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La balade sauvage (Badlands)

Publié le 02 avril 2014 par Dukefleed
La balade sauvage (Badlands)Les rejetons de "Bonnie and Clyde"
Traité avec beaucoup de liberté, ce film est inspiré d’un fait divers ayant eu lieu en 1953. Deux jeunes amoureux avec 10 ans d’écart sont empêchés de vivre leur amour par le père de la toute jeune fille (15 ans dans le film). Refusant ce dictat, Kitt (le jeune garçon) va tuer le père de Holly dans un excès de colère et c’est la fuite en avant. Sur leur route, les cadavres tombent comme des mouches.C’est le tout premier film de Terrence Mallick ; deux autres suivront tout aussi encensés par la critique que celui-ci. Puis 20 ans s’écouleront avant qu’il ne repasse derrière la caméra. Dans ce road-movie, Mallick pose déjà les bases des particularités de son cinéma. Il démontre qu’il est un cinéaste majeur lorsqu’il s’agit de filmer les grands espaces. Sa photo est extrêmement travaillée, les plans dans ce film sont déjà souvent très artistiques. Son objectif est de faire de la nature un personnage à part entière, on retrouvera ce côté mystico-panthéiste dans tous ses autres films dans un crescendo conduisant au nauséeux « The tree of life » (Palme d’Or à Cannes en 2011). La nature, la faune et la flore sont souvent filmées en gros plans et sont toujours raccords avec les derniers événements ou l’état psychologique des personnages. Ceci donne un ton poétique et lyrique à ce road movie sanglant. Dans ce premier film, il joue aussi avec une musique douce en contre point avec les actes commis ; les voix intérieures (voix off) nonchalantes et détachées sont aussi une autre marque de fabrique que l’on retrouvera à nouveau chez Mallick.Succédant au très rythmé « Bonnie and Clyde » d’Arthur Penn, ce film prend à contre pied le style de ce dernier. Ici, les amoureux incarnent une forme d’innocence et leur trip est loin d’être sulfureux. Avec ce film, Terrence Mallick se démarque donc des road movie précédents (« Easy Rider » ou « Bonnie and Clyde ») et pose les bases des futurs films de Tarantino, Scott, Lynch (« Sailor et Lula », « True romance », « Tueurs nés » ; …). Ce film est un trait d’union entre deux générations. Qui mieux alors pour incarner ce tueur froid agité de Kitt que Martin Sheen. En le voyant dans ce film dégageant un tel magnétisme, on comprend aisément que 6 ans après Francis Ford Coppola ait pensé à lui pour « Apocalypse now ». Il incarne aussi une passerelle entre le James Dean de « Géant » et les héros des films des 90’s cités ci-dessus. Ce personnage tranche aussi fortement avec sa compagne Holly (Sissy Spacek) sur laquelle la violence coule.Et c’est bien là la limite majeure du film : un scénario trop improbable. Présenté ce couple de tueur (« couple », déjà le mot fait rire, tant ce couple fait terne au regard de « Bonnie and Clyde ») porté dans cet escapade insouciante par simple réponse au carcan social parait très naïve. Holly reste de marbre après le meurtre de son père ; çà aussi est stupéfiant. Elle suit Kitt qui semble lui paraitre comme fou par simple désœuvrement ; ce désœuvrement peut donc lui permettre d’accepter jusqu’au meurtre d’un père aimant. La violence sèche pourquoi pas, mais elle est carrément opaque ici ; aucune explication sociologique ou psychologique ne vient ponctuer ce drame.Mallick montre dans ce film ce qui va faire sa spécificité et constituer ses chefs d’œuvre suivants. C’est donc un bon premier film.
Sorti en 1975

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