et qui, comme des siècles auparavant, sont amoureux de la « Mère Patrie », de sa culture - au combien remarquable -, et de sa terre qui est le sang du peuple.

Les Russes sont disposés à mourir pour la Russie, ils sont nationalistes et défendent leur pays avec ferveur et passion, les Français sont-ils aussi investis dans la défense des valeurs de la France et de la République ? Je crains que non. Les Ukrainiens, sont également disposés à mourir pour défendre leur intégrité, leur identité ukrainienne.

Les divisions partisanes en France

Les divisions partisanes (UMP, PS, FN) les clans et les familles politiques aux pratiques mafieuses ont fini par détruire le sentiment d’une appartenance nationale en France, ils ne font que séparer un peuple qui n’a plus de repères, qui ne veut plus voter, cette corruption que l’on retrouve dans presque tous les pays, sauf au Danemark et en Suède qui sont les pays du monde où l’on trouve le moins de corruption et le plus de démocratie, ces deux pays sont un exemple à suivre, mais la France est tellement corrompue, il suffit de voir les résultats aux Municipales pour prendre conscience que nous ne parviendrons jamais à unifier notre pays et la nation qui s’y attache, tant que les partis diviseront la nation.

L'Ukraine déchirée

De leur côté, les Ukrainiens pro-européens et pro-russes se déchirent au point de se retrouver au bord de la guerre civile, d’un côté les pro-russes, de l’autre, « les fascistes » (ce que disent les Russes et les nationalistes Ukrainiens) pro-européens, qui a raison, qui a tort ?

De notre point de vue, les pro-russes sont contre la démocratie, mais que savons nous exactement des conditions de cette Ukraine ; de l’autre côté, les pro-Européen veulent un ralliement à l’Europe qui impliquerait une entrée de la zone Euro, avec une impossibilité de souscrire aux conditions financières et économiques, tout en créant une véritable inflation dans le pays, car en dehors du blé pollué de Tchernobyl, qu’est-ce que l’Ukraine pourrait apporter à l’Europe pour le moment ?

C’est justement la bonne question à se poser, mais pour cela, il faut analyser la situation sans la moindre passion.

Cette condition d’oppression insupportable, cette impossibilité de quitter le territoire pour aller voir ailleurs, pour matérialiser les images distribuées par internet, pour découvrir les plaisirs de l’Occident, voilà ce que les pro-européens ne supportent plus de ne pouvoir faire, et ils  rêvent à un autre avenir, meilleur car, bien évidemment, l’herbe est plus verte ailleurs, toujours plus, certainement, mais cette verdure est souvent une illusion, un mirage provoquant l’hallucination de la liberté d’être et de penser.

De l’autre côté, les pro-russes sont des conservateurs qui veulent pérenniser l’histoire Russe, alors que l’histoire n’a donné l’Ukraine à la Russie que depuis le XXe siècle, avant cela, celle-ci appartenait à l’Empire Austro-Hongrois depuis 1867 qui rassemblait autour de lui, nombre de nations aux langues et aux cultures différentes. L’Ukraine qui a été ballotée tantôt entre le Royaume Khazar, la Pologne, Moscou, la Lituanie, l’Empire Ottoman en Crimée au XVe siècle…

Une richesse en terres agricoles infinie

La richesse des terres Ukrainiennes a toujours été un motif de conquêtes et ce que nous avons du mal à réaliser, c’est la superficie d’un tel pays, à lui seul, il est aussi grand que l’Europe, c’est donc un enjeu formidable pour les puissances occidentales et les multinationales qui sont à la recherche de terres pour imposer un mode d’exploitation contre nature, comme l’agriculture transgénique, soit disant plus productive alors qu’elle détruit les sols et l’humain. Il suffit de voir un paysan épandre des pesticides sur son champ, vêtu d’une combinaison de cosmonaute pour ne pas être intoxiqué, si c’était si bon pour la santé, pourquoi serait-il vêtu de la sorte ? Et si les produits épandus sont si toxiques pour l’humain, les légumes, les céréales qui les absorbent les auraient-ils éliminés ?

Pour nous qui les mangeons, ont-ils disparu ?

Se sont il évaporés comme par enchantement ?

Et on se demande pourquoi les gens ont de plus en plus de cancers ?

Actuellement, nous voyons deux monstres en Ukraine, Poutine et les anti Poutine, alors qu’en fait, nous devrions y voir le bloc Russe de l’Est et le bloc Occidental de l’Ouest.  Poutine ne veut rien lâcher et si l’on parvient à se détacher du fond et de la passion, on peut comprendre que pour la Russie, l’Ukraine est un levier qu’elle n’acceptera de perdre sous aucun prétexte, même au prix de milliers de vies, et si l’Ukraine passait à l’Ouest, cela marquerait la fin de la Russie, car les puissances Occidentales permettraient à l’Ukraine de devenir la plateforme des grands groupes économiques capitalistes le plus à l’Est, et cela, Poutine ne peut pas l’accepter.

Il ne s’agit pas seulement en Ukraine d’un combat d’idées, mais de la survie de peuples et de nations face à ce qui nous ronge déjà en France et en Europe, il suffit de voir comment les lois européennes sur l’agriculture favorisent les OGM au détriment des cultures saines et vivrières qui sont plus rentables économiquement et écologiquement que les cultures OGM qui ont déjà gagné 30% de la production céréalière dans le monde.

