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Yellow birds de Kevin Powers en poche !

Par Theoma

Yellow Birds

Kevin Powers est né à Richmond, en Virginie, États-Unis. Diplômé en littérature, il a eu une bourse en poésie auprès de l'Université d'Austin, au Texas. Il s'est enrôlé dans l'armée des États-Unis et a combattu en Irak en 2004 et 2005.

De cette présentation de l'auteur, deux mots m'ont attirée : poésie et armée. Sauf erreur de ma part, Kevin Powers ne me semblait pas avoir le profil standard, s'il existe, des soldats qui se sont engagés en Irak. Le billet de Sandrine a fini par m'achever.

Je n'arrive pas à croire qu'il s'agit d'un premier roman. Qui plus est sur la guerre. Kevin Powers a évité tous les écueils. De nombreux passages sont d'une grande force. Ils sont amenés par petites touches, sans démonstration ni militantisme. Le ton est dénué d'aigreur, la plume est teintée de mélancolie. Les pages sont hantées par le spectre de la mort. Le lecteur ressent même les odeurs du carnage.

La difficulté du retour, la recherche de sens, la relation à l'existence, le système défaillant, le dénuement face au tumulte du monde. Comment reprendre sa vie alors que plus rien ne sera comme avant ? Comment assumer la responsabilité de ses actes ? Faire le deuil des amis perdus et de celui que l'on ne sera jamais plus. Intense, exigeant, légitime, un roman contemporain incontournable.

Le livre de poche, 240 pages, 2014, traduit de l'anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson

Prix littéraire Le Monde 2013

Prix du meilleur premier roman étranger Lire 2013

Extraits

« Il y a des gens qui ne s'en sortent pas. Tu ferais bien de t'habituer à l'idée que Murph est un homme mort. »

Je n'en croyais pas mes oreilles. « Mais non, sergent. Il va se ressaisir. » J'essayais de rigoler, et ajoutai, « Il va rien lui arriver, il est solide. »

Sterling sculptait des animaux dans un manche de hache cassé à l'abri sous quelques branches d'arbre.

« Soldat, tu oublies le danger, parce qu'il est constant ici. » Il marqua une pause et s'alluma une cigarette. Elle pendait entre ses lèvres et la cendre s'allongeait tandis qu'il continuait de tailler. « Mais si tu rentres aux États-Unis dans ta tête avant que tes fesses soient là-bas aussi, tu es un putain d'homme mort. Je te le dis. Tu ne sais pas où Murph est parti, mais moi je le sais.

Où Sergent ?

Murph est rentré, Bartle. Et il va rentrer, oui, mais avec un drapeau dans le cul, et fissa. »

« J'étais devenu une espèce d’infirme. Ils étaient mes amis, n'est ce pas ? Pourquoi ne pouvais-je tout simplement pas nager à leur rencontre ? Qu'est ce que je leur dirais ? « Hé, comment ça va ? » s’exclameraient-ils en me voyant. Et je répondrais, « J'ai l'impression que quelque chose me bouffe de l'intérieur et je ne peux rien dire à personne parce que tout le monde est si reconnaissant envers moi ; je me sentirais trop ingrat si je me plaignais de quoi que ce soit. » Ou un truc du genre, « Je ne mérite la gratitude de personne, et en vérité les gens devraient me détester à cause de ce que j'ai fait, mais tout le monde s'en fout de ce que j'ai fait, mais le tout le monde m'adore et ça me rend fou ».



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