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[Critique] Her

Publié le 26 mars 2014 par Pauline R. @Carnetscritique

de Spike Jonze. 

Sorti le 19 février 2014.

[Critique] Her

            Dans un monde futuriste, à commande vocale et où les lumières s’allument toutes seules, Theodore (Joaquim Phoenix) est seul. Il passe ses journées à écrire –vocalement ! – des lettres commandées par ses clients pour des occasions diverses (anniversaire, déclaration d’amour, etc…). Mais il reste seul dans son appartement, à jouer –seul- à des jeux vidéos qui semblent tout droit sortis des fantasmes des programmateurs de jeux. Dans cet océan de solitude, Theodore tombe amoureux de l’application « de compagnie » qu’il achète pour remplir sa vie. Il la configure sommairement, puis l’application, nommée Samantha (Scarlett Johanson), évolue au fil de leurs conversations, que Theodore suit à travers une oreillette presque toujours vissée à son oreille. Tout d’abord confidente, Samantha devient beaucoup plus dans la vie de cet homme.

  Spike Jonze crée un univers graphique très particulier. Los Angeles n’est que buildings. Dans les appartements, sortes de cases de couleurs pastels, vivent des gens ultra connectés de plus en plus incapables d’avoir une vraie relation (amoureuse ou amicale) et qui, au final, ne perçoivent plus le monde dans lequel ils vivent. Joaquim Phoenix est cadré en gros plan dès qu’il converse avec Samantha. Il a d’ailleurs rarement été aussi beau et aussi bien filmé. Toutes les émotions passent sur son visage. La voix de Scarlett Johanson, qu’on entend durant tout le film, prend corps grâce aux expressions, aux sentiments exprimés par l’acteur. L’actrice quant à elle, signe une énorme performance, parvenant à jouer dans l’imagination du spectateur (mas aussi de la spectatrice !) avec finesse, tant sa voix est sensible, hésitante ou rieuse. C’est l’anti HAL 9000 de 2001 l’Odyssée de l’espace ! Inutile de dire que le son est essentiel et nous englobe constamment, alors que la musique des Arcades Fire ponctue le film. Le spectateur est constamment actif et inclus dans la relation.

       Her traite, certes, de l’histoire d’amour entre un homme et une conscience dématérialisée, mais il est surtout question de la difficulté qu’éprouve Theodore quand il doit s’engager. Tout se mélange pour lui : sa vie, ses mails, les jeux vidéo et Samantha. C’est la vie virtuelle par excellence. Pour nous spectateurs, difficile dans un premier temps d’accepter cette relation, qui pourtant rend Theodore heureux, même sexuellement (vive le sexe par téléphone !). Jusqu’à ce que, par certains aménagements, il intègre l’application dans sa vie de tous les jours, ses balades et même à ses repas entre amis. Caméra embarquée, oreillette supplémentaire, tout est mis en place pour intégrer Samantha dans la vie concrète. Dès lors, Theodore et Samantha vivent une relation de couple, avec « quelques » aménagements pour leur vie sexuelle. On note à ce propos une séquence particulièrement forte de sexe vocal alors que l’écran de cinéma est noir pendant de longues secondes. On EST alors Theodore. Et homme ou femme, on ne peut pas ne rien ressentir ! L’imagination est poussée à son extrême, et dans cette séquence, Theodore n’est plus matérialisé. Et nous non plus ! Il rejoint Samantha dans sa dimension virtuelle. La relation est alors parfaitement pure. Mais tout couple, aussi heureux et virtuel soit-il, est fait de moments de joie intense, de disputes, de conversations contradictoires, de choix et de concessions. C’est la dure réalité que Theodore doit affronter. La photographie, si lumineuse et claire dans les séquences qui montrent les souvenirs de Theodore dans la première partie du film, s’uniformise peu à peu. Le contraste était évident entre les séquences du passé et du présent de Theodore. Dans la seconde partie, adieu les souvenirs d’une ancienne vie amoureuse, c’est la relation actuelle qui prend la place, grâce, en partie, aux couleurs de l’image.

         Spike Jonze signe à n’en pas douter un grand film, très maîtrisé techniquement,  basé sur un concept totalement nouveau et deux excellentes performances d’acteurs. Les quelques longueurs du film se font vite oubliées tant on est happé dans cette univers particuliers, virtuel et aseptisé.

                              Pauline R.

[Critique] Her

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