Il ne faut jamais se limiter à la surface des choses, aux apparences qui se révèlent parfois trompeuses, il faut être capable de voir au-delà et surtout, sans passion.

L’humain ne compte pas dans ces enjeux économico politiques, il n’est que le prétexte, ce qui est regrettable, car ces hommes et ces femmes se sacrifient aujourd’hui pour un idéal, une idée de la liberté, qui lorsqu’elle se présentera, sera plus décevante que ces combattants de la liberté l’imaginent.

Une situation européenne à ne pas envier

En France, notre liberté nous a mené à la banqueroute, dans les pays de l’Est, c’est le communisme qui les a mené à la banqueroute, et aujourd’hui, nous voilà prisonniers d’un système économique pervers qui valorise d’avantage la Bourse que l’humain. Hier, on jugeait à New-York les assistants de Bernard Madoff pour complicité de fraude, qui, pendant 40 ans, ont berné et escroqué les investisseurs du monde entier jusqu'à la catastrophe de 2008.

Est-ce, ce monde là que nous voulons, un monde où la valeur boursière vaut plus que la vie d'un paysan Indien, qu'un être humain ?

D’un point de vue humanitaire, nul doute que ce qui se déroule actuellement en Ukraine est une honte, d’un point de vue politique, c’est une manipulation qui nous échappe, et nous jugeons Poutine alors qu’il a peut-être des circonstance atténuantes en raison de la politique d’expansion forcée, pratiquée par les grandes nations Occidentales.

À nouveau, nul ne peut observer un événement sans faire de projection sur l’avenir et sur les projets économiques et agricoles qui se présentent, sans se projeter dans l’avenir, on ne peut pas comprendre et l’on se contente d’observer et de juger, mais tout est lié.

La superficie de l’Ukraine, la richesse de ses terres agricoles, en fait un enjeu économique d’envergure, car l’or d’aujourd’hui, c’est la terre fertile d’Afrique, d’Inde, d’Ukraine.

Les grands groupes Occidentaux

Les grands groupes Occidentaux ont déjà acheté ces terres qu’ils louent aux paysans locaux qui travaillent pour nourrir le monde, alors que la famine gagne l’Inde, l’Afrique, mais l’Ukraine est une chasse gardée par la Russie, et depuis longtemps, et cette révolte populaire est fomenté par un ennemi venant de l’extérieur pour semer le chaos.

En reprenant la Crimée, Poutine bloque toute forme d'aide par voie maritime à l'Ukraine, mais il se protège également de toute intrusion Occidentale, c'est un choix politique, un choix stratégique.

Si Poutine est un homme dangereux, il a une vision protectrice pour des millions de russes, malgré son totalitarisme, il est le nouveau père de la Russie moderne, comme l’était Staline, « le petit père des peules » (affreux tyran) avant lui.

Le capitalisme à outrance détruit la société des hommes

Face à lui, un autre danger, le représentant de l’industrie pétrochimique qui refuse de signer les accords de Kyoto, qui empoisonne la planète en se justifiant par les marchés économiques et qui nous parle de rentabilité au lieu de nous parler de l’humain. Le président des USA est tout aussi dangereux, pour les intérêts économiques et militaires qu’il défend, ils sont d’ailleurs tous deux, à la tête d’un arsenal militaire nucléaire qui peut faire exploser la planète en quelques secondes, nous devons, avant de juger, analyser posément la situation et ne pas tirer de conclusions passionnelles.

En souhaitant pratiquer des sanctions en direction de la Russie, nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis ; Que l’on n’oublie jamais que si la Corée du Nord est si pauvre, c’est également à cause du blocus décidé par les USA pour contrer le communisme Chinois, et bien, les Occidentaux sont parvenus à créer une nation misérable, mais au combien dangereuse, car détentrice de l’arme nucléaire, et qui s’est retirée du Traité sur la non prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2003 et qui, depuis 1989, développe des recherches clandestinement en ce domaine au point de pratiquer le premier essai nucléaire Nord Coréen le 9 octobre 2006, le second en 2009 et enfin le troisième en 2013, une nation bien disposée à se servir de cette bombe, poussée à cela par les puissances de l’Occident, un chantage est actuellement pratiqué par les Nord Coréens afin de bénéficier de denrées et de matériel dont ils ne disposent pas.

Nous nous inquiétons pour l’Ukraine et la Russie, alors que les enjeux sont encore plus importants pour un pays frontalier de la Russie, la Corée du Nord, qui elle, n’hésitera pas un seul instant à tout faire péter si on ne l’aide pas :

- « quitte à crever, autant ne pas crever seule ».

Alors, qui a raison et qui a tort, personnellement je ne sais pas et je crois que nous devrions, avant de nous lancer dans des considérations haineuses, reprendre le sujet dans sa globalité. Certains trouveront cette note complètement farfelue, d’autres ouvriront peut-être les yeux sur une politique internationale basée uniquement sur le pillage de richesses pour servir les intérêts d’un petit nombre.

En attendant, ne nous laissons pas influencer par les médias et tentons d’y voir clair en étalant sur une table toutes les pièces du dossier.

Nous vivons une époque formidiable…


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