Magazine Sport

TRAIL World Tour, Via de la Plata: étape 2: la belle Sierra Norte

Publié le 30 mars 2014 par Sylvainbazin


Je vous ecris de El Real de la Jara, un joli village tout blanc, typique de l'Andalousie ou je suis arrive tout a l'heure après une belle balade d'un peu moins de cinquante kilometres.
Une balade qui a commence assez tôt. J'ai en effet mieux dormi que je ne le craignais au depart: les ronflements (germaniques bien sur mais aussi espagnols, il faut bien le dire) du dortoir bonde de Castillo Blanco etaient finalement supportables et j'ai pu voler quelques heures de sommeil. Mais c'est tres tôt, sept heures qui en font six avec le changement d'heure, des potron minet donc, que tout ce beau monde s'est gentiment mis a bouger. Moi aussi, du coup. Comme l'auberge met tout le monde dehors a huit heure, pas bien le choix non plus.
Dehors, un jour tres timide perce a peine d'une brume compacte. Avec l'une des dames d'Aix en Provence, nous desesperont de trouver un cafe ouvert dans le village desert quand finalement, a la sortie, un etablissement nous montre une lumiere allumee. Les autres pelerins sont pour la plupart déjà a linterieur.
Un cafe et un jus d'orange plus tard, je reprends donc le chemin dans un brouillard ouate. Le temps de doubler mes compagnons de chambree, deux groupes d'allemands puis un grand espagnol qui ne s'est pas arrete dejeuner, et me voilà seul dans la campagne.
Le camino suit pour l'instant une route et l'ambiance brumeuse n'est pas forcement plus desagreable, pour y courir et y marcher, qu'un soleil brulant. C'est assez vallonne déjà et j'alterne petit trot et grands pas. La forme est bonne et bientôt mes pensees s'envolent dans ce decor fantasmagorique.
J'aimerai que certains des souvenirs qui hantent ma memoire s'evanouissent de ma memoire comme la silhouette des arbres s'efface dans ce brouillard epais. Deceptions sentimentales, tromperies amoureuses et ruptures amicales qui reviennent trop souvent a mon esprit. Mais ce matin, pourtant, dans ce decor brumeux qui me rappelle une etape de ma via francigena dans le Nord (de la France), mon humeur est plutot joyeuse. Mes jambes me portent bien et je suis heureux d'etre sur ce chemin.
Ces grands chemins, j'apprecie d'y etre car ils sont devenus mes terrains d'expression preferes. Je n'y vois pas une fuite, mais une recherche et une creation. C'est aussi pour cela que je veux conserver un debut et une fin a chacun de mes voyages a pied, une direction et une distance. Je sens trop comme un risque, pour quelqu un comme moi, de tomber, comme je l'observe chez d'autres "baroudeurs" dans le voyage sans fin, ni but, du type "je pars quatre ans autour du monde". C'est peut-etre beau mais j'y vois aussi un risque de non-retour. Or le voyage sans retour, tout le monde sait de quoi il est analogie. Je veux garder un sens a mes perigrinations, donner un sens a mon chemin.
Mais je vous disais que dans la brume epaisse, j'etais plutot d'humeur guillerette, repassant en revue, dans ma tete, mon repertoire personnel de chansons du moment, en un melting pote assez varie, je dois le reconnaitre.
Je trottine ainsi agreablement le ruban de bitume, passablement deserte des automobiles d'ailleurs, pour me retrouver finalement a l'entree du parc national de la Sierra del Norte qui sera le theatre du reste de ma randonnee aujourd hui.
La, le chemin devient tres agreable et le decor enchanteur. Le soleil a en prim e la bonne idee de percer enfin, timidement, le gros rideau nuageux.
Je parcours dans une belle lumiere le sentier borde de chenes lieges, dont les troncs ressemblent a des moutons tondus. Des moutons, des chevres et des cochons, j'en croiserai aussi, en bon nombre, tout au long de ma belle balade.
Une balade tout de même bien pimentee par de belles montees et descentes, une sierra n'etant pas plate par definition. Le decor me plait beaucoup, c'est tres bucolique: je double des fermes, des champs d'olivier, des troupeaux des differentes betes citees plus hauts. Beaucoup de portails a ouvrir puis a refermer, des fois que la fantaisie prendrait a un cochon d'aller faire un tour hors de sa propriete. Quelques toutounes aussi qui aboient, pour la forme car ils ne semblent pas bien mechants et doivent avoir l'habitude de voir passer des pelerins, a mon passage.
Après une halte a Almaden, joli village tout blanc au pied dune belle descente, qui fut precedee d'une montee tout aussi belle mais qui doit etre bien dure l'ete, dans des roches ocres rouges qui me rappelle beaucoup l'Atlas, de l'autre cote de la mediterrannee (je dejeune a Almenden a cote d'une tablee tout aussi mediterraneenne: une douzaine d'homme, aucune femme!), je repars pour quinze autres bien agreables kilometres du même style. Mes rencontres seront toutes animales. Pas un etre humain, ni pelerin ni local, entre les villages. On est dimanche.
J'arrive assez tôt a mon etape du jour, ou je trouve une auberge plutot confortable (mais pas chauffee et il ne fait ps bien chaud!) ou je me repose tranquillement avant d'aller diner: pas de ronfleurs ce soir, je suis seul dans les lieux.  


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvainbazin 13085 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines