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Jack Seps

Publié le 01 avril 2014 par Chroniquemusicale @chronikmusicale

Jack SepsCette semaine est particulière. Mon frère Jack Seps sort officiellement deux morceaux sur la toile. Pas de maison de disque ni de label, do it yourself, avec l’énergie du désespoir, la fougue de l’artisan, la joie du désintérêt. Depuis plusieurs années, le frérot bosse ses textes, cherche de la matière musicale dans les brocantes et chez les disquaires (et partout ailleurs), fait des rencontres.

Par nos liens familiaux, j’ai évidemment eu la chance d’entendre avant tout le monde des bouts de textes, la pose d’un flow, l’intérêt d’une boucle, et toutes les interrogations à leur propos, et toutes les interminables discussions sur mon lit au cours de nuits blanches mémorables et passionnées. Bref, aujourd’hui est à marquer d’un Francis Blanche. Deux faces B, et basta ! Démerdez-vous avec ça. Je chronique en toute subjectivité. Fin Du Springtime est une sorte d’entrée en matière, histoire de décliner son identité, ses goûts, ses centres d’intérêts. Rappé sur le pétillant désuet Springtime du Klub des Loosers (sur Spring Tales, 2010), le morceau est court, un 16 mesures dans tout ce qu’il a de plus traditionnel, mais foutrement efficace, alternant les phases techniques et complexes, et les phases plus cools, posées. Un titre qui rappelle, dans l’imaginaire, le morceau La Ville En Juin, de L’Atelier (2003), un titre tout en rondeur mais contenant, de manière plus ou moins feutrée, des phases plus sombres. Comme Super Mario est une mise en musique 8 bits d’un vieux texte, un 16 mesures également. La production est signée Hirokazu Tanaka, composition réalisée pour ce jeu qui a bercé toute notre enfance (et qui continue), Dr Mario (1990). Jack, tant sur le plan des textes que sur celui du flow, convoque tour à tour la scène TTC, Delleck, Fuzati, La Caution, Octobre Rouge, etc.

Evidemment, son art, comme souvent, est un syncrétisme, et son originalité se perçoit dans l’affranchissement de ces figures tutélaires, dans l’affirmation d’une liberté et d’une singularité dans les références. Jack nous dit clairement : « je suis un gamin des eighties, souvent affreuses à première vue (les fringues, la musique, le cinoche), mais qui renferment finalement, en tout cas pour ceux qui y ont vu le jour, une indéniable et inépuisable source de pop culture façonnant, qu’on le veuille ou non, notre imaginaire. » Aussi, Jack nous lance cet appel discret : à première vue un mec cool, généreux et propre, je peux exploser à tout moment, même sur le thème de l’arrivée de l’été ! Je suis vivant, je suis un être humain, dans tout ce qu’il a de plus pur, mais aussi dans tout ce qu’il de plus sale. « Mon cerveau ce putain de détraque / Je frôle la crise de nerf / Une crise colérique digne d’un nerd ». Folie latente, folie normale. Honnête et humble. « Non, j’fonce et plonge dans l’étrangeté de mes songes » Complexe. Un bâtard sensible : « Non, c’est juste une carapace pour pas que l’amour me rattrape ». Je lui tire mon chapeau concernant la diction, il y en a en effet peu qui sont capables de balancer autant de mots en si peu de temps, de façon plus ou moins harmonieuse sans perdre en clarté (Grems et Julien Lepers, en gros). Cette diction claire rend simple son propos, mais cache une certaine complexité (encore), sur le fond comme sur la forme. Les allitérations, les rimes multisyllabiques, les figures de style, tout est maîtrisé.

Cessons-là tout superflu verbiage, tout vain babillage, tout inutile agiotage, place à la musique. De toute façon, l’avenir appartient à Jack Seps. Nous aurons l’occasion d’en reparler. En toute subjectivité.

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Informations complémentaires

  • Artiste(s): Jack Seps
  • Label: Autoproduction
  • Date de sortie: Mars 2014
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