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Maisons closes cherchent interprètes en langue des signes

Publié le 01 avril 2014 par Stéphan @interpretelsf

Les problématiques liées à l’accessibilité se nichent parfois dans des endroits inattendus.

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Nous sommes à Poiskaï, en Belgique. Un pays qui, officiellement, condamne le racolage et le proxénétisme, mais tolère les maisons closes. Il existe même des taxes spécifiques pour ces établissements et des arrêtés municipaux précisant l’obligation de changer les draps à chaque client.

Dans la cuisine où les filles en peignoir fument et regardent la télé, les portables n’arrêtent pas de sonner. Ouvert depuis seulement quelques mois, cette villa, qui compte huit chambres à thèmes (jacuzzi, donjon, gang-bang, Dracula, sirènes du Pacifique…), ne désemplit pas.

Rien que de très banal. Sauf que depuis le 1er avril, un décret oblige les propriétaires de ces instituts à les rendre accessibles à toute personne handicapée, sourds compris.

C’est le journal "Le Temps de Bruxelles" qui nous révèle cette surprenante information : "dorénavant, les maisons closes devront être accessibles à toutes les personnes en situation de handicap. Des rampes d’accès ont été installées à la va-vite pour les fauteuils roulants, les tarifs des prestations sexuelles sont disponibles en braille et plus étonnant, des interprètes en langue des signes seront mis à la disposition des clients sourds."

Comme le reconnaît Gérard Saumon, le patron du club "Les Vagues de Plaisir", "jusqu’à présent nos clients malentendants avaient des difficultés à expliquer leurs désirs, leurs fantasmes à mes filles. Ils devaient généralement se contenter d’une fellation et de la position du missionnaire. Pendant l’acte sexuel on peut difficilement lire sur les lèvres, la communication est limitée, il y a de nombreux malentendus, on ne comprend pas ce qu’ils veulent, c’est frustrant pour tout le monde. Il n’y avait aucun préliminaire, pas de contact autre que purement sexuel. Dorénavant un interprète diplômé sera installé dans la chambre afin de permettre aux deux amants d’échanger, de se parler, de se comprendre." 

Placé sur une estrade au pied du lit et grâce à une veilleuse allumée en permanence, mon ou ma collègue pourra traduire les signes du client expliquant ses fantasmes, ses envies, ses manies sexuelles, et inversement, il interprètera en langue des signes les remarques, les questions de la prostituée voir les ordres si le couple se trouve dans la chambre sado-maso.

Aux critiques qui ne tarderont pas à fleurir, on pourra rétorquer qu’on parle toujours d’accessibilité pour les grands événements, les interviews présidentielles, les journaux télévisés mais jamais pour les plaisirs privés. Or pourquoi le plaisir, la jouissance ne devrait pas être accessible au plus grand nombre ?

Seule inconnue : les interprètes langue des signes devront-ils également traduire les cris "oh ! ah ! hum !" que pourraient pousser les filles pour encourager le client sourd et indiquer l’intensité de leur plaisir ?



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